Bonjour à tous
Mon grand-père, Régis Loron ( fantassin au 2ème RMA, 2ème Bataillon, 6ème Cie) , fut blessé le 3 octobre 1916 à Kénali (Macédoine)
Il m'a dit ensuite avoir fini la guerre dans un hôpital de la Côte d'Azur.
Mais j'aimerais savoir à quelle date et sur quel navire il a été rapatrié
Existe-t-il des listes des blessés transportés par navire hôpital ,pour cette période ( oct ,nov 1916)
Merci de votre aide
Cordialement
Louis Loron
listes des blessés ramenés de Salonique sur navires hopitaux ?
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Re: listes des blessés ramenés de Salonique sur navires hopitaux ?
Bonsoir,
Faute d'éléments très précis, il est fort malaisé de répondre à vos interrogations, et ce dans la mesure où 130 à 140.000 hommes pour le moins furent évacués par les navires-hôpitaux depuis Salonique vers Toulon, Bizerte, Alger et Alexandrie...
L'extrait de la thèse de médecine de Charles LE GOAER figurant ci-après vous permettra de mesurer l'ampleur de ces évacuations.
— Charles Louis LE GOAER, médecin de 2e classe de la Marine, né à Brest, le 6 juillet 1891 : « Rôle de la Marine dans l’évacuation des blessés et des malades pendant la dernière guerre (1914-1918) », thèse pour le doctorat de médecine, présentée et soutenue publiquement devant la Faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux, le Vendredi 19 décembre 1919, Année 1919 - 1920, n° 30 (Bordeaux, Imprimerie moderne A. Destout ainé & Cie, 1919, 24 p ).
Examinateurs :
MM. LE DANTEC, professeur, président (*) ;
MOUSSOUS, professeur, juge ;
MAURIAC, agrégé, juge ;
PERRENS, agrégé, juge.
(*) Médecin en chef de réserve de la Marine, Professeur de pathologie exotique à la Faculté de médecine et de pharmacie de Bordeaux.
RÔLE DE LA MARINE DANS L’ÉVACUATION
DES BLESSÉS ET DES MALADES PENDANT LA DERNIÈRE
GUERRE (1914-1918)
AVANT-PROPOS
Il y a une quarantaine d’années, les colonies et la marine de guerre étaient administrées par un même ministère, dénommé ministère de la Marine et des Colonies. Les troupes coloniales formaient les troupes dites d’infanterie de marine, gérées par conséquent par le ministère de la Marine. Aussi dans les expéditions coloniales, c’était la marine de guerre qui assurait à la fois le transport des troupes aux colonies et la direction des opérations militaires à terre. C’est de cette époque que date l’institution des navires-hôpitaux ou hôpitaux flottants : c’étaient des navires, généralement démodés, comme la Minerve au Gabon, qu’on mouillait dans les rivières et qui, transformés en de véritables hôpitaux flottants, recevaient les soldats blessés et malades provenant de la terre ferme. On soustrayait ainsi les blessés aux influences malariennes qui les auraient sévèrement frappés à terre.
Plus tard, pour assurer la relève des troupes dans les colonies lointaines (Indo-Chine) et pour rapatrier les malades dans de bonnes conditions d’hygiène pour une longue traversée, on construisit de véritables navires-hôpitaux qui prirent le nom de transports-hôpitaux. Tels furent le Tonkin, le Mytho, le Vinh-Long, le Bien-Hoa, le Shamrock. Comme ces transports étaient d’un coûteux entretien et immobilisaient un grand nombre de personnel marin, on eut bientôt recours aux paquebots ordinaires qu’on affréta pour le même service.
En somme, hôpitaux flottants, transports-hôpitaux et affrétés : tels furent les différents modes d’hospitalisation et d’évacuation des blessés et des malades adoptés par la Marine pour les expéditions coloniales.
Pendant la guerre de 1914-1918, la Marine utilisa d’anciens transports, comme le Vinh-Long, le Duguay-Trouin (ancien Tonkin), le Bien-Hoa pour l’évacuation des blessés et des malades et elle réquisitionna des paquebots pour les transformer en navires-hôpitaux, comme le Canada, la France, le Lafayette, etc. Successivement 17 navires reçurent une installation médico-chirurgicale, par les soins du Service de santé de la Marine, pour répondre aux besoins de l’armée.
