GUILLAUME TELL
Brick goélette construit en 1874 au chantier Ollivaude de Méans (nota : sur la Loire près de Penhoët, juste sous l'actuel pont de Saint Nazaire)
148 tx JB
Armateur Mr. Parc Fils, de Landernau
Affréteur Mr. Hermitte, de Brest
Quitte Brest pour Swansea le 19 Janvier 1917. En raison du mauvais temps, relâche à Camaret le 20 Janvier, puis appareille avec un convoi de 12 voiliers escortés par deux chalutiers le 21 Janvier.
Transporte 35 tonnes de lichen et 45 tonnes de sable comme lest.
Liste d’équipage
LE CORRE François Capitaine Lannion
QUINIOU Yves 2e capitaineLannion
LE CABEC Pierre Matelot Le Havre
MERRER Hippolyte Matelot Lannion
SQUERREN Hyacinthe Matelot Lannion
SQUERREN Eugène Mousse Lannion
La perte de GUILLAUME TELL
Les deux chalutiers accompagnent le convoi jusqu’à Longships. Au cours de la traversée de la Manche, l’un des voiliers, GAULOIS, est attaqué par un sous-marin que l’un des chalutiers convoyeur attaque et éperonne. Le convoi se disloque alors et GUILLAUME TELL continue sa route sur Swansea. Mais après Longships, le vent devient si violent qu’il est contraint de relâcher en baie de Penzance. GUILLAUME TELL n’appareille de la baie St Yves que le 8 Février pour Swansea .
Le jour même à 15h40, il rencontre un sous-marin à 10 milles à l’ouest de Trevose Head, canal de Bristol, par 50°33 N et 05°18 W. Il est alors au plus près tribord amures, s’élevant à 4 nœuds le long de la côte en louvoyant. Il venait juste de virer de bord. La mer est peu houleuse, avec petite brise d’ENE. Visibilité 3 à 4 milles.
Le sous-marin, aperçu à 1 mille au nord, portant un pavillon allemand, rallie le GUILLAUME TELL à 12 nœuds, tire deux coups de canon à blanc et vient se placer à 50 m sous le vent.
Le voilier met en panne et amène son canot dans lequel les six hommes prennent place sans rien emporter comme effets. Le capitaine a pris les papiers du bord. L’ayant accosté, le capitaine, le second et le mousse montent sur le sous-marin tandis que les trois matelots emmènent sur GUILLAUME TELL deux marins allemands portant deux bombes cylindriques d’environ 10 kg. Ils montent à bord de la goélette avec un marin français, font ouvrir le panneau avant et le panneau arrière, placent les bombes dans les coquerons et mettent le feu au mèches. Ils ne prennent rien à bord et rallient de suite le sous-marin. Ces deux bombardiers n’ont pas 22 ans. Ils disent en anglais aux marins français, avec un ton de profond découragement : « Quelle triste chose que la guerre ! » Ils ont l’air très fatigués.
Le capitaine, le second et le mousse remontent dans le canot et l’on met en route à la voile vers la terre. GUILLAUME TELL coule ½ heure plus tard, alors que le canot est déjà loin. A 01h00 du matin, le canot arrive à St Yves sans avoir rencontré de navire. En revanche, le sous-marin a canonné un vapeur qui faisait route au SW à 10 ou 12 nœuds et qui semble avoir riposté. Il était à 4 milles et l’on n’a pas vu la suite.
Le sous-marin
Sur le pont du sous-marin, il y avait 7 hommes, tous âgés de moins de 30 ans. Le capitaine seul était plus âgé, sans doute 40 ans. Il était grand, fort, blond, bien rasé et le teint coloré. Il ne s’est pas occupé des Français. Il est resté assis sur le kiosque.
Le second devait avoir 30 ans. Il était maigre, rasé, pâle et, contrairement au commandant qui paraissait reposé, il semblait très fatigué. Il s’est montré affable et poli et a même fait passer avec empressement son porte-voix au capitaine Le Corre quand il a entendu celui-ci crier à l’embarcation qui débordait du GUILLAUME TELL pour revenir au sous-marin de vider l’eau. Il a seulement demandé les papiers au capitaine, en très bon français, sans poser d’autres questions.
Tous les Allemands étaient en vêtements de cuir, bottes et portaient des gants épais.
Le sous-marin manœuvrait bien, mais en raison du clapotis et de la houle, il embarquait fortement à la lame. Long de 50 m environ. Pont à 1,5 m au dessus de l’eau. Un seul périscope. Deux filières de chaque côté du kiosque, probablement pour protéger le périscope en cas de filet. Petit mât rabattable sur l’arrière du kiosque.Il n’avait pas de tube lance-torpilles apparent. Canon de 88 mm sur l'avant du kiosque.
Voici sa silhouette
Ce sous-marin était l’UC 65 de l’OL Otto Steinbrinck. Il serait intéressant de connaître le nom du second du sous-marin qui semblait si fatigué. (Nota : c’est un peu normal, le second étant toujours le « chien du bord…
»)Conclusion de l’officier enquêteur
Le capitaine ne pouvait faire autre chose que ce qu’il a fait sauf peut-être attendre la nuit avant de louvoyer le long de la côte, sauf que le clair de lune était très défavorable.
Cdlt
