RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3875
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

Voici un nouveau navire :

René-Montrieux, Voilier caboteur (Brick Goélette) de l'armement "Société des Ardoisières d'Angers".

Chantier de la Richardais (Nantes)
Mis à l'eau en 1900
Coulé par un sous marin à 10 milles d'Ouessant (N.O.) - non daté

D'aprés l'ouvrage de L. LACROIX - Les derniers voiliers caboteurs français.

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
Ar Brav
Messages : 6122
Inscription : mar. avr. 25, 2006 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Tout ce que je peux ajouter :

René Montrieux
234 tjb
Pavillon français
Coulé le 01.12.1916 au large d'Ouessant par 48°37N et 005°10W
Sous-marin non identifié

Bien cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3875
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

J'ai omis de préciser l'origine de l'information :

Les derniers Voiliers Caboteurs français
Louis LACROIX
(édition de 1978 - France Empire)

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
Yves D
Messages : 1984
Inscription : ven. mai 18, 2007 2:00 am
Localisation : Toulon
Contact :

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Yves D »

L'identification du sous-marin ayant coulé le René Montrieux est quasi impossible car elle peut être attribuée autant à UB 29 qu'à UC 19 qui étaient tous les deux en patrouille dans le même secteur mais qui ne sont revenus ni l'un ni l'autre pas plus que l'on n'est certain du lieu ou de la date de leur perte.
Cdlt
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Quelques renseignements supplémentaires sur le RENE MONTRIEUX :

Dimensions : Longueur 31,25 m Largeur 8 m Creux 3,68 m
Jauge brute 236 tx Jauge nette 194 tx

En 1901, il fut commandité par la scierie Alfred Grimaud de Pornic pour apporter une cargaison de bois du nord.
Il effectua en 30 jours une traversée Tornio (en Finlande, au fond du golfe de Bothnie) - Pornic.

Il était commandé par le capitaine Le Rohellec.

Les bricks-goélettes étaient des navires à deux mâts, comme les bricks, mais seul le mât de misaine portait 4 phares carrés. Le RENE MONTRIEUX fut le dernier navire de ce type mis à l'eau en 1900 à La Richardais. Selon le capitaine Lacroix, les vieux capitaines au cabotage n'aimaient pas ces navires qui avaient tous les inconvénients du brick, sans en avoir les qualités. Mais ils les adoptèrent car ils pouvaient les armer avec un homme de moins, et les virements de bord semblaient mieux assurés.

Source : " Pornic " Gilles Fortineau
Cdlt
Olivier
olivier
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3875
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Terraillon Marc »

Bonjour et merci Olivier pour les renseignements complémentaires

A bientot !
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par olivier 12 »

Bonsoir à tous,

Voici le récit du naufrage du RENE MONTRIEUX rapporté par le peintre Paul-Emile Pajot.
(Source : « Les naufrages dans l’estuaires de la Loire » par Foulonneau et Meignen. Librairie Coiffard Nantes)

Le RENE MONTRIEUX, de Nantes, était un beau brick goélette que j’avais représenté trois fois sur mes tableaux. Il a été coulé par un sous-marin au large de Belle Ile et son capitaine, Mr Le Layec a bien voulu me faire part des heures pénibles qu’il a vécues.

