MOINA Trois-mâts caboteur

olivier 12
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Re: MOINA Trois-mâts caboteur

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MOINA

Trois-mâts de 126 tx JB
Ne figure pas sur la liste des voiliers caboteurs de 1914 chez Lacroix (Il pourrait s’agir d’un ancien terre-neuvier reconverti)

Armateur : PUECH & Fils Cette
Affréteur : MIRANT Cette

Capitaine : PELLARD, Maître au cabotage inscrit à Lannion n° 154
Equipage : 8 hommes en tout (7 + capitaine) fournis par le 5e dépôt ou en sursis d’appel.

La perte de MOINA

Tout d’abord ce télégramme annonçant à Marine Paris le naufrage du voilier, avec un nom erroné (MONA). A signaler que le nom est parfois orthographié MOÏNA.

Image

Enquête menée par le Capitaine de Corvette OLLIVIER, commandant du COSMAO, à Tanger le 7 Septembre 1917.
Le CC Ollivier semble commettre une erreur en plaçant le naufrage le 5 Septembre à 18h00 (date figurant aussi sur la première page du dossier). D’après le KTB du sous-marin et le télégramme c'est le 6 Septembre.
Quitte Tanger pour Dunkerque le 4 Septembre à 18h00.

Le 6 Septembre 1917 à 17h00 MOINA se trouve par 36°32 N et 07°15 W, faisant route au NqNW, au plus près tribord amures, à 5 nds. Mer grosse, bonne brise de Nord et fort courant portant au sud.
Bonne visibilité.

Un sous-marin est aperçu, d’abord pris pour un voilier, faisant route en surface à 2 ou 3 nds, à 6 milles par le travers bâbord. Dès qu’il est reconnu, envoyé vent debout pour virer de bord et prendre la fuite. Mais, tandis que l’on est masqué, un coup de canon à blanc est tiré. Mis en panne et fait embarquer l’équipage dans la baleinière. Seul le capitaine reste à bord.
Le sous-marin s’approche et tire un 2e coup à obus sur l’avant, puis deux autres coups qui tombent à 400 puis 200 m, ceci pour accélérer l’évacuation. Le capitaine descend dans la baleinière avec les papiers.

Le sous-marin s’approche du canot et le commandant ordonne en français d’accoster. Le capitaine Pellard montre les papiers (livre de bord et patente de santé) à un lieutenant qui les remet au commandant. Celui-ci les garde. Le canot est alors pris en remorque et le sous-marin fait le tour du voilier. Il tire 3 coups d’affilée en 20 secondes. Les trois obus tombent sur la muraille du voilier, par le travers du grand panneau, projetant beaucoup de débris, mais pas de fumée.

Le lieutenant du sous-marin fait alors monter à son bord trois hommes du MOINA (Marie, Damour et Loyer) ainsi que le capitaine Pellard et le maître d’équipage Taschot. L’officier fait un signe à son commandant qui lui indique « Tout va bien ». Il demande au capitaine Pellard de le suivre et descend avec lui à l’intérieur du sous-marin. Il ouvre la porte de la cambuse et fait charger par un matelot allemand deux sacs avec tout ce qu’ils peuvent contenir de provisions : lard, jambon, conserves, pommes de terre, liqueurs (mais pas d’autres liquides). Puis il dit aux marins du voilier en montrant les sacs : « Vite… vite ! » Les sacs sont embarqués dans le canot où le lieutenant prend aussi place muni d’une musette volumineuse contenant deux bombes cylindriques de 12 à 15 cm de diamètre, et accompagné de deux matelots allemands.
Ils entrent dans le poste équipage et on ne voit pas ce qu’ils font, mais deux minutes plus tard, ils ressortent et remontent dans le canot en disant : « Vite…vite ! » L’embarcation s’écarte, déposent les Allemands sur le sous-marin et reprend les Français. Le commandant fait signe de déborder.

Les bombes explosent et le MOINA coule tandis que la nuit tombe. Le sous-marin s’éloigne en surface vers le SW.

Le canot établit sa voilure et le capitaine tente de louvoyer pour gagner Cadix. Mais, gêné par le mauvais temps, il laisse porter sur Tanger où les naufragés arrivent le 7 Septembre à 13h30, en bonne santé mais fatigués et mouillés. Ils sont pris en charge par le consulat.

Description du sous-marin


75 à 80 m de long ( du même style que nos sous-marins français vus à Tanger)
Kiosque très élevé, 2,50 m, long de 3 m et situé un peu sur l’avant du milieu.
Antenne TSF passant par dessus le kiosque à 2 fils, écartés par une vergue sur un mât de 4 à 5 m qui pourrait être le périscope.
Canon de 100 mm fixe sur l’avant du kiosque.
Pièce métallique sur l’avant de l’étrave
Peinture gris clair toute fraîche

Commandant : taille moyenne, châtain, 30 ans environ. Casquette noire à écusson et veste avec pattes d’épaule. Parle un mauvais français.

