TARAPACA Quatre-mâts carré
Lancé le 6 Juillet 1886 aux chantiers William Bruce Thomson, à Whiteinch près de Glasgow, pour l’armateur Bordes.
Nommé TARAPACA, 2e du nom. Il succédait au TARAPACA (1), trois-mâts barque en fer de 1200 t construit à Glasgow en 1870 et qui s’était perdu en 1882, lors d’une traversée Saïgon-Surabaya, dans le détroit de Balabac. Il transportait une cargaison de riz et avait touché une roche non portée sur la carte.
L’équipage fut sauvé mais trois hommes, dont le capitaine Luc Caro, moururent de la thyphoïde à Manille. Les quatorze autres, dont le second capitaine Jean-Marie Lahaye, de Paimpol, furent rapatriés en France.
Caractéristiques du TARAPACA (2)
Quatre-mâts carré en fer type 4cf identique au PERSEVERANCE
4140 tpl 2506 tx JN
Longueur 92,63 m Largeur 13,48 m Creux 7,10 m
Navire comportant cinq water-ballasts séparés par des cloisons étanches.
Voici TARAPACA sous voiles.

Pris au neuvage par le capitaine Louis Moizan, de Paimpol. Equipage de 36 hommes.
Incidents de navigation
En Mars 1901, sous les ordres du capitaine Robert (voir fiche du BOUGAINVILLE), TARAPACA essuie une violente tempête dans les parages du Horn ; mer très grosse, baromêtre 715 mm, navire bâbord amures sous misaine aux ris, petit foc, grands-voiles d’étai et petit hunier volant. Le vent fraichissant encore, à 05h30, le capitaine fait serrer les grands-voiles d’étai et le petit hunier volant. A 05h40, il envoie la bordée de quart amener les deux grands huniers volants. Alors que les hommes sont sur les vergues, TARAPACA donne un violent coup de roulis et le matelot Gaston Mainguit, des Sables d’Olonne, tombe à la mer. Les autres matelots crient : « Un homme à la mer ! » et le capitaine jette aussitôt une bouée que Mainguit attrape. Il fait mettre le navire en travers, stoppé mer debout et voiles en ralingue. Mainguit est à 400 m sur l’arrière du travers et deux volontaires, le second maitre Henri Ledo, de Calais, et le matelot léger Henri Pineau, de Noirmoutier, mettent à l’eau le youyou pour aller le chercher. Pendant 45 minutes le quatre-mâts reste en travers sur les lieux du sinistre, les hommes guettant dans la mâture. La tempête augmentant d’intensité et la mer devenant énorme, le capitaine fait virer lof pour lof en faisant le moins de route possible. Mais il faut se rendre à l’évidence, il sera impossible de récupérer Mainguit et ses deux sauveteurs, morts en héros. A 08h00, on rétablit la misaine aux ris et le navire reste en cape toute la journée, veillant sur tout l’horizon, sans résultat…
TARAPACA fera escale à Caleta Buena, Iquique et Tocopilla où il chargera 4000 tonnes de nitrate.
Il fera retour sur La Pallice où il arrivera le 9 Septembre 1901. Se présentant à l’entrée du port avec les deux pilotes locaux et remorqué par le vapeur EXPRESS, courrier de l’île de Ré, et le remorqueur VIGILANT de Rochefort, il vient heurter l’extrémité de la jetée sud se faisant une déchirure de deux mêtres de longueur sous la flottaison. Entré aussitôt dans le sas, il y chavire, venant s’appuyer sur le quai. Les remorqueurs BOYARD et FOURAS viennent aussitôt, tandis que des scaphandriers vont aveugler la brèche avec de l’étoupe. Mais il faudra cinq jours de travail, décharger une partie du nitrate, descendre toutes les vergues sur le quai, pour tirer le navire de sa fâcheuse position.
Outre le blocage du port pendant ces cinq jours, les principales victimes de l’accident furent les nombreux poissons empoisonnés par l’eau nitratée qui remontait à la surface du sas.
Ce 16e voyage n’avait pas été heureux et le capitaine Eugène Robert quitta alors la compagnie Bordes. Il prit le commandement du BABIN CHEVAYE qui était en construction à Nantes. Nous en reparlerons…
Voici TARAPACA couché dans le sas de La Pallice.