« J’avais quitté Saint Nazaire le 29 Novembre 1916. Après avoir doublé Belle Ile, nous fîmes des routes diverses en raison des vents peu favorables. Le 1er Décembre, le temps était beau, avec une brise légère ne donnant une vitesse que d’environ deux nœuds. La mer était houleuse. Vers 16h00, je me trouvais dans ma cabine, quand un de mes matelots vint me prévenir qu’un sous-marin arrivait à toute vitesse sur nous. Je montai immédiatement sur le pont et j’aperçus à 500 m un sous-marin allemand long d’environ 60 m et armé d’une pièce de canon d’assez fort calibre.
Le commandant m’interpella dans un français très correct et m’enjoignit de quitter le bord avec mon équipage.
Que faire ? Fuir ? Il n’y fallait pas songer avec aussi peu de brise. Tenter de résister ? C’était une inutile folie car nous n’avions aucune arme.
Je fis mettre le canot à la mer et j’y embarquai avec l’équipage pour me rendre à bord du sous-marin. Nous y fûmes reçus par le commandant et par 7 ou 8 hommes, revolvers aux poings. Je dus monter sur le pont du sous-marin avec mes officiers et mon équipage, sauf deux hommes qui, sur l’ordre du commandant allemand durent les accompagner sur la goélette.
Ils passèrent environ une heure sur le RENE MONTRIEUX et revinrent avec différents objets, dont notre grosse marmite en fer.
Un moment après, deux explosions simultanées se produisirent à bord de mon navire : ils avaient placer deux bombes, une à l’avant et une à l’arrière. En deux minutes, il ne resta plus à la surface des flots que quelques débris, ballottés par la houle.
Vingt minutes après, le commandant du sous-marin nous autorisa à quitter son bord et à prendre place dans notre canot.
Je dois ajouter que, chose rare chez des pirates, le capitaine allemand se conduisit correctement à notre égard. Il nous proposa des cigarettes. Comme, pour des raisons qu’il vous est facile de comprendre, je refusais, il me dit tristement : « Que voulez-vous, c’est la guerre ! » Puis, avant de nous laisser partir, il nous força à accepter du thé chaud et deux pains noirs. Il nous donna aussi un morceau de toile pour réparer notre embarcation dont un des galbords avait été défoncé dans un choc. Enfin, il nous rendit notre liberté en nous disant : « Vous n’êtes pas loin de terre et la mer est belle. Je vous souhaite un bon voyage ! »
Nous passâmes douze heures dans notre embarcation, mouillés, transis par le froid. Seul le mousse, insouciant du danger, s’était endormi, recouvert d’une partie des vêtements de ses camarades qui s’étaient dépouillés pour que le pauvre gosse n’eût pas trop à souffrir.
Au lever du jour, nous vîmes un vapeur auquel nous fîmes des signaux. Par bonheur il nous aperçut et quelques instants plus tard nous étions en sureté à bord du petit vapeur norvégien OTTO qui faisait route vers Nantes où il nous débarqua le Dimanche soir. »

Ainsi me parla le brave commandant du brick goélette. Son récit m’a paru trop intéressant pour ne point trouver place dans mon livre.

Voici une représentation du RENE MONTRIEUX (dessin d'André Meignen)

Image

Cdlt

Olivier
olivier
Avatar de l’utilisateur
Yves D
Messages : 1984
Inscription : ven. mai 18, 2007 2:00 am
Localisation : Toulon
Contact :

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Yves D »

Merci pour cette pièce au dossier Olivier,
Reinhardt Saltzwedel à ma connaissance a toujours eu une conduite irréprochable dans la conduite de la guerre sous-marine, partagé comme beaucoup d'autres commandants entre les ordres auxquels il n'était pas question de ne pas obéir, aussi durs soient-ils, et le sentiment de fraternité que tous les marins éprouvent entre eux tant il est vrai que la mer se joue bien des pavillons quand elle se déchaîne contre les hommes et qu'ils ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes ou sur leurs frères de mer. La "piraterie" ou la "barbarie" était nous en avons la preuve aujourd'hui, un argument de séance destiné avant tout à entretenir chez les uns comme chez les autres ce sentiment belliqueux sans lequel la guerre se serait arrêtée.
Concernant l'attribution de ce navire à UB 29 ou UC 19, je n'ai guère d'espoir de pouvoir un jour déterminer ce point à moins qu'un coup de chance ne permette de trouver à Vincennes des éléments de nature à identifier les officiers de l'un ou de l'autre comme ce fut le cas avec Babin Chevaye qui demeure un cas rare d'identification 90 ans plus tard.
Cdlt
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

RENE MONTRIEUX

Voici le rapport d'enquête concernant le RENE MONTRIEUX que l'on trouve à Vincennes.

La perte du RENE MONTRIEUX

Ce brick goélette, appartenant à la Société Larivière et à la Compagnie des Ardoisières d'Angers, effectue une traversée Saint Nazaire – Honfleur. Il transporte une cargaison de nitrate pour le compte de la poudrerie nationale d'Angoulême.

Equipage de 8 hommes

LE LAYEC Capitaine 31 ans inscrit à Auray
LE PORT Charles Second
PRUDHOMME
SOMMER
PRIVAT
QUINTREC
LE PORT Joachim
LE LUDRE
(nota : l'un des deux derniers doit être le mousse)

Le 1er Décembre 1916 à 16h30, il se trouve par 48°37 N et 05°01 W et fait route à environ 3 nœuds. Beau temps clair. Faible brise. Grosse houle de NW.

Vers 15h00, il avait croisé deux torpilleurs.

