SAINT PAUL Goélette de Terre Neuve

[olivier 12]

Bonjour à tous,

SAINT PAUL

Naufrage du 16 Octobre 1917

Goélette de Fécamp faisant la pêche à Terre Neuve.
79 t
Armateur : La Morue Française

Liste d'équipage

LECUYER François Capitaine Saint Malo
PINCEMIN Arsène 2e capitaine Saint Malo
DUJARDIN Matelot Saint Malo
LERET Matelot Saint Malo
COLLEUT Matelot Dinan
X ..... Guillaume Matelot Paimpol
BEZARD Matelot Saint Malo

Note de l'officier enquêteur : en l'absence de tout rôle, cette liste donnée par le second capitaine comporte des noms à l'orthographe incertaine.

Rapport du second capitaine

Partis de Saint Pierre avec du très beau temps le 28 Septembre 1917. Nous sommes arrivés le 16 Octobre à 350 milles dans l'Ouest de La Pallice. Un sous-marin allemand peint en gris noir, très grand et avec un kiosque carré nous a alors canonné ("torpillé" dit en fait le second)

Le premier obus est tombé à 30 m le long du bord. Le deuxième a tué le capitaine. Voyant cela, j'ai dit aux hommes de mettre à l'eau une embarcation. Le sous-marin a continué à tirer une vingtaine de coups. Voyant que le bateau ne coulait pas, il s'est approché à 30 m et l'a coulé avec deux obus supplémentaires.
L'embarcation était à 1 mille quand nous l'avons vu couler.

Nous avons fait route à l'Est pour gagner la terre. Grâce au fort brouillard et au gros temps, nous avons perdu de vue le sous-marin qui faisait route à l'Ouest. Le 17 Octobre à 09h00, après avoir nagé sur au moins 45 milles, un remorqueur anglais nous a recueillis et débarqués à Plymouth. J'ignore son nom, mais il portait le numéro 40.

Conclusions de la commission d'enquête

Le SAINT PAUL, armé à Saint Pierre et Miquelon, n'avait reçu aucune instruction des autorités maritimes. Il a fait route directement sur La Pallice, sans même prendre la simple précaution d'approvisionner son embarcation de sauvetage. Il a été attaqué le 16 Octobre 1917 vers 13h00 par un très grand sous-marin. Il n'y avait d'autre solution que d'évacuer et le capitaine a été tué à son poste, sur la dunette, pendant l'évacuation. Les six survivants ont pris place dans un doris et ont nagé pendant vingt heures avant de rencontrer un remorqueur anglais qui allait de Gibraltar à Plymouth et qui les a recueillis.

La commission estime qu'il y a lieu de rendre hommage à la mémoire du capitaine et de donner la Croix de Guerre au second, qui a fait son devoir dans ces circonstances pénibles. Il a traversé cette pénible épreuve avec une énergie d'autant plus méritoire que c'est un homme très fatigué par son âge.

Récompenses

Croix de Guerre avec palmes

LECUYER François Capitaine Tué à son poste par le tir d'un sous-marin ennemi.

Croix de Guerre avec étoile d'argent

PINCEMIN Arsène Second capitaine

A assuré, après la mort du capitaine, l'évacuation de son bâtiment sous le feu de l'ennemi, dans des conditions délicates. Malgré son grand âge, a donné l'exemple de l'énergie et non de la résignation face aux privations, dans une petite embarcation abandonnée dans le mauvais temps, sans approvisionnements, et à plus de 300 milles des côtes.

Le sous-marin attaquant

C'était l'U 105 du KL Friedrich STRACKERJAN

Mais curieusement, le KTB du sous-marin donne le nom de ROSE comme étant le navire canonné et coulé ce jour-là par 46°29 N et 10°26 W.

ROSE était un schooner en bois, pratiquant la grande pêche sur les bancs de Terre Neuve, immatriculé à Saint Malo n° 1381, construit à Binic en 1893 et appartenant à l'armateur Trémourdan en 1914. Il jaugeait 163 tx JB et 129 tx JN.
Mais il n'a pas été coulé et ne figure pas dans les pertes de guerre.

