NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

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Ar Brav
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

NOMINOË - Cargo de la Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest (1913-1916)

Nominoë : Vapeur de 4.820 t dw et de 1.250 cv, livré le 13 juin 1913 par les chantiers W. Gray & C° Ltd de West-Hatlepool (Royaume-Uni). Propriété transférée la même année à la Société anonyme des chargeurs de l’Ouest. Torpillé à l’ancre par l’UB-29 (Oberleutnant zur See Herbert Pustkuchen), le 19 mars 1916 en rade de Lowestoft (*).

(*) uboat.net.

Voir le message de Daniel dans le sujet consacré à l'Eugène Pergeline :

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _909_2.htm

La fiche Miramar du Nominoë :

IDNo: 5603592
Year: 1913
Name: NOMINOE
Launch Date: 07.05.1913
Date of completion: 06.1913
Type: Cargo ship
Flag: FRA
Tons: 3155
Yard No: 826
LPP: 97.6
Beam: 14.2
Country of build: GBR
Builder: Gray
Location of yard: W Hartlepool
Number of
screws/Mchy/
Speed(kn): 1T-
Naval or paramilitary marking :
A: *
End: 1916
History:

1913 : NOMINOE (Chargeurs de l'Ouest)

Disposal Data:

sm/t nm SSE Pakefield Gap Buoy 18.03.1916

http://www.miramarshipindex.org.nz/ship/show/164739

Cordialement,
Franck
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Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Ar Brav
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par Ar Brav »

Re,

NOMINOE

Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest
1913
W. Gray & Co.
3 155 tons
320,3 x 46,5 x 21,1
288 n.h.p.
Triple-expansion engines.
The French steamship Nominoe was torpedoed and sunk by a German submarine while lying at anchor off Lowestoft on March 19th, 1916.

Cordialement,
Franck
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Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Rutilius
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par Rutilius »

.
Bonjour à tous,

Autres « vapeurs » exploités par la Société anonyme des chargeurs de l’Ouest, dont le siège social était alors établi à Nantes, au 2, rue Bréa (Selon un extrait d'un registre d’époque) :

Basse-Indre – 1915 – 1.384 tx ;

Breiz-Izel – 1903 – 4.838 tx ;

Charles-Le Cour – 1903 – 2.352 tx ;

Longwy – 1903 – 2.315 tx ;

Saint-Chamond – 1913 – 2.866 tx ;

Neptun [ex-County-Antrim ; ex-Neptun (Miramar Ship Index, ID n° 1093179), sans doute francisé en Neptune] – 1889 – 1.902 tx – Réquisitionné par l’État français – S’échoue sur les roches du plateau de la Banche dans la nuit du 22 au 23 septembre 1919 [Alain Foulonneau et André Meignien : « Naufrages dans l’Estuaire de la Loire », Coiffard Libraire Éditeur, Juin 2007, p. 209 à 212].
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

NOMINOË

Ce navire, qui portait le nom du roi des Bretons entre 846 et 851 (inhumé dans l’abbaye Saint Sauveur de Redon), ne fut pas épargné par la guerre.

Il fut torpillé alors qu’il était en attente au mouillage de Lowestoft, à 5 milles au SSE de Pakefield Gap buoy. Il effectuait un voyage Rouen – Newcastle sur ballast.

Voici le rapport du capitaine au long cours André LE NORMANT, capitaine du NOMINOË.

« Vers minuit, alors que j’étais couché et dormais, j’entendis une forte détonation qui me parut lointaine. Quelques instants après l’homme de quart se précipita chez moi en me disant que nous étions torpillés.
J’ordonnai le branle-bas partout. Le chef mécanicien descendit dans la machine et moi-même j’examinai la muraille du bâtiment à tribord.
De fait, comme j’ai pu m’en rendre compte par la suite, cette première détonation provenait de l’explosion, sur la plage, de la première torpille lancée contre nous et qui nous avait manqué.
La vibration de la coque ainsi que la vue du sillage de la torpille et le bruit que celle-ci faisait en marchant avaient fait croire à un torpillage.

M’étant rendu compte que le navire était droit et qu’il n’enfonçait pas, j’allais descendre sur le pont arrière et j’étais sur l’échelle lorsqu’une seconde détonation, très forte cette fois, se produisit. Toute la partie atteinte du navire vola en éclats. La torpille était venue frapper le côté bâbord du navire, réduisant en miettes l’embarcation de bâbord.
Tout le monde se porte sur celle de tribord. En une minute et demie, la partie arrière du navire est coulée. Coupé avec des haches tout ce qui retient la baleinière au préalable mise en dehors. Débordé pour éviter d’être engloutis. Un moment, le courant nous colle sur le grand mât et nous débordons difficilement.