C’est le rôle joué par ces transports-hôpitaux pendant la guerre que nous avons pris comme sujet de notre thèse inaugurale. On peut diviser ce rôle en quatre périodes :
1° – Évacuation des blessés de l’Yser par Dunkerque.
2° – Évacuation des blessés et des malades des Dardanelles.
3° – Évacuation des blessés et des malades au cours de la retraite de Serbie.
4° – Évacuation de Salonique depuis la stabilisation du front de Macédoine jusqu’à l’armistice.
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QUATRIÈME PÉRIODE
Les évacuations de Salonique après la stabilisation du front de Macédoine.
Après la retraite de Serbie (février 1916), les opérations sur le front de Macédoine se limitèrent à des attaques partielles ou à des offensives de petite envergure ; le nombre des blessés diminua consi-dérablement. Par contre, le paludisme et la dysenterie devaient décimer notre armée d’Orient. Salonique fut le centre d’évacuation et d’hospitalisation de ces malades. Les hôpitaux français installés à terre purent abriter bientôt plus de 10.000 lits pour traiter les Serbes et les Français. Les navires-hôpitaux n’eurent plus qu’à jouer le rôle de trains sanitaires. Dans le mois de juin 1916, ils évacuaient 17.000 hommes (Français et Serbes) sur Bizerte et Toulon [(1) Chiffre obligeamment communiqué par M. le médecin principal Brunet.]. Ce chiffre parut inquiétant en haut lieu. La plupart de ces hommes étaient atteints de paludisme ; le campement dans les marais du Vardar, le creusement des tranchées, les fortes chaleurs, l’encombrement, les fatigues de la campagne étaient des conditions favorisantes au développement de cette maladie. Les anophèles pullulaient. On connaît le paludisme de Macédoine, plus souvent pernicieux que bénin. En cours de traversée à bord du transport-hôpital Vinh-Long, nous observâmes plus souvent du plasmodium falciparum que du vivax. Une mission spéciale (Armand Delille) fut chargée de la lutte antipaludique. Elle fit adopter la quinine préventive obligatoire avant le repas du matin et la quinine curative à hautes doses (3 grammes en injection ou en ingestion). Ce fut seulement pendant l’été 1917 que ces mesures parurent réellement efficaces.
La dysenterie fit également beaucoup de victimes : la forme amibienne fut aussi fréquente que la forme bacillaire.
La vaccination contre les fièvres typhoïde et paratyphoïde et la vaccination anticholérique, qui étaient obligatoires, mirent nos soldats complètement à l’abri de ces maladies.
Pendant l’été 1916, notre flotte de bâtiments-hôpitaux se composait du Sphinx, du Tchad, de la Bretagne, du Ceylan, du Divona, du Duguay-Trouin, du Bien-Hoa et du Vinh-Long. Par période, la France IV venait faire des évacuations massives (2.500 hommes à la fois). Le mouvement de tous ces navires dépendait de M. le médecin en chef Labadens, Directeur du Service de santé à Salonique.
De certains chiffres particuliers concernant le Vinh-Long sur lequel nous étions embarqué, on peut juger du travail des navires-hôpitaux. Le Vinh-Long, arrivé en juillet 1916, selon les plans de M. le médecin chef Defressine, était d’une utilisation parfaite : 470 places confortables, salles d’hôpital bien aérées et bien éclairées ; salles d’isolement ; superbe salle d’opérations avec cabinet radiologique et électro-vibreur de Bergonié. Vaste pharmacie avec tisanerie et laiterie. Laboratoire de bactériologie. Salle d’hydrothérapie. De juillet 1916 à octobre 1917, ce navire fit 13 évacuations de malades, transportant 6.800 hommes. L’hôpital fonctionna pendant 138 journées ; les opérations pratiquées à bord furent au nombre de 143, dont 21 de grande urgence. Le médecin principal de réserve Petit de la Villéon, embarqué pendant deux traversées sur le Vinh-Long, démontra la possibilité de pratiquer toutes les extractions de projectiles, à bord des navires, par le procédé de l’écran radioscopique, même des projectiles intra-pulmonaires dont il fit trois extractions avec excellent résultat.
