Bonjour à tous,
Un complément sur ALPHONSE CONSEIL
Vapeur de 2590 tpl 1590 tx JB
Armateur : Société des Affréteurs Réunis
La perte de l'ALPHONSE CONSEIL
Le navire effectue une traversée Nantes – Oran avec un chargement de fûts vides et de divers.
Le 6 Janvier 1917 à 21h00, il se trouve à environ 180 milles dans l'WNW de La Corogne, faisant route au S23W à 8 nœuds.
Ciel nuageux. Lune éclairant par moments. Mer houleuse de NW.
C'est alors que, sans aucun avertissement, il reçoit une torpille qui explose sous la flottaison par le travers du panneau 2. Le navire est immédiatement sectionné en deux, la partie centrale qui comporte la machine restant attachée à l'arrière. Deux hommes sont tués : le cuisinier et un chauffeur qui se trouvait sur l'avant et a disparu quand cette partie a sombré.
L'équipage abandonne le navire dans le calme. Lorsqu'ils sont dans les embarcations, le sous-marin est aperçu et s'approche de celle du capitaine qui monte à bord.
Le commandant l'interroge sur nom du navire, tonnage, cargaison, provenance et destination. Puis il lui déclare qu'il l'a torpillé sans avertissement car il naviguait sans feux et il a aperçu un gros canon sur l'arrière. Il l'a pris pour un bâtiment de guerre.
Il passe alors des remorques aux deux embarcations et va les remorquer vers l'ESE pendant sept heures.
A 04h00, ils abandonne les embarcations pour aller couler un vapeur dont il a aperçu les feux de route. Aucun renseignement sur ce vapeur et sur le sort de son équipage.
(nota : il s'agit probablement du Grec EVANGELOS)
Puis le sous-marin revient sur ses pas et aperçoit le vapeur norvégien NORSHEIM, de Bergen, qu'il arraisonne après avoir tiré un coup de canon de semonce. Il lui ordonne de venir chercher les naufragés de l'ALPHONSE CONSEIL. Ceux-ci, qui ont mis à la voile, sont récupérés à 09h00 par le Norvégien.
Il ordonne aussi au Capitaine du NORSHEIM de rester sur les lieux pour récupérer l'équipage d'un autre navire norvégien (que l'équipage d'ALPHONSE CONSEIL qualifie de 4-mâts). Il s'agit du BORGHOLM, de Christiania, qu'il va couler avec une bombe à 11h00 après l'avoir pillé. Le BORGHOLM est en fait un vapeur, peut-être équipé de plusieurs mâts ce qui explique la confusion.
Le sous-marin prend ensuite en chasse un voilier faisant route au sud.
(nota : il délaisse ainsi le vapeur anglais HAMPTON qui l'avait aperçu à 11h00 en train de couler le BORGHOLM et s'était mis en fuite. Ce vapeur transportait les marins naufragés de la goélette LIBERTE, coulée le 4 Janvier dans le NW du cap Spartel par l'UC 37 de l'OL Otto Launburg.)
Les hommes de l'ALPHONSE CONSEIL affirment d'autre part qu'il y avait un 2e sous-marin sur les lieux, qui a échangé des signaux lumineux avec le premier.
Le NORSHEIM va les débarquer à La Corogne.
Description du sous-marin
80 à 90 m de long
Fort canon sur l'avant du kiosque et deux mitrailleuses sur l'arrière
Avant un peu relevé
Deux mâts très minces sur tribord
Peinture gris fer récente. Ni éraflures, ni rouille
Commandant
Environ 30 ans. Brun. Figure rasée. Nez fort. Taille au dessous de la moyenne. Parlait anglais + quelques mots de français. Portait une casquette et une veste de cuir.
Vu aussi 1 officier d'environ 35 ans, de taille moyenne, figure ronde, rasé, châtain.
Vu aussi beaucoup d'hommes d'équipage dans des tenues diverses.
Le sous-marin attaquant
C'était l' U 48 de l'OL Berndt BUSS.
Commentaire
On constate que les observations des divers protagonistes, car il y avait beaucoup de monde dans les parages ce jour-là , concordent.
Il y a toutefois une divergence avec le témoignage des marins du VILLE DU HAVRE, coulé la veille et qui décrivent le commandant du sous-marin comme portant une grande barbe blanche.
Je constate que ce n'est pas la première fois que l'on trouve un tel témoignage ne collant pas avec la réalité (cf Arnauld de la Périère, de l'U 35, décrit avec une grande barbe par un capitaine français, alors qu'il a toujours été soigneusement rasé.) Je me demande donc si certains commandants de sous-marins ne cherchaient pas à tromper l'adversaire, soit en s'affublant d'une fausse barbe, soit en faisant passer un de leurs hommes pour eux.
On constate d'ailleurs que l'officier enquêteur, sans doute fin limier, suggère aussitôt qu'il devait y avoir plusieurs sous-marins sur les lieux...
Cdlt