Entre les lignes...

[A Malinowski]

32ème corps d’armée
165ème division
P.C. le 28 avril 1917
Le colonel Bte Goybet commandant l’infanterie de la 165ème Division à Monsieur le général commandant la 165ème Division.

Les territoriaux mis à la disposition de l’I.D. transportent, chaque nuit, en moyenne, une trentaine de cadavres au centre de l’Autobus.
Les équipes du G.B.D. ne parviennent pas à les enlever au fur et à mesure, de telle sorte qu’une centaine de cadavres se trouvent en ce moment accumulés à proximité du poste de secours du 287ème de l’Autobus.
J’ai l’honneur de signaler le fait à votre attention en demandant que des mesures soient prises pour accélérer l’enlèvement de ces cadavres.

Urgent, 165ème D.I.
Transmis en communication à monsieur le médecin chef du G.B.D. qui est prié de prendre ou de proposer toutes mesures utiles pour accélérer les inhumations. Il semble qu’en ce moment, les évacuations des blessés ayant diminué, la presque totalité du personnel du G.B.D. peut être affectée à ce travail.
Le 28 avril 1917, P.O. le chef d’état-major.






Xe armée
32ème corps d’armée,
165ème division
Le 29 avril 1917
Le médecin major de 1ère classe Idrac, médecin chef du groupe de brancardiers divisionnaires de la 165ème Division d’infanterie à Monsieur le chef d’Etat-Major de la 165ème D.I.

En réponse à la transmission que vous m’avez faite de la lettre ci-jointe de Monsieur le colonel commandant l’I.D. 165, j’ai l’honneur de vous rendre compte que depuis le 23 avril, date du début des inhumations au centre de Tarbes, le G.B.D. 165 a inhumé 183 cadavres, soit une moyenne de 30 par jour, ce qui correspond à la moyenne journalière de cadavres transportés au poste du 287ème par les hommes mis à la disposition de l’I.D. 165. Ces hommes ne sont pas seulement des territoriaux mais aussi 46 hommes du G.B.D. gradés compris mis à la disposition des régiments depuis le 16 avril.
Le travail d’inhumation au centre de Tarbes est particulièrement dur, il comprend le transport des corps du poste du 287ème au centre de Tarbes, leur identification, les recherches au point de vue de ce qu’ils peuvent avoir sur eux et concernant les successions, le creusement des fosses qu’il faut ensuite combler, bref, un service long, pénible et qui doit être fait minutieusement. Pour l’assurer, j’avais affecté au centre de Tarbes 44 hommes, gradés compris.
En vue d’activer le service des inhumations conformément à votre demande, j’organise un travail de nuit, par prélèvement de personnes sur les quatre postes d’évacuation ( Berry-au-Bac, Moscou, carrefour de la route Gernicourt-Cormicy et du chemin de Moscou à Blanc-Bois, Blanc-Bois) que je réduis au strict minimum, escomptant un petit nombre de blessés. A cet effet, je supprime également les équipes qui travaillaient à la réfection du chemin de Moscou à Blanc Bois utilisé pour les évacuations et qui, maintenant est à peu près en état.
J’arrive ainsi à doubler le personnel et par conséquent le rendement du centre de Tarbes.
165ème D.I.
En communication à monsieur le colonel commandant l’I.D./165.
P.O. le chef d’état-major.

155ème régiment d’infanterie
secteur postal 206
Le 1er mai 1917
Le lieutenant-colonel Etienne commandant le 155ème régiment d’infanterie à Monsieur le colonel commandant l’infanterie de la 165ème Division.

J’ai l’honneur de vous rendre compte que j’ai donné l’ordre de suspendre la relève des cadavres dans le sous-secteur du régiment et que j’ai prescrit de les enterrer sur place. Étant donné, en effet, le régime des tirs allemands dans le secteur tenu par le régiment, cette relève est extrêmement périlleuse; la nuit dernière deux musiciens brancardiers ont été blessés grièvement, en transportant un cadavre à l’arrière.
Les brancardiers seront désormais exclusivement employés à effectuer les évacuations des blessés malheureusement fort nombreuses ( deux officiers, 118 hommes, tués ou blessés en trois jours ). Toutes précautions sont prises, d’ailleurs, pour identifier les morts et retrouver l’emplacement de leur sépulture.




CCM 20 avril 2007