Lieutenant : 26 ans. Grand, moustache blonde. Casquette à écusson, jersey et pantalon de toile bleu. Parle très bien le français.

Equipage : jerseys et pantalons bleus.

Il semblerait que le commandant n’ait été soucieux que de savoir si le voilier était armé, car il n’a prêté aucune attention à la provision d’essence que transportait le MOINA et n’a posé aucune question au capitaine.

Le sous-marin attaquant

C’était l’UB 49 du KL Kurt Von Mellenthin, dont voici la photo et la silhouette.
La position donnée par le KTB est 36°01 N 07°11 W
(Voir tout ce qui concerne ce sous-marin à la fiche " UB 49 sous-marin allemand ")

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Commentaires

La fourniture de provisions aux naufragés est chose assez rare pour qu’elle soit notée.
On ne peut aussi s’empêcher de penser que si le capitaine Pellard était parvenu, avec difficultés à cause du vent et des courants contraires, à atteindre Cadix, il aurait sans doute retrouvé le sous-marin qui venait de le couler…ce qui aurait été unique dans l’histoire de la guerre sous-marine.
Enfin, le 6 Septembre, l’UB 49 n’avait sans doute pas encore d’avarie sur son circuit de combustible puisque les futs d’essence ne l’ont pas intéressé.

On note aussi que dans les rapports, les capitaine parlent souvent de « mer grosse ». Dans l’échelle de Beaufort, ce terme correspond à une sérieuse tempête, un ouragan avec des creux bien prononcés. Dans la réalité, avec une bonne brise, il s’agit dans la plupart des cas d’une mer agitée à forte, voire forte à très forte dans les plus grosses rafales.
Le seul fait que le sous-marin prenne le canot en remorque montre bien que la mer n'était pas "grosse".

Cdlt
olivier
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Yves D
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Re: MOINA Trois-mâts caboteur

Message par Yves D »

Bonsoir Olivier, bonsoir à tous.

Cette photo de l'UB 49 date du mois de juillet 1917 alors que le sous-marin avait été transféré du chantier Blohm & Voss de Hambourg à Kiel pour sa période d'essais et de formation en Baltique. Il existe plusieurs photos prises certaines le 19.7, d'autres le 25. Par contre pourquoi est-il à ce stade sous pavillon autrichien ?
En effet, le destin des 2 capitaines a manqué un rendez-vous avec l'histoire dans le port de Cadix ! :)
Voir la fiche perso du KL von Mellenthin : http://www.histomar.net/GSM/htm/vonMel.htm

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Yves
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La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
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Rutilius
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MOÏNA — Trois-mâts caboteur.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Moïna — Trois-mâts — Armement F. Puech fils & Cie, Sète.

La Moïna, de l’armement F. Puech fils & Cie (Frédéric Puech), de Sète, était probablement la propriété antérieure d’un sieur A. WACHÉ de ROO.

Construit en 1872 à Seacombe (Royaume-Uni), ce bâtiment était alors inscrit comme goélette mixte à la matricule des navires de plaisance du quartier du Havre, f° 597, n° 1.787. Il jaugeait 167,62 tx jb et 141,04 tx jn.

Armé au cabotage international — plaisance — dans ce port le 1er décembre 1913, n° 492, il y fut adminis-trativement désarmé le 16 janvier 1915, n° 12, après avoir effectué les traversées suivantes :

— Le Havre ~ Alger ~ Marseille : ... ~ 13 janvier 1914. Capitaine Emmanuel Louis LE ROHELLEC, né le 4 mai 1883 à Baden (Morbihan) ; capitaine au cabotage, inscrit au quartier d’Auray, n° 425.

— Marseille ~ Marseille : 6 mai ~ 17 mai 1914. Capitaine A. WACHÉ de ROO. Second capitaine Emmanuel Louis LE ROHELLEC.

— Marseille ~ Marseille : 20 mai ~ 3 juillet 1914. Capitaine A. WACHÉ de ROO. Second capitaine Emmanuel Louis LE ROHELLEC — débarqué à Marseille le 31 juillet 1914.

— Marseille ~ Tunis : 20 mai ~ 3 juillet 1914. Capitaine A. WACHÉ de ROO.

[• Inscription maritime ― Quartier du Havre ― Rôles des bâtiments de commerce — Désarmements (1915), n°s 1 à 100 : Archives départementales de la Seine-Maritime, Cote 6 P 6_772, p. num. 176.]


La traversée du Havre à Marseille fut particulièrement mouvementée.

Le Radical, Samedi 17 janvier 1914, p. 3.

L.R. 17-I-1914 - .jpg
L.R. 17-I-1914 - .jpg (38.98 Kio) Consulté 623 fois

— LE BERRIGAUD Jean-Marie Emmanuel, né le 20 novembre 1883 à Baden (Morbihan). Maître d’équipage, inscrit au quartier d’Auray le 2 décembre 1901, f° 2.128, n° 4.256 ; classe 1903, n° 434 au recrutement de Vannes.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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