Bonjour à tous,
Un complément sur le MARTHE ROUX, qui reprend beaucoup de
renseignements déjà donnés ci-dessus par Alain.
MARTHE ROUX
Trois-mâts barque à coffre type B des chantiers de la Loire, construit à Nantes en 1899 pour la Société des Voiliers Français du Havre.
Caractéristiques
1962 tx JB 2500 tpl
Longueur 76 m Largeur 11,70 m Creux 7,20 m Profondeur de carène 6,90 m
Surface de voilure 2640 m2
Incidents de navigation
Outre le démâtage rapporté dans le post ci-dessus, le capitaine Lacroix a recueilli de la bouche du capitaine Garnier, l’un de ses camarades de promotion au cours de CLC, le récit suivant :
« Garnier, qui navigua seize ans aux Voiliers Parisiens, garda longtemps le commandement du MARTHE ROUX. Il a gardé le souvenir d’une nuit tragique qui donne une idée de la mesure des hommes de ce temps.
Le navire était en fuite avec trop de toile. Les deux bordées furent appelées pour carguer et serrer les perroquets. C’est alors que le second capitaine et le maître d’équipage furent enlevés par un coup de mer qui balaya le navire de bout en bout. Mais la lame suivante les ramena à bord sans qu’ils aient pu expliquer comment.
Le second capitaine raconta que s’étant rendu compte de ce qui s’était passé, il se laissa couler volontairement sachant qu’on ne pouvait lui porter secours. En quelques secondes, il revit toute sa vie antérieure quand un choc brutal le ranima : il s’aperçut alors qu’il était à nouveau à bord.
Quant au maître d’équipage, il était passé par un sabord de décharge dont le volet, en se rabattant, l’avait fortement contusionné. Il fut installé dans une baille à drisses faute de pouvoir le soigner à l’instant.
Il fallut beaucoup de temps pour réduire la voilure aux deux huniers fixes et la nuit fut terrible. Au matin, on essaya de rectifier le brasseyage en désordre. Le second capitaine avait repris son service. Le maître d’équipage voulut en faire autant mais, affaibli, il n’avait plus la résistance nécessaire pour se tenir aux filières. A l’endroit même où il avait été enlevé la veille une lame le balaya à nouveau et, cette fois, il ne reparut pas. »
La perte du MARTHE ROUX
Effectue une traversée Black River (Jamaïque) – Port Saint Louis du Rhône avec une cargaison de 2000 tonnes de bois de campêche, sous les ordres du capitaine Ange Benoit, inscrit à Nantes..
Armateur Gillet et Fils de Lyon.
L’équipage se compose de 23 hommes dont
- 19 Français
- 2 Hollandais de Curaçao
- 1 Anglais de La Dominique
Le 3 Juillet 1917 vers 18h00 il se trouve au large de la côte algérienne dans le NNE du cap Ivi.
Jolie brise de NNE, grosse houle et visibilité 5 milles environ.
Soudain un sous-marin venant du Nord est aperçu s’approchant à 7 ou 8 nœuds et 4 coups de canons sont tirés dans un intervalle d’un quart d’heure environ. Le premier obus tombe à environ 100 m sur tribord. Les autres passent au dessus du voilier. Au 2e coup de canon le capitaine ordonne l’évacuation et l’équipage prend place dans les baleinières. Aucun coup de canon n’est tiré après l’abandon.
Le sous-marin se rapproche à 200 m sur bâbord et fait signe à l’embarcation du capitaine de l’accoster. Un officier et deux marins munis de bombes montent dans le canot et vont poser les bombes sur le voilier. Puis le canot les ramène à bord du sous-marin et les deux embarcations font route vers la terre.
Le sous-marin fait le tour des embarcations, puis s’éloigne vers le Nord. Les bombes explosent et le voilier sombre à 19h25 en se couchant sur tribord.
Description du sous-marin
Aucune silhouette du submersible n’a pu être dessinée en raison de l’obscurité.
Mais il s’agissait d’un sous-marin d’environ 60 m muni de filières en acier courant tout le long du bord.
Kiosque central d’environ 4 m de longueur.
Un grand canon à poste fixe sur l’avant du blockhaus, calibre au moins 100 mm.
Le commandant en tenue kaki avec deux galons, 22/24 ans, grand, blond.
Second petit, blond, tenue kaki sans galons mais portant plusieurs décorations et une casquette blanche.
Nota : au vu de ces descriptions, on se demande si l’équipage n’a pas confondu commandant et second, inversant les personnages. Klasing était Kapitänleutnant (en principe 3 galons) et il avait 34 ans. C’est sans doute lui qui portait des décorations. Reste à savoir s’il était petit ou grand
Equipage : tricots, pantalons kaki, bonnet avec ruban dont on n’a pu lire l’inscription. Certains marins étaient torse nu.
Sous-marin attaquant
C’était l’U 34 du KL Johannes Klasing.
Nous avons déjà rencontré ce commandant à propos du MONT VISO qu’il avait coulé 4 jours plus tôt.
Conclusions de la commission d'enquête
Etant donné que le MARTHE ROUX ne possédait aucun moyen de défense et qu'il ne pouvait chercher son salut dans la fuite, la conduite du capitaine ne donne lieu à aucune critique, si ce n'est celle d'avoir du laisser les papiers du bord et le pavillon dans les mains de l'ennemi.
Cdlt