En 1917, notre flotte de bâtiments-hôpitaux s’augmenta de l’André-Lebon, du Lafayette, de l’Asie, de la Flandre, paquebots de grand tonnage et de grande vitesse, nouvellement construits. Le Louqsor ne répondit pas aux conditions requises et fut bien vite supprimé. La Havane fut notre dernier transport-hôpital en date. Quelques chiffres que nous a aimablement communiqués M. le médecin en chef Chastang, directeur des Archives de médecine navale, nous renseigneront sur le rôle de ces transports-hôpitaux, jusqu’en décembre 1918 :
L’André-Lebon................fit 13 voyages évacua 11.050 hommes
L’Asie………….....................fit 15 voyages " 14.430 "
La Flandre………................fit 20 voyages " 13.799 "
La France IV……...............fit 8 voyages " 20.000 "
Le Lafayette……...............fit 23 voyages " 21.137 "
La Havane………................fit 17 voyages " 10.359 " [non identifié]
Le Sphinx……….................fit 25 voyages " 21.345 "
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TOTAL……………….......................121 voyages " 112.120 "
A ce total, on doit ajouter les chiffres du Divonna, du Duguay-Trouin, du Bien-Hoa, du Vinh-Long, qui continuèrent à fonctionner.
Pendant ces traversées de Salonique à Toulon ou à Bizerte, qui duraient de quatre à cinq jours, qu’était la vie de nos évacués à bord ? Sans doute celle de tout malade dont l’état nécessite de bons soins, du calme et du repos. A peine la visite passée le matin, tous les hommes qui pouvaient se déplacer montaient sur la dunette ; il y avait de bons coins à prendre, des chaises longues. Les distractions de la traversée et celles du bord (jeux divers, phonographes, livres) aidaient à passer le temps. L’état de la mer était généralement beau en Méditerranée. On montait parfois sur le pont les blessés dans leur brancard pour leur permettre de bénéficier des rayons du soleil et de l’air marin.
Malheureusement, les sous-marins allemands vinrent compliquer la navigation. Jusqu’en 1917, les navires-hôpitaux portant les signes distinctifs de la convention de Genève (peinture blanche, croix rouge sur les cheminées, bande verte de 1 m. ½ de largeur sur toute la longueur de la coque. Rampe lumineuse verte la nuit, pavillon de la Croix-Rouge en tête du mât) furent respectés par les ennemis. Ils ne couraient que le risque des mines. Mais à partir de février 1917, les sous-marins allemands coulèrent coup sur coup 3 navires-hôpitaux anglais dont le Britannic de 32.000 tonnes dans la mer Égée, puis quelques autres en mer du Nord, sous de fallacieux prétextes. La vie de nos blessés et de nos malades étaient constamment menacée sur mer. On fut obligé de prendre des mesures de protection : les transports-hôpitaux formèrent des convois que les torpilleurs escortèrent ; l’éclairage intérieur fut supprimé de nuit ; les sabords et hublots furent fermés hermétiquement à la mer, chaque évacué avait sa place désignée dans les embarcations de sauvetage en principe ou sur des radeaux qui furent confectionnés. Chacun d’eux avait à la tête de son lit une ceinture de kapok qu’il devait revêtir dès qu’il montait sur le pont. Des simulacres d’abandon de navire servaient fréquemment d’exercice. Des échelles de sauvetage supplémentaires furent installées. On conçoit que la vie était moins agréable dans ces conditions et que l’hygiène et le confort devaient en souffrir. Ce sera une des hontes de l’Allemagne de n’avoir pas respecté ses engagements vis-à-vis des transports-hôpitaux.
