Eugène-et-Eugénie ― Dundee de 46 tx, propriété de l’armement Adrien Barbotin, d'Ars-en-Ré. Coulé le 15 juin 1917 au moyen de charges explosives par le sous-marin allemand UC-48 (Oberleutnant zur See Kurt Ramien) à 8 milles dans le S. 80 W. du phare de La Banche (situé dans l’estuaire de la Loire, face à La Baule), [ J.-P. C. : Liste chronologique des pertes de la Marine marchande (1914-1918) ; uboat.net].
• Vedette automobile n° 30 – alors commandée par le second maître de timonerie Le Bot –, Journal de bord n° 1/1917 – 17 mars ~ 23 juill. 1917 – : Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Journaux des unités, SS Y 618, p. num. 29.
Traversée Saint Martin de Ré – Locqmariaquer avec 65 tonnes de chaux hydraulique pour les ostréiculteurs de la région, en 1740 sacs.
La perte d’EUGENE EUGENIE
Le capitaine de ce petit voilier s’est toujours tenu le plus près possible de terre. A 06h00 le 15 Juin, il était près de la bouée du port d’Yeu. A 10h00 le même jour, ayant profité d’une jolie brise, il était en dedans de la bouée des Bœufs et dans l’après midi aux environs du phare de La Banche.
A 19h30 le même jour, il était à 8 milles dans le S80W de ce phare, courant au plus près bâbord amures par petite brise de NNW. Beau temps, visibilité excellente. AU Nord on voyait les fumées d’un convoi venant de Port Haliguen et faisant route au Sud.
Aperçu au vent, à 1500 m, un sous-marin cap à l’Ouest qui lui envoya un coup de mitrailleuse. Il essaya de continuer sa route vers la terre, mais le sous-marin tira encore 4 coups dans sa direction. Il mit en panne et abandonna le voilier, embarquant dans le canot avec son matelot et son mousse.
Le sous-marin approcha en plongée et n’émergea qu’après avoir fait le tour du dundee. Un officier, sans doute le commandant, apparut alors avec 5 hommes et lui donna l’ordre d’accoster à tribord. Il parlait très correctement le français. Deux hommes du sous-marin prirent place dans l’embarcation et se firent conduire à bord du dundee sur lequel ils placèrent 4 bombes, 2 sur bâbord avant et 2 sur tribord arrière. Ils revinrent à leur bord sans rien emporter. L’explosion des bombes se produisit à 19h45 et le dundee coula aussitôt. Le sous-marin plongea et se dirigea vers le convoi dont on voyait les bâtiments à l’horizon. Il n’est d’ailleurs rien arrivé de fâcheux à ce convoi.
Une vedette de l’escorte du convoi approcha de l’embarcation et se fit rendre compte de ce qui s’était passé.
L’embarcation d’EUGENE EUGENIE a ensuite rallié Le Croisic.
Description du sous-marin
Bien qu’ayant vu le sous-marin de très près, le capitaine et les hommes du dundee n’ont pu en donner une description très complète.
60 m de long
Peinture grise très sale (long séjour à la mer)
Etrave surélevée
Canon à l’avant et mitrailleuse à l’arrière
Antennes habituelles de réception seulement sur l’avant
Série de ronds peints en noir à la flottaison
Pas vu, ni tubes lance-torpilles, ni dispositif de mouillage de mines, ni mât TSF, ni projecteur, ni embarcation. Il émergeait et plongeait très rapidement.
Conclusion de la commission d’enquête
Rien ne peut être reproché au patron d’EUGENE EUGENIE. Il a eu soin de naviguer à proximité de terre autant que les vents le lui ont permis. L’escorte dont il voyait les fumées était à peine visible à l’horizon et ne pouvait lui être d’aucun secours. Il était complètement à la merci du sous-marin et s’il n’avait pas abandonné il aurait vraisemblablement été mitraillé ainsi que son équipage, et son dundee coulé tout aussi facilement.
Il a sauvé son rôle et les papiers de douane.
Il serait à désirer qu’une indemnité soit accordée si possible au patron de ce dundee qui n’était pas assuré.
Rapport du patron de la vedette n° 30, 1er maître timonier LE BOT, à l’Enseigne de Vaisseau commandant le groupe des vedettes de Belle-Ile
Rapport d’incident survenu pendant la patrouille d’escorte du convoi Sud dans la soirée du 15 Juin 1917.
Appareillé à 16h00 du Palais. Doublé la pointe de Kerdonis à 16h30 et fait route au S30W. A 17h00, venu au S15E. A 19h05, aperçu le convoi sortant des Cardinaux et marché en tête en faisant des lacets à 200 tours. A 19h35, un avion survole le convoi, puis le quitte vers 20h00.
A 20h45, à 6 milles dans le Sud du Four, rencontré un canot avec l’équipage du voilier EUGENIE qui m’avertit que leur bateau vient d’être coulé par un sous-marin au moyen d’une bombe30 minutes auparavant, à 4 milles dans le SW. Demandé s’il leur fallait du secours. Ils me répondent qu’ils se rendront tout seul au Croisic. Mis aux postes de combat et fait route au SW. Aperçu le mât du dundee qui émergeait encore. Croisé à grande vitesse aux environs de ce dernier pendant une demi-heure. Rien aperçu.
Rallié le convoi et prévenu le chef d’escorte et le premier vapeur. Continué à faire des lacets sur l’avant du convoi.
A 21h40, prévenu un chalutier accompagnant un vapeur venant de Saint-Nazaire qui rallie le convoi. Quitté le convoi à 3 milles dans le S32W du feu de La Banche pour rentrer au Palais et arrivé au Palais à 00h30.
PS : Ce n’est pas à 20h25 mais vers 17h30 qu’EUGENIE a du être coulé à quelques milles dans le SE du convoi descendant composé de 8 vapeurs. Il était alors survolé par un avion. La visibilité était médiocre et l’avion n’a vu l’embarcation des naufragés qu’au moment où ceux-ci discutaient avec l’équipage de la vedette. Il ignorait l’attaque qui venait d’avoir lieu et est allé se poser.
Il est à supposer que la présence de l’avion au dessus du convoi et son passage au dessus de la baie de Guérande a nui à l’attaque que le sous-marin aurait pu tenter contre le convoi. Les naufragés l’ont vu se diriger vers le convoi après la destruction de leur voilier.
Le sous-marin attaquant
C’était donc l’UC 48 de l’Oblt z/s Kurt RAMIEN
Notons que dans tout le dossier le dundee est appelé EUGENE EUGENIE (sans et)