Champigny, quatre-mâts barque, a été construit pour la société des long-courriers français dont le siège était à Paris, juste avant son frère en construction, Asnières, coulé le 2 janvier 1917 par la Moëwe (sujet dans le forum).
Forges et chantiers de la Méditerranée au Havre, lancé le 10 avril 1902.
3112 tjb, 2728 tjn, 3800 tpl, 95,10 x 13,75 m
Commandé par les capitaines Jacques Boju, J. Castex, Guerguin, P. Noël, Couédel, L.M. Malbert et F. Sevin.
A son neuvage, Champigny quitta Le Havre le 18 juin 1902 pour aller chercher du charbon à Penarth (Royaume-uni) à destination d'Honolulu, puis San Francisco, Melbourne, Newcastle, San Francisco et Swansea le 23 mars 1904. Un premier voyage de 21 mois.
Son neuvième voyage s'est terminé en juillet 1914.
Il attendra 1915 pour repartir :
12 mars 1915, arrivée à Tyne, départ le 28 avril
9 octobre, arrivée à San Francisco en 164 jours, départ le 18 novembre
6 avril 1916, arrivée à Falmouth en 140 jours.
Vendu à la société générale d' armement de Nantes.
Le 23 mai, le capitaine Louis-Marie Malbert embarque pour 12 mois et 3 jours, réalisant le 11 ème voyage, chargeant du charbon à Port Talbot, départ le 28 juin pour Antofagasta (Chili) où il arrive le 16 octobre, en 110 jours. Retour sur Bordeaux avec du nitrate, départ le 26 décembre 1916 et arrivée le 20 mai en 145 jours.
Malbert reste capitaine pour le 12 voyage,
Départ de Bordeaux le 4 septembre 1917 pour Melbourne en 117 jours pour y charger du blé, partant le 6 février 1918 et arrivant le 4 juin à San Francisco, en 118 jours.
Repart le 3 août pour Melbourne où il arrive le 15 octobre en 73 jours, repart le 30 novembre, de nouveau pour San Francisco où il arrive le 15 février 1919, en 77 jours (41 jours de moins qu'en 1918).
Le 22 février, Louis-Marie Malbert débarque, atteint par la grippe espagnole. C'est la fin du long-cours pour lui et on le retrouvera sur le remorqueur d'assistance Iroise à Brest, de 1924 à 1931 (sujet dans le forum). Champigny, est ramené à Saint Nazaire par le capitaine Sevin, quittant San Francisco le 28 mars 1919 et arrivant le 29 août , en 154 jours.
Champigny fera un treizième et dernier voyage, laborieux, escalant à Buenos Aires, Cape Town, Newcastle, Coquimbo, pour y charge du nitrate pour la Belgique.
Le 28 février 1922, comme nombre de grands voiliers rescapés de la Grande guerre, Champigny entre au canal de la Martinière pour y être désarmé.
Le 23 juillet 1923, Champigny est racheté par A/B Finska Skolskepperederiet (Lars Krogius, Mgr.) d'Helsingfors et devient Fennia, comme navire de charge et navire-école embarquant des cadets.
Fennia fait un tour du monde en 1923-1925, de Lorient à Ardrossan (Ecosse), en passant par le Nouveau Brunswick, l'Australie et le Chili, en transportant trois cargaisons.
Le voyage suivant, de 1925 à 1926 sera moins heureux, allant au Brésil, au Chili, en Australie, au Chili et en Europe. Un cadet sera perdu et il y a aura des pertes de voiles et des dégâts sur le pont.
Le 27 février 1927, Champigny, capitaine Christerson quitte les docks de Cardiff pour Valparaiso. Le 3 mai, il démâte partiellement dans un ouragan de force 10, dans l'Atlantique Sud, et parvient à se réfugier aux îles Malouines en y mouillant le 12 mai et en étant remorqué le 17 à Port Stanley. Ne pouvant être réparé sur place, le navire, dont la coque reste saine, est acheté par la compangie des îles Falkland pour servir d'entrepôt flottant.
En 1966, le directeur du Musée maritime de San Francisco, Karl Kortum, s''y intéresse et projette de le restaurer en navire musée.
Le 25 novembre 1967, l'ex Fennia quitte les Malouines en remorque du hollandais Oceaan pour Montevideo où il arrive le 3 décembre.
Le projet n'aboutira pas et après être passé entre plusieurs mains, Champigny sera démoli en 1977 à Paysandu, petit chantier sur l'Uruguay où il devait être restauré.
Le sort sera plus favorable à un autre des voiliers français transformés en voilier-école dans les pays nordiques, le trois-mâts Laënnec, sous le nom de Suomen Joutsen, est le seul grand voilier de construction française existant en 2014.
Sources : Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937.
Louis Lacroix, Les derniers cap-horniers, Imprimerie S. Pacteau, 1940.
Louis Lacroix, Les derniers pilotins de la voile, les voiliers-écoles, Imprimerie S. Pacteau, 1952.
Jean Randier, Grands voiliers français, Editions des quatre seigneurs, 1974.
Alan Villiers & Henri Picard, the bounty ships of France, PSL, 1972.
Henri Picard, La fin des cap-horniers, Edita-Vilo, 1976.
Harold A. Underhill, Sail training and cadet ships, Brown, Son & Ferguson, 1973.
Maldwin Drummond, Les grands voiliers écoles, EMOM, 1976.
Cordialement.