Le 5 avril 1917, le Vinh-Long faisait le premier convoi avec le Divona sur Bizerte, escorté par deux torpilleurs. Le 17 mai, on embarquait à bord de chaque navire-hôpital 8 à 10 officiers allemands, choisis parmi les prisonniers. Ils servaient d’otages et devaient subir le sort du navire en cas de torpillage. Le 20 septembre, à la suite d’un accord intervenu avec l’Allemagne, ces officiers étaient débarqués et un haut commissaire espagnol, officier supérieur de la Marine, embarquait à leur place sur chaque bateau avec mission de surveiller le maintien de la neutralité du bâtiment Croix-Rouge ; la navigation redevenait sûre. Nos transports-hôpitaux ne devaient plus être inquiétés jusqu’à l’armistice (Novembre 1918), époque à laquelle ils servirent pour le rapatriement de nos prisonniers d’Allemagne et de Turquie, ainsi que nos malades. Ils abandonnèrent alors leurs marques distinctives de la Croix-Rouge et furent utilisés pour l’envoi de troupes et de matériel en Orient. Peu à peu, ils furent désaffectés et rendus aux compagnies de navigation ou au service général de la Marine.
CONCLUSIONS
Si on envisage le rôle d’ensemble joué par nos transports-hôpitaux de la bataille de l’Yser jusqu’à l’expédition des Dardanelles et depuis le début de la campagne de Serbie jusqu’à la défaite de l’ennemi en Orient, on constate que ce rôle fut immense. Plus de 220.000 hommes furent évacués d’Orient de mai 1915 à décembre 1918, parmi lesquels :
147.671 furent débarqués à………………...................Toulon
63.173 furent débarqués à………………...................Bizerte
5.362 furent débarqués à………………...................Alger
Quelques milliers furent débarqués à……...............Alexandrie
(Ces chiffres nous ont été également communiqués par M. le médecin chef Chastang, directeur des Archives de médecine navale.)
A ces chiffres, il faudrait ajouter ceux de Dunkerque (hiver 1914).
On peut regretter l’encombrement qui se produisit parfois à bord de nos transports-hôpitaux, mais les circonstances militaires l’imposaient. Dans l’ensemble, grâce à un personnel médical et infirmier très entraîné et à une installation médico-chirurgicale de premier ordre, nos blessés et nos malades reçurent les meilleurs soins.
On ne manquera pas de tirer parti en haut lieu des renseignements qui découlent du fonctionnement des transports-hôpitaux de la « Grande Guerre » et nous verrons peut-être adopter par la Marine française une solution qui a déjà prévalu dans les Marines anglaise et japonaise ; elle consiste à imposer aux compagnies de navigation, moyennant une subvention, un type de paquebot facilement transformable en navire-hôpital (avant la guerre, on avait bien prévu la transformation de nos paquebots en croiseurs corsaires). Par ce moyen peu coûteux, nous pourrions disposer instantanément en cas de guerre d’une flotte de bâtiments-hôpitaux homogène ; ces bâtiments seraient de grand tonnage, résistants à la mer, rapides, pourvus de couchettes confortables, non superposées et peu serrées dans de grandes salles spacieuses, bien aérées et bien éclairées. Ils seraient munis de l’installation médico-chirurgicale la plus moderne et on tâcherait de réaliser sur nos hôpitaux de mer les conditions d’hygiène, de confort de nos hôpitaux de terre.
Vu, bon à imprimer : Vu : Le Doyen,
Le Président de la Thèse, Dr C. SIGALAS.
Dr LE DANTEC.
Vu, et permis d’imprimer :
Bordeaux, le 7 décembre 1919.
Le Recteur de l’Académie,
R. THAMIN.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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- Inscription : mer. avr. 13, 2011 2:00 am
Re: listes des blessés ramenés de Salonique sur navires hopitaux ?
Bonjour
et merci de votre réponse
Certes , je comprends bien l'ampleur du problème si on le prend dans son ensemble .Mais pour le cas de mon grand-père , on peut se limiter aux mouvements de navires d'octobre 1916 (Salonique-Toulon), les connait-on ?
cordialement
Louis Loron
et merci de votre réponse
Certes , je comprends bien l'ampleur du problème si on le prend dans son ensemble .Mais pour le cas de mon grand-père , on peut se limiter aux mouvements de navires d'octobre 1916 (Salonique-Toulon), les connait-on ?
cordialement
Louis Loron