Petite énigme

[christophe lagrange]

Bonsoir,

Je vous soumets une petite énigme concernant mon GP Jean LAGRANGE né en 03/1891 donc a priori classe 1911.
Sa fiche matriculaire indique qu'il était classé dans la 1ère partie de la liste en 1912
Sur sa fiche matriculaire et son livret militaire il apparaît qu'il arrive au corps (90è RI) le 09/10/1912.
Or j'ai une copie de son Brevet aptitude militaire (BAM) daté du 29/07/1912 obtenu au 23è RIC indiquant qu'il peut être nommé caporal. Il sera nommé Caporal le 22/02/1913.
Pourquoi cet écart de 3 mois entre le BAM et l'incorporation ? Aurait-il suivi une préparation militaire ou son service militaire a-t-il débuté avant sa date d'incorporation ?
Que vient faire le 23è RIC ici ? C'est aussi auprès du dépôt du 23è RIC Caserne Lourcine qu'il reçoit son pécule le 16/08/1919, jour de sa démobilisation...
Si l'un ou l'une d'entre vous peut m'expliquer, merci d'avance.

Cordialement,

Christophe

[mireille salvini]

bonjour à tous
bonjour Christophe,

je pensais que l'on vous répondrait mieux que moi,aussi j'ai un peu attendu
je me décide alors à vous faire part de ce que je sais

en fait,tout est assez logique
-la date d'incorporation classique était toujours fixée au mois d'Octobre,entre le 1er et le 10,l'année des 21 ans de l'appelé
même si la classe était dite aux 20 ans....né en 1891,classe 1911,incorporation octobre 1912
cette incorporation intervenait après les grandes manoeuvres de l'été

-le Brevet d'Aptitude Militaire:
les jeunes gens sportifs et volontaires pouvaient dès l'âge de 18 ans demander à être formés pour passer ce fameux brevet
son obtention permettait de devancer l'appel,mais le plus souvent le candidat le passait dans les quelques mois précédant son incorporation
en effet,il pouvait alors choisir son corps d'affectation (par ordre de mérite),parmi les corps stationnés dans la région du domicile et parmi ceux alimentés par le bureau de recrutement dont il relevait
de plus,il était d'emblée élève-caporal à son arrivée,le passage au grade de caporal se faisant beaucoup plus vite aussi (après 4 mois de service)
enfin,s'il avait passé une épreuve spéciale en complément du B.A.P, il pouvait être nommé titulaire d'un emploi correspondant (vélocipédistes,musiciens,etc...) dans l'éventualité d'une mobilisation

les élèves-officiers avaient l'obligation de passer ce brevet,avec des épreuves spéciales en plus

les organismes chargés de la formation et validation du B.A.P étaient des S.A.G=sociétés agréées par le ministère de la Guerre
elles étaient officiellement chargées de "la préparation et du perfectionnement militaire,ainsi que de l'éducation sportive"
elles fonctionnaient sous la direction et le contrôle technique du général commandant la subdivision de région dans laquelle elles avaient leur siège
l'autorité militaire mettait à leur disposition des instructeurs ,du matériel (fusils,munitions...) et les locaux ainsi que les terrains ,champs de tir etc........tout cela gratuitement
chaque SAG était donc associée à une garnison,d'où l'explication du 23ème RIC et de la caserne Lourcine
le fait que votre GP ait touché son pécule de démobilisation à cette caserne doit obéir à une logique,mais je n'ai pas les textes qui me permettraient de l'expliquer

mes sources:manuel d'infanterie à l'usage des sous-officiers,candidats sous-officiers,caporaux et élèves-caporaux,1914

si vous êtes intéressé par le programme d'instruction (et les épreuves de passage) du Brevet d'Aptitude Militaire,je peux en faire des scans

en espérant avoir répondu à certaines de vos questions,
amicalement,
Mireille

[christophe lagrange]

Bonsoir Mireille,

Votre réponse est plus que satisfaisante.
Elle est très explicite. Merci beaucoup. La caserne Lourcine était située Bld de Port Royal à Paris d'après ce que j'ai pu trouver. Le GP demeurait aussi à Paris.
Votre proposition de scan m'intéresse beaucoup :je vous communique par MP une autre adresse.

@micalement,
Christophe

[mireille salvini]

bonsoir à tous

une petite image,publicité de 1912, pour illustrer le sujet:



amicalement,
Mireille