Entre les lignes...

A Malinowski
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Re: Entre les lignes...

Message par A Malinowski »

Ministère de la guerre
Cabinet du ministre
Services civils
Note de service pour le Grand Quartier Général
Confidentiel

Demande :
Paris,
M. Pierre, secrétaire général de la Présidence, a adressé au Ministre une lettre de M. Laniel, député du Calvados, signalant l’attitude regrettable tenue à son égard par le Capitaine de la gare de Pierrefonds-les-Bains ( Oise).
Prière de vouloir bien donner au Cabinet du Ministre, services civils, toutes explications utiles à ce sujet.
Le contrôleur général chargé de la direction des services civils du Cabinet du Ministre.
Signé : Boone.

Réponse :
Paris, G.Q.G le 31 janvier 1916
Ci-joint rapport du Général de Division, inspecteur général des services à l’arrière à ce sujet, avec avis conforme à celui de cet officier général.
J’estime que les observations faites au Capitaine Coelle soit une sanction suffisante.

G.Q.G.
Bureau du personnel N° 2829.P
Transmis à la direction de l’arrière.
Au G.Q.G. le 25 janvier 1916
P.O. le lieutenant-colonel chef du bureau du personnel
Signé : Bel.


Monsieur le Ministre de la Guerre
Copie :
Paris, le 8 janvier 1916
Monsieur le Ministre,
L’honorable M. Henri Laniel, Député du Calvados, vient de m’adresser, en me priant de vous la transmettre, une lettre par laquelle il vous signale l’attitude regrettable tenue à son égard par le Capitaine de la gare de Pierrefonds-les Bains ( Oise).
J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien faire procéder d’urgence à l’enquête réclamée par M. Laniel et de m’aviser des mesures que vous aurez cru devoir prendre.
Agréez, Monsieur le Ministre, l’assurance de ma haute considération.
Le Président de la Chambre des Députés pour le Président et par autorisation : le secrétaire général de la présidence
Signé : Pierre


Copie
Paris, le 5 janvier 1916
Monsieur le Ministre,
J’ai l’honneur de vous exposer les faits suivants :
M’étant rendu le 31 décembre dernier à Pierrefonds-les-Bains ( Oise), je remarquai en traversant à mon arrivée, la gare de cette ville qu’un certain nombre de civils et de militaires y achetaient les journaux qui venaient d’y être apportés par le train de Paris.
Le lendemain 1er janvier, à la même heure, je me rendis dans ce même but à la gare, j’y pénétrai après avoir présenté mon laissez-passer au gendarme de faction et je me dirigeai vers la marchande de journaux qui venait de commencer sa vente.
Près d’elle se trouvait un second gendarme.
”Que désirez-vous Monsieur?” me dit-il, “Acheter un journal? Demandez la permission au Capitaine de gare”.
Je me dirigeai immédiatement vers cet officier, qui se trouvait à quelques mètres de là et, chapeau bas, je lui dis :
- Voudriez-vous mon Capitaine m’autoriser à acheter un journal?
- avez-vous un laissez-passer?
- Oui, mon Capitaine, un laissez-passer permanent, et je lui présentai le laissez-passer tricolore que le G.Q.G. à fait remettre aux membres du Parlement.
- C’est bien prenez la queue.
- Et comme je me dirigeais vers l’extrémité de la queue ...
- A propos, vous prenez bien le train.
- Non, mon Capitaine pas aujourd’hui.
- Oh alors retirez-vous immédiatement. Votre laissez-passer vous donne le droit de prendre le train; il ne vous autorise pas à venir à la gare pour y acheter un journal.
- Mais, je croyais que ...
- Ah! ça par exemple, interrompit le Capitaine en élevant la voix jusqu’à crier à tue-tête pensez-vous par hasard que je sois ici pour vous fournir des explications. Foutez-moi le camp et un peu vite, déguerpissez d’ici et rapidement.
Voyant que j’avais à faire à un forcené et un nombreux public dont une quarantaine de militaires, assistant à la scène, je tins à éviter toute esclandre et je me retirai sans mot dire.
En même temps que moi sortait de la gare un sergent de la Division Marocaine : “C’est vraiment malheureux, me dit-il, de voir un civil aussi poli que vous si salement engueulé (sic) par un officier.”
Le lendemain j’appris que quatre officiers du service de la place qui étaient allés comme moi à la gare acheter leur journal, avaient assisté à la scène, l’avaient racontée au commandant d’armes en lui disant qu’ils étaient indignés de l’insolente brutalité avec laquelle un député venait d’être mis à la porte de la gare par le Capitaine commissaire.
Je crois d’ailleurs pouvoir dire que l’indignation de ces officiers a été partagée par toute la population de Pierrefonds qui n’a pas tardé à apprendre ce qui venait de se passer.
Le Capitaine de gare dont il s’agit se nomme Coelle.
Je viens, Monsieur le Ministre, vous prier de vouloir bien ordonner une enquête sur les faits que j’ai l’honneur de porter à votre connaissance et je vous serai reconnaissant de vouloir bien en suite de cette enquête, donner à ma plainte toute suite que vous jugerez légitime.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mes sentiments de haute considération.
Signé : Laniel, Député du Calvados.

CCM 04 janvier 2007
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Stephan @gosto
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Re: Entre les lignes...

Message par Stephan @gosto »

Bonjour Alain,

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Amicalement,

Stéphan
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A Malinowski
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Re: Entre les lignes...

Message par A Malinowski »

Merci Stéphan. A quand une visite au SHD ? Alain
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