A quelques mètres du navire, essayé de nous tenir sur les avirons, afin de tenter de rattraper le navire qui ne coulait pas immédiatement, pour sauver le reste du personnel.
Le courant, très fort, nous fait dériver rapidement. Le personnel, très nombreux dans l’embarcation, rend la manœuvre très difficile et la baleinière ne fait que dériver. Nous recueillons le second mécanicien Monsieur ENDERY. Le courant nous porte toujours dans le nord. Aperçu alors un chalutier près de nous et nous crions tous ensemble pour attirer son attention. Le chalutier nous aperçoit et se dirige vers nous. Nous montons à bord où nous sommes très bien accueillis. Avec le chalutier, nous approchons du NOMINOË à petite distance.
J’embarque avec le second et un armement composé de plusieurs matelots de bonne volonté dans la baleinière afin d’aller chercher trois hommes qui manquaient. Le navire avait coulé par l’arrière et le gaillard seul restait hors de l’eau. Nous sommes assez heureux de pouvoir approcher le navire en faisant force de rames et de sauver le premier chauffeur LE CHEVANTON. Il était tout seul à bord et nous dit avoir vu le cuisinier CHARLES disparaître le long du bord. Le chef mécanicien, Monsieur LE NAVENNEC a du être blessé en bas par l’explosion et noyé.

Pendant que nous étions dans l’embarcation, nous avons perçu deux autres détonations qui nous ont fait penser que d’autres navires avaient été torpillés.
Certain qu’il n’y avait plus personne à bord, je suis retourné avec la baleinière vers le chalutier à vapeur et nous avons tous embarqué.
Tous les papiers du bord ont été perdus ainsi que tous les effets du personnel.

Resté avec le chalutier à l’ancre jusqu’au jour sur le lieu du torpillage. De nouveau, avons fait le tour du bord, mais n’avons vu personne. Nous avons débarqué à Lowestoft à 07h00 du matin.

Le personnel a été placé au « sailor’s home » et les officiers à l’hôtel par les soins du consul arrivé presque aussitôt notre débarquement à terre.

Un des hommes de quart, le matelot FAVRON, a dit avoir vu le sillage des deux torpilles venant sur nous. Le second capitaine a vu le sillage de la première que je suppose être passée sous le navire. »

Le sous-marin attaquant

C'était donc l'UB 29 de l'OL Herbert Pustkuchen.

NOMINOË fut d'ailleurs le premier navire coulé par Pustkuchen avec l'UB 29. Il en coula un total de 86 et en endommagea 11.
Ce premier torpillage fit donc deux victimes, le chef mécanicien et le cuisinier.

Il est possible que les explosions suivantes entendues par les hommes du NOMINOË aient été celles des vapeurs

LANGELI 1565 t norvégien Traversée Rouen-Blyth sur ballast
SKODSBORD danois Traversée New Orleans-Halsingborg

tous deux coulés le 20 Mars (NOMINOË ayant été coulé le 19 vers minuit)

Herbert Pustkuchen disparaîtra à bord de l'UC 66 le 1er Juin 1917 par 49°45 N et 05°10 W avec tout son équipage (23 hommes)

Cdlt
olivier
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Terraillon Marc
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

D'aprés la liste de JPC :

18/03 NOMINOE VAPEUR 2889 Torpillé par un sous-marin sur rade de Lowestoft. Chargeurs de l’Ouest, Cargo.

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
dbu55
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par dbu55 »

Bonjour à toutes et à tous,

Article trouvé dans le Nouvelliste du Morbihan N° 70 du mercredi 23 mars 1916 :

