LA BANCHE
Chalutier à vapeur de 198 tx immatriculé à La Rochelle.
Armateur : L’Hxxxx (nom illisible) Gaëtan de La Rochelle
Patron Désiré FARDEL 15 hommes d’équipage

Rapport du capitaine
Quitté La Rochelle le 27 Juin 1918 à 06h00 accompagné du chalutier ESPERANZA.
Arrivés le 29 Juin à 18h40 sur le banc de la Grande Sole et mis en pêche par 150 m de profondeur.
Le 30 Juin à 10h35, par 49°12 N et 11°50 W, route à l’est à 3 nœuds, mer belle, très bonne visibilité, petite brise de secteur nord.
Le canonnier Le Blouch, de veille à la pièce avant, signale un périscope de sous-marin à environ 60 m sur bâbord, très visible à 1,50 m au dessus de l’eau et de couleur marron. Il disparaît au bout de quelques secondes. Mis aux postes de combat.
Trois ou quatre minutes plus tard, le canonnier signale une torpille lancée par le sous-marin. Elle émerge à environ 150 m et fait route en surface. Elle passe à 30 cm de notre étrave sans toucher le navire. Elle continue sa route de l’autre bord et explose à environ 300 m dans un grand bruit et soulevant une gerbe d’eau de 6 m de hauteur.
Le canonnier tire aussitôt deux coups dans la direction d’où venait la torpille Le premier obus ricoche sur l’eau et passe juste au dessus de l’ESPERANZA qui se trouvait dans le champ de tir. Le 2e passe sur son arrière.

Coupé les câbles du train de pêche pour avoir la liberté de manœuvre, laissant au fond deux panneaux avec leurs accessoires et 900 brasses de fûnes d’acier. Mis le cap sur le sous-marin pour essayer de l’éperonner, et pour éviter qu’il ne tire une 2e torpille.
Fait ensuite route sur l’ESPERANZA pour le prévenir de la présence d’un sous-marin.
Très bonne conduite de tout mon équipage qui a fait preuve de beaucoup de sang-froid pendant l’action.
Rapport AMBC
Le canonnier Le Blouch, de veille à l’avant, a nettement vu le périscope, puis la torpille qui venait de quitter le tube de lancement et faisait route en surface. Bruit de moteur assez fort, un peu comme un sifflement. Ogive peinte en rouge vif et terminée sur son avant par une pièce d’une trentaine de centimètres ressemblant à une fusée. Elle a frôlé l’étrave.
LA BANCHE a été ensuite soulevé par un remous provenant, d’après lui, du déplacement du sous-marin en plongée peu profonde au dessus duquel ils sont passés.
Rapport de la commission d’enquête
Le patron de LA BANCHE a manœuvré judicieusement en coupant les fûnes de son train de pêche et en ouvrant le feu sur l’origine du sillage de la torpille. Le fait de mettre le cap sur le sous-marin pour tenter de l’éperonner se justifie.
Mais il a été imprudent en revenant ensuite, accompagné de l’ESPERANZA, sur les lieux. Les deux navires auraient du s’éloigner à toute vitesse en zigzaguant.
A noter que le patron Fardel commandait auparavant le chalutier LES ILLIATES qui avait sauté sur une mine le 12 mai précédent.
A l’occasion de cette rencontre avec un sous-marin, il a fait preuve de sang-froid.
Le sous-marin attaquant
N’a pas été identifié. Enquête à mener avec date, heure et position…

Cdlt