Un sous-marin est aperçu en surface venant du nord, faisant route à 10 nœuds. Il hisse le pavillon national allemand et vient se placer entre le voilier et la terre à 10 m.
Le commandant donne l'ordre d'évacuer. L'embarcation vient accoster le sous-marin. Le capitaine et deux hommes montent à bord tandis qu'un officier et deux marins allemands porteurs de deux bombes prennent leur place et se rendent sur RENE MONTRIEUX. Les Allemands manipulent les bombes très brutalement, bien qu'elles soient prêtes à servir et munies d'un cordon bickford d'une dizaine de mètres. Ils ne semblent pas inquiets, très tranquilles et ne regardent même pas l'horizon. Ils prennent tout leur temps pour piller les vivres, sucre, café...etc Ils placent leurs bombes au bout de deux lignes, le long de la coque, sous la flottaison, puis regagnent le sous-marin plus d'une heure plus tard. Les bombes explosent avec un bruit de pétard et le voilier sombre en quelques secondes à 18h30. Aucune violence n'a été utilisée contre l'équipage. Tous les hommes ont pu garder leurs papiers personnels. (Ils ne seront donc pas utilisés sur des navires corsaires, note l'officier enquêteur).

L'équipage est abandonné dans l'embarcation (en mauvais état) mais avec des vivres. Il sera finalement recueilli par le vapeur norvégien OTTO, qui le déposera à Nantes.

Le sous-marin reste immobile à la même place tant que le canot s'éloigne et jusqu'à ce qu'il le perde de vue.

L'officier enquêteur écrit :

« Il est regrettable que les trois hommes restés plus d'une heure sur le sous-marin n'aient pas noté plus de détails techniques permettant d'obtenir quelques renseignements sur les appareils visibles. Ils ont simplement noté que le canon était d'un fort calibre et que la peinture était propre et sans égratignures.

Description du sous-marin

60 m de long environ
Kiosque elliptique surmonté d'une passerelle
1 canon sur l'avant d'au moins 100 mm
2 fils d'acier de l'avant à l'arrière réunis par une sorte de palan. Lors de l'accostage, le capitaine a vu jaillir des étincelles, comme celles d'un tramway-trolleybus. C'était peut-être une antenne.
Soufflage en bois garnissant l'avant.
Peinture propre

Voici la silhouette dessinée par le capitaine Le Layec

Image

Commandant

Environ 35 ans
Rasé
Blond – roux
Mesurant 1,75 m
Parlait bien anglais et français, mais avec un fort accent.

Vu un officier et 8 hommes en tenues réglementaires identiques aux tenues de la marine française. (nota : on peut penser qu'il y avait quand même quelques petites différences :) )

Le sous-marin attaquant

N'est pas formellement identifié à ce jour. Pourrait être :

UB 29 OL Eric PLATSCH (28 ans) Disparu le 13 Décembre 1916
UC19 OL Alfred NITZSCHE (27 ans) Disparu le 6 Décembre 1916

Toutefois, selon Yves, le dessin fait par le capitaine Le Layec ferait plutôt penser à un sous-marin de type UC, donc à l'UC 19.
Le recoupement de la description du commandant avec celles faites éventuellement dans d'autres rapports d'enquête pourrait peut-être confirmer l'hypothèse.

Concernant les silhouettes et à titre de comparaison voici celle de l'UB 29 dessinée par le patron du SAINT CHARLES

Image

et celle de l'UC 17, un sous-marin sans doute voisin de l'UC 19, dessinée par le patron du SAINT ANTOINE DE PADOUE

Image

Le renflement de l'avant, dû aux puits aux mines, est nettement remarqué par les Français sur les types UC.

Cdlt
olivier
Avatar de l’utilisateur
Yves D
Messages : 1984
Inscription : ven. mai 18, 2007 2:00 am
Localisation : Toulon
Contact :

Re: RENE MONTRIEUX - Brick Goélette

Message par Yves D »

Bonsoir Olivier, bonsoir à tous
A uboat.net, Michael et moi-même, nous considérons que le sous-marin responsable de la destruction de René Montrieux est bien UC 19. Les positions enregistrées des destructions formellement créditées à UB 29 ce jour là font que le même sous-marin n'a pas opéré à proximité d'Ouessant et dans les parages des Scilly. Le dessin que tu as reproduit ci-dessus accrédite encore plus cette hypothèse (le post qui faisait état d'un doute date de 2008).
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »