B.F. était, avec les Deux Frères, des petits vapeurs armés par Bretel Frères, négociants en beurre à Valognes.
Construit en 1907, dans un chantier anglais, d'une jauge de 500 t, avec un équipage de 10 hommes, B.F. faisait la ligne Le Havre-Cherbourg, avec une escale mensuelle à Saint-Vaast La Hougue.
Source : d'un ancien pilotin à bord de B.F. de 1909 à 1910.
Jean Jourdan, capitaine au long cours cap-horniers, Souvenirs d'un vieux marin, histoires de 50 années vécues dans la marine marchande, à compte d'auteur, 1976.
Un article du périodique La Manche. Numéro spécial, supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière parlant du la compagnie Brétel Frères :
L'Industrie Beurrière en Normandie
Une Grande Marque
Pour les érudits et pour les lettrés, Valognes est la ville du passé, belle aristocrate vivant de souvenirs, la ville d'élection de Barbey d'Aurevilly, la patrie de Buhot et de Léopold Delisle, dont ils s'apprêtent à fêter le centenaire ; pour la simple ménagère, qu'elle soit Française, Indochinoise ou Brésilienne, Valognes, c'est l'immense baratte du bon beurre normand.
En 1871, MM. Adolphe et Eugène Bretel créèrent à Valognes la Maison Bretel Frères, qui, devenant chaque jour plus prospère, ne tarda pas à devenir la première Maison de beurres du monde.
Grâce à ses trois vapeurs, elle porta les beurres d'Isigny et de Normandie dans le monde entier, ouvrant de précieux débouchés aux produits de la petite patrie et aidant à l'extension du commerce de la France.
Placée au milieu des riches pâturages du Cotentin, à quelques lieues d'Isigny, ayant des laiteries disséminées dans toute la Manche, la Maison Bretel Frères fabrique un beurre extra, dit laitier, dont la réputation s'ajoute à celle des beurres recueillis dans ses centres d'achats, répartis dans toute la Normandie.
La Beurrerie de Valognes, établie sur un terrain de 4 hectares, dont la plus grande partie en bâtiments, emploie une force motrice de 350 chevaux et reçoit, de puissantes dynamos, une énergie électrique de 20.000 wats. Son outillage perfectionné répond aux exigences d'une production intense et de l'hygiène moderne.
Afin de garantir à sa clientèle l'origine de ses beurres normands, tout en répondant à son besoin d'expansion, la Maison Bretel Frères a créé à Rennes une filiale : La Nouvelle Beurrerie d'Ille-et-Vilaine, qui fait exclusivement le commerce des beurres bretons. L'année dernière, pour étendre son rayon d'action en Normandie, elle s'est rendue acquéreur des anciens Etablissements Fortin-Leboucher et Union des Beurreries de France (Beurrerie de Vire), qu'elle transforme complètement.
Dans cette beurrerie, d'une superficie de 3 hectares, l'outillage ancien fait peu à peu place aux appareils les plus récemment perfectionnés.
La Maison Bretel Frères a obtenu dans toutes les Expositions récompenses sur récompenses, le Grand Prix à l'Exposition de Paris de 1889 ; en 1893, Hors Concours à Chicago ; en 1902, Hors Concours à Hanoï ; enfin, en 1900, Hors Concours à Paris et membre du Jury.
M. Adolphe Bretel, décédé en 1913, recevait la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1889, M. Eugène Bretel la recevait en 1900 et, en 1921, celle d'officier. Enfin, M. Raoul Le Doux, son neveu et associé actuel, président de la Commission de Contingentement des Beurres au ministère de l'Agriculture, est chevalier de la Légion d'honneur depuis la dernière promotion.
Cette suprématie, qui ne se dément jamais au cours des années, est celle des grandes marques. Noblesse oblige ! La marque Bretel Frères est une garantie d'origine et de qualité, et cette qualité est telle que, privée de ses marchés extérieurs par la guerre, la Maison Bretel Frères garda la première place dans le monde beurrier. Actuellement, en dehors de l'exportation réduite et des expéditions en province et aux colonies, plusieurs wagons frigorifiques emportent chaque jour à Paris le beurre qu'une organisation modèle permet de livrer, dès son arrivée, dans tous les quartiers de la capitale, où, malgré son éloignement des centres de production, le Parisien a toujours du beurre frais : le « B. F. ».
Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]