Le NOMINOE TORPILLE

Le vapeur Nominoé appartenant à la Société Nantaise des Chargeurs de l'Ouest, dont le siège est rue Bréa, a été, alors qu'il se rendait de Rouen à Newcastle, torpillé dans la mer du Nord.
Aucun autre renseignement n'est parvenu à la Compagnie depuis la confirmation du torpillage.
Le Nominoé avait quitté Rouen le 16 mars dernier. Il avait à bord 25 hommes d'équipage. Deux ont disparu : Le chef-mécanicien François LE NAVENNEC et le cuisinier Jean CHARLES.
Tout le reste de l'équipage est sauf.
Voici, d'ailleur, d'après la liste qui nous a été communiqué la composition de l'équipage qui se trouvait à bord :
André LE NORMAND, Capitaine ; Jean LEMOINE, Second ; Joseph LE FALHER, Lieutenant ; François LE NAVENNEC, Chef-Mécanicien ; Benoît PIDERY, 2ème Mécanicien; Louis HYREL, 3ème Mécanicien ; Jean Marie CHEVANTON, 1er Chauffeur ; Jean CHARLES, Cuisinier ; Jules COCHET, Matelot Maître d'Hôtel ; Jean Yves LE GOUIL, Jean Marie ALLO, Jean Marie POCHIC, Gustave LAPLANCHE, François FANON, Matelots ; Robert LE QUELLEC, Novice ; Félix GEFFROY, Matelot; Pierre DUPUY, Charles PERROT, Jean Baptiste LIE, Louis Marie GOURLAOUEN, François NARRIZANO, Albert AMELING, Chauffeurs ; François LE BLAIN, Xavier LEBEAU, Soutiers ; Achille GUIEL, Mousse.


Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
Rutilius
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,

Éléments complémentaires en majeure partie empruntés à :

— Henri RAYNARD, ancien directeur général de la Compagnie nantaise des Chargeurs de l’Ouest : « Historique des navires (à voile et à vapeur) ayant appartenu au groupe de la " Nantaise " – Premier dossier : Société des voiliers nantais », Monographie dactylographiée, 15 déc. 1975, 45 p.

- – — < ● > — – -


Nominoë — Cargo commandé par la Société des voiliers nantais au chantier William Gray & C° Ltd, de West-Hartlepool (Royaume-Uni). Machine construite par Central Marine Engine Works, de West-Hartlepool. Lancé le 7 mai 1913 et francisé le 13 juin suivant. Après l’absorption de la Société des voiliers nantais par la Société des chargeurs de l’Ouest, propriété du bâtiment transférée le 3 octobre 1913 à la société absorbante. Réquisitionné « un certain temps » par l’État français.

Cargo principalement utilisé pour le transport des charbons, phosphates et minerais ; commandé en premier lieu par le capitaine au long-cours André LE NORMANT. Exemples de voyages :

Juin 1914 : Affrété pour un transport de pavés et de tuyaux de fonte depuis l’Europe jusqu’à Buenos-Aires.

23 octobre ~ 31 janvier 1914 : Rouen ~ Rotterdam ~ Saint-Pétersbourg ~ Cardiff ~ Bizerte ~ Sfax ~ Nantes.

25 février 1915 ~ ... : Le Havre ~ Lisbonne ~ Cardiff.

Torpillé le 19 mars 1916, à minuit, par l’UB-29 (Oberleutnant zur See Herbert Pustkuchen), alors qu’il se trouvait au mouillage, à environ ½ mille du Stanford Channel, au large de Lowestoft (Comté de Suffolk, Royaume-Uni). Deux disparus : François LAENNEC, chef-mécanicien, et Jean CHARLES, cuisinier.


● Caractéristiques du bâtiment.

— Longueur entre perpendiculaires .......................... : 97, 76 m.
— Largeur ............................................................. : 14, 23 m.
— Tirant d’eau en charge ......................................... : 6,10 m.
— Port en lourd ...................................................... : 4.820 t.
— Capacité cubique ................................................. : 6.435 m3.
— Jauge brute ........................................................ : 2.889,53 tx.
— Jauge nette ........................................................ : 1.819,23 tx.
— Puissance de la machine ....................................... : 1.250 cv.
— Vitesse aux essais ............................................... : 10,8 nd.
— Nombre de panneaux ........................................... : 4.

● Constitution de l’équipage.

Équipage normalement constitué de 26 hommes, dont 6 officiers : un capitaine ; un second capitaine ; un lieutenant ; un chef mécanicien ; un deuxième mécanicien ; un troisième mécanicien.

Lors de la perte du bâtiment, l’équipage était ainsi composé :

André LE NORMANT, capitaine (capitaine au long-cours) ;
Jean LEMOINE, second capitaine (capitaine au long-cours) ;
Joseph LE FALHER, lieutenant (capitaine au cabotage) ;
François LAENNEC, chef-mécanicien, disparu ;
Benoît PIDERY, deuxième mécanicien ;
Louis HYREL, troisième mécanicien ;
Jean-Marie CHEVANTON, premier chauffeur ;
Jean CHARLES, cuisinier, disparu ;
Jules COCHET, matelot maître d’hôtel ;
Jean-Yves LE GOUIL,
Jean-Marie ALLO,
Jean-Marie POCHIC,
Gustave LAPLANCHE,
François FARRON, matelots ;
Robert LE QUELLEC, novice ;
Félix GEFFROY, matelot ;
Pierre DUPUY,
Charles PERROT,
Jean-Baptiste LEC,
Louis-Marie GOURLAOUEN,
François MARIZANO,
Albert AMELONG, chauffeurs ;
François-M. LEBLAIS,
Xavier LEBEAU, soutiers ;
Achille GRUEL, mousse.