La perte de TARAPACA
TARAPACA quitta La Pallice le 10 Janvier 1917 pour son 36e voyage vers le Chili. Il y revient le 15, débarque pour hospitalisation le matelot Henri Mardel, de Saint Malo, et repart le 20 pour Taltal.
Le capitaine est Toussaint HUNAULT, né le 06/11/1878 à Saint Cast et inscrit à Saint Brieuc.
Le second capitaine est Olivier Le Guyader.
Ayant chargé 4000 tonnes de salpêtre à Iquique, TARAPACA fait voile le 25 Mai pour Bordeaux. Comptant cent jours de mer, il arrive le 1er Septembre à 17h15 à la position 45°49 N 2°56 W, c’est à dire dans le golfe de Gascogne, à 65 milles de La Coubre et de sa destination finale.
C’est alors qu’un sous-marin émerge à 4 milles de distance et commence à canonner le navire. TARAPACA n’était pas armé . Un deuxième sous-marin apparaît , se joint au premier et ouvre le feu.
Le capitaine Hunault, voulant épargner la vie de son équipage, décide alors l’évacuation.
Les baleinières mises à la mer, le sous-marin s’approche de celle du capitaine et le prend à son bord avec dix de ses hommes, tandis que le reste des canotiers, le lieutenant, et cinq marins allemands dont un officier retournent sur TARAPACA. Après avoir pris provisions et instruments de navigation, les Allemands placent trois charges explosives sur le quatre-mâts . A 20h36, les charges explosent et le beau navire disparaît en deux minutes.
Pendant les deux heures trente passées sur le sous-marin, le capitaine Hunault et ses hommes furent bien traités. Les officiers allemands, déclara Hunault, parlaient parfaitement le français. Le commandant allemand l’informa que c’était lui qui avait coulé le trois-mâts EMMA LAURANS, le 10 Décembre 1916.
Vers 21h00, Hunault et ses hommes furent remis dans les baleinières et les deux canots mirent le cap sur Chassiron où ils arrivèrent le lendemain vers 15h00. Les trente deux hommes de l’équipage débarquèrent sains et saufs à La Pallice, port d’où ils étaient partis presque sept mois auparavant.
La commission d’enquête reconnût que le capitaine Hunault avait fait tout son devoir.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 52 du Kapitänleutnant Hans WALTHER.
D’après Lacroix, ce sous-marin était muni d’un canon de 105 mm.
Je n’ai pu trouver quel était le second sous-marin sur zone.
Voici un cliché de l’équipage de TARAPACA lors du 26e voyage, Dunkerque-Cardiff- Chili-Anvers qui eût lieu en 1908 sous les ordres du capitaine Joseph Rozé (4e à gauche au 2e rang). Il y manque le matelot Yvon Charlet qui avait manqué l’appareillage de Dunkerque et fut en conséquence condamné à six mois de prison, car à l’époque l’Inscription Maritime ne plaisantait pas avec les « déserteurs ».
Mais on notera, au 2e rang à l’extrême gauche, le lieutenant Pierre Hervi. Pierre Hervi sera fait prisonnier le 17 Novembre 1914 par le LEIPZIG, alors qu’il était second capitaine du VALENTINE. Il disparaîtra, second capitaine du RANCAGUA, le 10 Février 1917 (voir fiches de ces navires) .

Voici une gouache anonyme, sans doute exécutée par un marin du TARAPACA qui est exposée au musée des beaux-Arts de Dunkerque.

Cdlt
Olivier