Bonjour à tous,
RENE MONTRIEUX
Voici le rapport d'enquête concernant le RENE MONTRIEUX que l'on trouve à Vincennes.
La perte du RENE MONTRIEUX
Ce brick goélette, appartenant à la Société Larivière et à la Compagnie des Ardoisières d'Angers, effectue une traversée Saint Nazaire – Honfleur. Il transporte une cargaison de nitrate pour le compte de la poudrerie nationale d'Angoulême.
Equipage de 8 hommes
LE LAYEC Capitaine 31 ans inscrit à Auray
LE PORT Charles Second
PRUDHOMME
SOMMER
PRIVAT
QUINTREC
LE PORT Joachim
LE LUDRE
(nota : l'un des deux derniers doit être le mousse)
Le 1er Décembre 1916 à 16h30, il se trouve par 48°37 N et 05°01 W et fait route à environ 3 nœuds. Beau temps clair. Faible brise. Grosse houle de NW.
Vers 15h00, il avait croisé deux torpilleurs.
Un sous-marin est aperçu en surface venant du nord, faisant route à 10 nœuds. Il hisse le pavillon national allemand et vient se placer entre le voilier et la terre à 10 m.
Le commandant donne l'ordre d'évacuer. L'embarcation vient accoster le sous-marin. Le capitaine et deux hommes montent à bord tandis qu'un officier et deux marins allemands porteurs de deux bombes prennent leur place et se rendent sur RENE MONTRIEUX. Les Allemands manipulent les bombes très brutalement, bien qu'elles soient prêtes à servir et munies d'un cordon bickford d'une dizaine de mètres. Ils ne semblent pas inquiets, très tranquilles et ne regardent même pas l'horizon. Ils prennent tout leur temps pour piller les vivres, sucre, café...etc Ils placent leurs bombes au bout de deux lignes, le long de la coque, sous la flottaison, puis regagnent le sous-marin plus d'une heure plus tard. Les bombes explosent avec un bruit de pétard et le voilier sombre en quelques secondes à 18h30. Aucune violence n'a été utilisée contre l'équipage. Tous les hommes ont pu garder leurs papiers personnels. (Ils ne seront donc pas utilisés sur des navires corsaires, note l'officier enquêteur).
L'équipage est abandonné dans l'embarcation (en mauvais état) mais avec des vivres. Il sera finalement recueilli par le vapeur norvégien OTTO, qui le déposera à Nantes.
Le sous-marin reste immobile à la même place tant que le canot s'éloigne et jusqu'à ce qu'il le perde de vue.
L'officier enquêteur écrit :
« Il est regrettable que les trois hommes restés plus d'une heure sur le sous-marin n'aient pas noté plus de détails techniques permettant d'obtenir quelques renseignements sur les appareils visibles. Ils ont simplement noté que le canon était d'un fort calibre et que la peinture était propre et sans égratignures.
Description du sous-marin
60 m de long environ
Kiosque elliptique surmonté d'une passerelle
1 canon sur l'avant d'au moins 100 mm
2 fils d'acier de l'avant à l'arrière réunis par une sorte de palan. Lors de l'accostage, le capitaine a vu jaillir des étincelles, comme celles d'un tramway-trolleybus. C'était peut-être une antenne.
Soufflage en bois garnissant l'avant.
Peinture propre
Voici la silhouette dessinée par le capitaine Le Layec
Commandant
Environ 35 ans
Rasé
Blond – roux
Mesurant 1,75 m
Parlait bien anglais et français, mais avec un fort accent.
Vu un officier et 8 hommes en tenues réglementaires identiques aux tenues de la marine française. (nota : on peut penser qu'il y avait quand même quelques petites différences

)
Le sous-marin attaquant
N'est pas formellement identifié à ce jour. Pourrait être :
UB 29 OL Eric PLATSCH (28 ans) Disparu le 13 Décembre 1916
UC19 OL Alfred NITZSCHE (27 ans) Disparu le 6 Décembre 1916
Toutefois, selon Yves, le dessin fait par le capitaine Le Layec ferait plutôt penser à un sous-marin de type UC, donc à l'UC 19.
Le recoupement de la description du commandant avec celles faites éventuellement dans d'autres rapports d'enquête pourrait peut-être confirmer l'hypothèse.
Concernant les silhouettes et à titre de comparaison voici celle de l'UB 29 dessinée par le patron du SAINT CHARLES
et celle de l'UC 17, un sous-marin sans doute voisin de l'UC 19, dessinée par le patron du SAINT ANTOINE DE PADOUE
Le renflement de l'avant, dû aux puits aux mines, est nettement remarqué par les Français sur les types UC.
Cdlt