GUADELOUPE
Paquebot mixte en acier lancé le 15/02/1906 aux chantiers de Penhoët à Saint Nazaire pour la Compagnie Générale Transatlantique.
Mis en service en Septembre 1907 sur la ligne de Colon.
6586 tx JB 3465 tpl
Longueur 131, 90 m Largeur 15,90 m
Moteur à pilon à triple expansion à trois cylindres. 6200 cv.
Vitesse 16 nds.
2 hélices.
Voici deux vues du GUADELOUPE.


Nota : la 2e carte postale a aussi servi, après modification, grossière d’ailleurs, du nom figurant au tableau arrière, à représenter le paquebot PEROU, sister-ship du GUADELOUPE, mais lancé en 1908 au même chantier (construit sous le nom de FORT DE FRANCE).
Ne pas confondre ce GUADELOUPE, premier du nom, avec le second ainsi baptisé en 1929 et qui était l’ancien CHICAGO, également lancé en 1908 au chantier de Penhoët. Le CHICAGO avait une jauge brute de 11110 tx et une longueur de 160 m.
La perte du GUADELOUPE.
Le 21 Mars 1915, le consul de France à Bahia écrit au Ministre de la Marine Augagneur, à Paris :
« J’ai l’honneur de vous faire connaître que le paquebot GUADELOUPE, parti de Buenos Ayres le 13 Février dernier, a été pris le 23 et coulé le 25 du même mois par le croiseur auxiliaire allemand KRONPRINZ WILHELM par 06° sud et 28° ouest. Les 151 hommes d’équipage et les 132 passagers ont été transbordés avec leurs bagages et la poste sur le vapeur anglais CHASEHILL, de Londres et ramenés sains et saufs à Pernambouc le 12 Mars courant.
Dès que j’ai eu connaissance de leur débarquement, j’ai demandé à notre agent consulaire de pourvoir à leurs besoins. J’ai pris les dispositions pour les rapatrier par le vapeur GARONNA de la Compagnie Sud-Atlantique, qui devait faire escale à Bahia le 16 Mars. Le navire les a pris à son bord le 19 et est parti le lendemain de Pernambouc pour Dakar, après avoir reçu instructions de votre département sur la route à suivre.
Je vous adresse ci-joint le rapport du capitaine Jasseau, commandant du Guadeloupe concernant la capture de son bâtiment. »
Voici le GARONNA qui rapatria les naufragés.

Le rapport du capitaine JASSEAU indique :
« Le 22 Février 1915, à 07h40, nous rencontrons un paquebot qui hisse le pavillon allemand et tire un coup de canon à blanc. Nos passagers furent un peu affolés.
J’ai stoppé et sifflé deux coups longs.
Des officiers et marins allemands armés sont alors montés à bord et m’ont signifié la prise de possession de la GUADELOUPE. Ils se sont emparés de tous les papiers du bord et ont commandé la manœuvre. A 13h00, ils se sont approchés du cargo anglais CHASEHILL, de Londres, capturé la veille. Nous avons fait route de conserve et à 16h00, le KRONPRINZ WILHELM nous a accosté. Equipage et passagers ont été transférés à son bord. Bagages et poste furent aussi transbordés et les trois navires ont continué à faire route toute la nuit.
Le 23 au matin, les Allemands ont pillé la GUADELOUPE, s’emparant de vivres, matériel, et tout ce qui pouvait leur être utile, tant dans les cales que dans les emménagements. Ils ont continué le lendemain et le 25 vers 20h00, autant que j’ai pu m’en rendre compte, vu que nous étions enfermés, ils ont coulé la GUADELOUPE.
Le commandant allemand nous a fait promesse de nous rendre la liberté si nous acceptions de signer un engagement à ne pas prendre les armes contre l’Allemagne jusqu’à la fin de la guerre.
Ils ont ensuite procédé à l’embarquement du charbon du CHASEHILL. Puis le 9 Mars vers 19h00 ils ont transbordé tous les prisonniers, ainsi que leurs bagages, sur ce navire.
Ils y ont aussi embarqué trois jours de vivres.
Le 9 Mars au soir nous avons fait route sur Pernambouc, sous la direction du capitaine anglais. Nous sommes arrivés le 12 Mars.
Sans avoir été maltraités sur le KRONPRINZ WILHELM, je pense cependant pouvoir dire que nous avons été parqués à 350 dans un espace trop étroit et trop peu aéré. »
Un différent va cependant surgir avec les Anglais. Le consul de Bahia écrit à nouveau, quelques jours plus tard, au Ministre de la Marine.
« J’ai l’honneur de vous faire connaître que lors du transbordement des passagers et de l’équipage du paquebot GUADELOUPE sur le CHASEHILL, le commandant du KRONPRINZ WILHELM fit remettre à bord du navire anglais cinq grands canots et les radeaux du GUADELOUPE pour servir, en cas d’accident, au sauvetage des occupants du cargo.
A son arrivée à Pernambouc, le capitaine du GUADELOUPE (qui a d’ailleurs omis de le consigner dans son rapport) à demandé à notre agent consulaire de faire les démarches pour que ce matériel soit restitué à la Compagnie Générale Transatlantique.
Après pourparlers avec le consul de Grande Bretagne, le capitaine du CHASEHILL a prétendu conserver les canots sous prétexte qu’ils étaient un cadeau du commandant allemand…. »
Bref, ces satanés Anglais voulaient nous piquer nos canots !
Finalement, les canots et les radeaux furent entreposés dans des magasins de la Société du port, (sans droit de douane d’entrée grâce à la vigilance du consul) en attendant leur expédition sur Bordeaux par un autre vapeur de la Transat.
On n’était pas passé loin de l’incident diplomatique !
Cdlt