PROSPER LEON
Dundee de pêche de 42 tx immatriculé à Auray n° 1973.
Armateurs LE MOINE et BELLON d’Etel
Patron LE PORT
La perte du PROSPER LEON
Le 17 Décembre 1916, PROSPER LEON avait quitté La Rochelle et était en pêche, cap au nord, chalut à l’eau, à 15 milles dans le SSE de Chassiron.
Beau temps. Jolie brise d’est. Temps clair et terre en vue.
Un sous-marin est aperçu par bâbord, faisant route au SSE à environ 10 nœuds, pavillon de guerre allemand hissé. Il hisse le signal MN sur le périscope.
Largué le câble arrière du chalut, venu bout au vent, amené la trinquette et préparé le canot. Aperçu une goélette à 5 milles dans le sud, mais pas de signaux échangés.
Les huit hommes du PROSPER LEON embarquent dans leur canot et viennent accoster le sous-marin. Il y a un officier avec 3 galons et quatre hommes en cirés avec casquettes.
Deux marins allemands en cirés embarquent dans le canot et se rendent sur le PROSPER LEON. Ils affalent par bâbord milieu une bombe en forme d’obus, peinte en rouge, avec une mèche remontant sur le pont qu’ils allument avant de rembarquer dans le canot. Ils reviennent sur le sous-marin et l’explosion se produit 5 minutes plus tard. Le côté du voilier s’ouvre en grand et il coule à pic sur son chalut.
Le canot est alors amarré derrière le sous-marin qui se dirige à 7 ou 8 nœuds vers une goélette à 3 ou 4 milles dans l’ESE, à 5 milles de terre. Au bout d’une heure, le commandant du sous-marin veut faire rembarquer les huit hommes dans leur canot. Mais en le halant le long du bord, celui-ci se remplit d’eau, se retourne et coule. La bosse est alors larguée et on fait descendre les huit hommes dans le poste équipage en leur disant : « petit bateau… là-bas…envoyer vous à bord… » Le sous-marin change alors de route et abandonne la poursuite.
Le poste d’équipage est situé sur l’avant du blockhaus et sur l’avant des moteurs. Il y a un grand numéro en chiffres de 30 cm : 49. Mais un morceau de toile cache ce qui est écrit avant le numéro.
Il y a six lits métalliques superposés deux à deux, avec une petite armoire au dessus. Il y a un fourneau de cuisine à pétrole dans un coin et, sur l’avant une sorte de cale où sont entreposés des vivres, notamment de la viande accrochée à un barrot.
Au milieu se trouvent des mines rondes de 0,80 m de diamètre, noires, recouvertes d’une toile et, dans un parc, un assez grand nombre de bombes identiques à celle décrite plus haut.
Il y a environ 25 hommes dans le sous-marin, les uns en cirés, et ceux de la bordée au repos dans le poste en chemise de laine. La plupart portent un bonnet de marin, mais sans pompon, avec l’inscription approximative « Unterboote Flottille Flandern ».
Personne n’est interrogé par les Allemands, sauf les trois plus jeunes auxquels un officier (sans doute l’ingénieur mécanicien), demande leur âge. Ils ont répondu 30, 17 et 16 ans, sans autres détails.
Au bout d’une heure et demie, le patron Le Port est appelé sur le kiosque pour héler le dundee de pêche CAMILLE AMELIE qui se trouve à environ 20 milles dans le SWqW de Chassiron, sur ses filets.
En voyant le sous-marin, le patron Raude, du CAMILLE AMELIE, file son chalut par le bout et fait toute voiles pour s’éloigner. Mais il se fait des avaries dans son flèche et dans ses petites voiles. Le sous-marin gagnant, un matelot allemand vient sur l’avant du kiosque et, en un tour de main, démasque la pièce d’artillerie. Voyant cela, le patron Raude vient bout au vent et attend. Sur les signes faits par le patron Le Port, qu’il prend pour un homme du sous-marin, il fait embarquer son équipage dans le canot et vient accoster le sous-marin.
C’est alors qu’il reconnaît le patron du PROSPER LEON qui lui explique ce qu’on attend de lui. L’équipage rejoint alors son bord et un homme effectue le transfert de ceux du PROSPER LEON, faisant le va et vient entre le sous-marin et le dundee. Une fois tout le monde transbordé, le commandant du sous-marin fait signe au CAMILLE AMELIE de s’éloigner et met le cap sur la fumée d’un vapeur aperçu vers le nord.
Description du sous-marin
Kiosque de forme ogivale en tôle pleine. Trou d’homme au milieu. Echelon sur l’arrière.
Deux périscopes inégaux, constamment manœuvrés par un homme, avec petit oculaire rond.
Deux filières en fils d’acier de l’avant à l’arrière, par dessus le blockhaus.
Canon d’environ 75 mm avec capot très maniable, enlevé très rapidement par un seul homme.
Pas de projecteur et pas de mât TSF
Vieille peinture gris clair, commençant à se couvrir d’algues.
Voici le dessin de l’UC 18 exécuté par le patron Le Port

Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 18 de l’OL Wilhelm Kiel (voir SAINT YVES)
Voici un résumé de l’action du 19 Février 1917 qui vit la disparition de l’UC 18. Celui-ci attaqua la LADY OLIVE (bateau-piège Q 18) à 06h30 du matin, le canonnant à 3 milles de distance. Puis il s’approcha. A 07h10, le Q 18 risposta, mit ses deux premiers coups à la base du kiosque, tandis que le 3e coup mit le canon hors service et tua le pointeur. Six autres coups furent tirés sur le sous-marin dont l’un tua un homme dans le kiosque (peut être le commandant Kiel).
Le sous-marin s’immergea et ne reparut pas.
Le LADY OLIVE, gravement touché, dut être abandonné et coula. L’équipage du LV Frank se retrouva dans les canots. Ils étaient plus de 80 dans trois canots prévus pour environ 60 naufragés seulement, ayant du abandonner les radeaux sur lesquels les hommes risquaient de mourir de froid.
C’est seulement le 20 au soir que les naufragés furent recueillis, les uns par un chalutier anglais, les autres par le torpilleur français DUNOIS, alors aux prises avec un sous-marin.
Cdlt