(V. également L’Ouest-Éclair – éd. de Nantes –, n° 6.128, Vendredi 24 mars 1916, p. 3, en rubrique « Dans la Région »).


● Rapport de mer du capitaine André Le Normant (20 mars 1916).

« Je suis parti de Rouen le jeudi 16 mars 1916 à 6 h. ½ du matin sous la conduite du pilote ; à Villequier, changé de pilote et mouillé vers 12 h. ½ à la Corvette pour attendre la monte d’eau dans la rivière. Débarqué le pilote sur rade du Havre vers 9 h. du soir. Du point de débarquement du pilote, fait route pour passer à 6 milles de la côte française. De ce nouveau point, donné le cap sur Beachy Head ; brume très épaisse ne permettant pas d’apercevoir la terre. Changé de route pour aller trouver Dungeness ; entendu la corne de brume de ce cap. La brume devenant très épaisse et n’y voyant plus, mouillé après avoir doublé Dungeness environ à midi, le 17 mars. Tout l’après-midi et toute la nuit, brume très épaisse, pas de nu. Le 18 mars, à 9h. du matin, la brume se lève légèrement ; aperçu alors autour de nous plusieurs vapeurs au mouillage. Appareillé aussitôt et fait route sur la rade des Dunes. Au moment d’arriver pour passer entre les deux bateaux-feu en face de Folkestone, aperçu devant nous de nombreux navires au mouillage et des patrouilleurs hissant le signal : " Chenal fermé. Mouillez immédiatement."

Mouillé parmi les autre navires. A midi et demie environ, le patrouilleur signale : " Continuez votre voyage." Levé l’ancre et fait route avec les autres navires sur la rade des Dunes ; mouillé vers 2 h. de l’après-midi ; arraisonné à 5 h. ½ du soir le même jour. Le lendemain, à environ 6 h. ½, appareillé et couru sur le bateau-pilote. A 7 h., le pilote monte à bord avec un apprenti. Reçu l’ordre de mouiller à nouveau, le passage n’étant ouvert qu’à partir de 10 h. du matin, et fait route vers le Nord. Arrivé à Gull, le Gard-Ship signale : " Tout trafic arrêté vers le Nord." ; il tire en même temps un coup de canon à blanc. Retourné sur la rade des Dunes. A peine y arrivons nous que l’ordre est donné de continuer le voyage. Remonté vers le Nord, mais après avoir fait environ 8 milles, un contre-torpilleur nous arrête et nous signale : " Stoppez et mouillez immédiatement." Resté environ 1 h. 15 à l’ancre avec une trentaine de vapeurs autour de nous.

Le contre-torpilleur hisse alors : " Continuez votre voyage." Appareillé ainsi que les autres vapeurs et fait route vers le Nord avec la plus grande vitesse, afin d’essayer d’attraper la rade de Yarmouth avant la nuit. A 7 h. 15 du soir, n’y voyant plus du tout, mouillé à environ ½ mille de Stanford Channel ; réglé le service de nuit par bordées, comme le navire en route.

A minuit, entendu une forte détonation. Quelques instants après, l’homme de quart, qui se trouvait sur le spardeck, signale que nous sommes torpillés. Branle-bas partout. Le chef-mécanicien descend dans sa machine pour se rendre compte s’il n’y avait pas d’eau en bas. Moi-même, après avoir examiné le long du bord, à tribord, j’allais descendre sur le pont arrière et j’étais dans l’échelle lorsqu’à nouveau une forte explosion se produisit. Toute la partie atteinte du navire vole en éclats. La torpille est venue frapper sur le côté bâbord du navire, réduisant en miettes l’embarcation de bâbord. Tout le monde se porte sur celle de tribord. Dans une minute et demie, la partie arrière du navire est coulée. Coupé avec des haches tout ce qui retient les baleinières et débordé pour éviter d’être engloutis. Un moment, le courant nous colle sur le grand mât ; nous débordons difficilement.