L'erreur est difficilement explicable!

Cdlt

[Yves D]

Bonjour Olivier
En effet, pas de raison pour expliquer cette erreur. Je vois pour corriger le nom dans la base du site uboat.net.
Amts
Yves

[olivier 12]

Bonjour à tous, bonjour Yves,

En cherchant quelles pourraient être les raisons de cette erreur inexplicable à première vue, j'imagine le scénario suivant qui apparaît fort plausible.

On notera que Septembre/Octobre étaient les mois de retour sur la France des morutiers en pêche sur les grands bancs.
On peut donc penser que ROSE, tout comme SAINT PAUL, était sur le chemin du retour et suivait une route identique, peut-être même de conserve avec ce dernier, bien que le second capitaine n'en parle pas dans son rapport qui est au demeurant fort succinct.

Toujours est-il que le sous-marin aurait alors pu, après avoir canonner et couler SAINT PAUL, l'apercevoir et l'identifier.
Pour une raison quelconque (brouillard, mauvais temps, tombée de la nuit...) il l'a perdu de vue et n'a pu le couler.

Plus tard, rédigeant son journal de guerre pour cette journée du 16 Octobre, le commandant (ou le matelot dactylo) a par inadvertance ou distraction noté le nom de ROSE au lieu de SAINT PAUL.
Je ne vois guère d'autre explication qui tienne la route.

Je chercherai à retrouver aux AD de Rennes le rôle de ROSE pour savoir à quelle date il est revenu à Saint Malo en 1917. Cela pourra nous éclairer.

Cdlt

[Gastolli]

Bonsoir,

the War Diary (KTB) of U 105 doesn't mention an second schooner. Please note, that U 105 tried to finish off the ST. PAUL with an torpedo (which missed)

The british tug which rescued the survivors was "H.S. 40", an vessel from Inland Water Transport (they usually don't have names, just numbers).

Oliver

[Memgam]

Saint Paul, goélette fécampoise, 16/10/1917, coulée par un sous-marin.

Source : Jacques Vichot, Répertoire des navires de guerre français, AAMM, 1967.

[olivier 12]

Bonjour à tous,

Complément sur le naufrage du 16 Octobre 1917

SAINT PAUL (Archives anglaises)

120 tx
Armateur La Morue Française
Non affrété
Capitaine LECUYER (ou LEGUILLE) François Inscrit à Saint Malo
Traversée Saint Pierre et Miquelon – La Pallice

Rapport de l’officier enquêteur

SAINT PAUL a été attaqué à une distance telle des côtes qu’il n’avait fait aucun préparatif. Les doris étaient dépourvus de vivres et d’eau. Cependant, il approchait de la route entre Finisterre et Irlande et entrait dans une zone où les attaques de sous-marins sont fréquentes.
Il n’avait reçu aucune instruction, ni de route, ni de conduite à tenir dans les parages dangereux.
Les circonstances empêchaient toute résistance et la conduite tenue était la seule à suivre. Le sous-marin n’a été aperçu qu’à des distances supérieures à 2 milles et les renseignements sont succincts. La conduite du capitaine et de l’équipage a été ce qu’elle devait être et la destruction de leur navire ne pouvait être évitée.

Le capitaine (appelé LEGUILLE François dans les archives anglaises) a été atteint à la tête par l’éclat d’un obus qui avait touché le gui et tué sur le coup. Les six survivants ont embarqué dans le doris et, après avoir nagé pendant 20 heures ont rencontré à 250 milles de Bordeaux un remorqueur anglais venant de Gibraltar qui les a recueillis et débarqué à Plymouth. Le second avait vérifié que personne ne restait à bord.

Le sous-marin était peint en noir – gris foncé. La peinture était vieille. Deux hommes ont été aperçus, dont un sur le kiosque.
Voici la silhouette du kiosque



Cdlt