A quelques mètres du navire, essayé de nous tenir dans les environs afin de tâcher de rapprocher le navire s’il ne coulait pas aussitôt, afin de sauver le reste du personnel. Le courant, très fort, nous fait dériver rapidement. Le personnel, très nombreux dans l’embar-cation, rend la nage très difficile et la baleinière ne fait que dériver. Dans les débris, aperçu le petit canot sur lequel nous nous dirigeâmes pour recueillir le deuxième mécanicien, M. Pidery. Le courant nous porte toujours dans le Nord ; aperçu alors un chalutier assez près de nous. Le chalutier nous aperçoit et se dirige vers nous et nous montons à bord où nous sommes très bien reçus.

Avec le chalutier, nous approchons du Nominoë et, à petite distance du Nominoë, j’embarque, ainsi que le second, dans la baleinière de sauvetage, l’armement composé de plusieurs matelots de bonne volonté afin d’aller rechercher trois hommes qui manquaient. Nous sommes assez heureux d’approcher le navire en faisant force de rames et de sauver le premier chauffeur, nommé Chevanton. Il était tout seul à bord et nous dit avoir vu le cuisinier Charles disparaître le long du bord. Le chef-mécanicien, M. Laennec, a dû être blessé en bas par l’explosion et noyé. Certain qu’il n’y avait plus personne à bord, je suis retourné avec la baleinière retrouver le chalutier à vapeur où nous avons tous embarqué.

Tous les papiers du bord ont été perdus.

Resté avec le chalutier à l’ancre jusqu’au jour sur le lieu du torpillage. A nouveau, nous avons fait le tour du bord et n’avons vu personne. Nous avons débarqué à Lowestoft à 7 h. du matin. Tous les effets du personnel ont été perdus. Le personnel a été placé au " Sailor Home " et les officiers à l’hôtel, par les soins du Consul qui est arrivé presqu’aussitôt notre débarquement à terre. Un des hommes de quart, nommé Farron, a vu les sillages de deux torpilles venant sur nous et le second capitaine le sillage de la première torpille qui, mal dirigée, ne nous a pas atteints. Le navire repose sur le fond par l’arrière, mais la partie avant du navire, le " gaillard ", est en dehors de l’eau, s’affaissant doucement.

Lowestoft, le 20 mars 1916.

Le Capitaine,
Signé : A. LE NORMANT.

J. LEMOINE, Second capitaine ;
B. PIDERY, Deuxième mécanicien ;
LE FALHER, Lieutenant ;
L. HYREL, Troisième mécanicien.

Les hommes d’équipage :

J. CHEVANTON ; G. LAPLANCHE ; F. GEOFFROY ; J. LE GOUIL ; J.-M. POCHIC ; J.-M. ALLO ; F. FARRON ; J. COCHET ; R. LEQUELLEC ; A. GRUEL ; A. AMELONG ; G. DUPUY ; C. PERROT ; F. MARIZANO ; J.-B. LEC ; L. GOURLAOUEN ; X. LEBEAU ; F.-M. LEBLAIS.

Affirmé par Nous, Agent consulaire de France à Lowestoft.
Copie certifiée conforme à l’original.

Londres, le 30 mars 1916.
Le Vice-consul chargé de la Chancellerie,


Signé : Illisible. »

________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par Memgam »

Bonjour,

..."UB29, enseigne de vaisseau Pustkuchen, du 19 au 20 mars, du 23 au 26 mars et du 4 au 8 avril 1916.

La première croisière de l'UB29 le conduisit devant Lowestoft. Le 20 mars avant le jour, il attaqua en surface des navires sans marques de coque qui étaient mouillés près de la côte.
Le 20, le vapeur norvégien Langeli, 1566 tx, le français Nominoé, 2889 tx et le danois Skodsborg, 1697 tx, furent coulés à la torpille..."

Source : Arno Sindler, La guerre sous-marine III, d'octobre 1915 à janvier 1917, Payot, 1935, page 170.

Cordialement.
Memgam
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markab
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par markab »

Bonjour,

La fiche Miramar du NOMINOË :

NOMINOE A.jpg
NOMINOE A.jpg (98.31 Kio) Consulté 389 fois
NOMINOE B.jpg
NOMINOE B.jpg (40.05 Kio) Consulté 389 fois

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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markab
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Re: NOMINOË - Société Anonyme des Chargeurs de l'Ouest

Message par markab »

Bonjour,

Un lien vers le site Wrecksite et la fiche du NOMINOË : https://www.wrecksite.eu/wreck.aspx?70180

A bientôt.
Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
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