Bonjour à tous,
AQUITAINE
Quelques renseignements sur AQUITAINE pendant la Grande Guerre
(Renseignements tirés de l’ouvrage fort bien documenté d’Alain CROCE « La SGTM et ses filiales » Edition MDV 2003. Je signale que la dédicace figurant en tête de cet ouvrage est admirable !)
Le 2 Août 1914, AQUITAINE était en mer, venant juste de quitter l’Amérique du Sud sous les ordres du capitaine Raffaëli , lorsqu’il apprit par TSF la déclaration de guerre. Il demanda alors des instructions par radio. Le lendemain, il reçut un télégramme de Bahia ainsi rédigé : « Suis sans instructions. Signé : Le Consul ».
Or on connaissait la présence à Rio du croiseur BREMEN. Le capitaine Raffaëli réunit donc les principaux de l’équipage et décida de rallier Dakar par une route non commerciale et tous feux éteints.
Arrivé à Dakar, il fut réquisitionné dès le 14 Août pour rapatrier militaires et mobilisables. . Il repartit de Dakar le 21 Septembre, avec le convoi du LATOUCHE TREVILLE jusqu’aux Canaries.
A partir du 11 Octobre, il fut utilisé comme hôpital annexe, amarré face à l’hôtel Dieu, près du vieux port de Marseille.
Le 16 Juin 1915, il est à nouveau requis pour servir de dépôt de munitions du corps expéditionnaire d’Orient à Lemnos. Il semble alors être dans des conditions de navigation qui ne permettent pas une exploitation commerciale. En fait, la SGTM avait l’intention de le vendre à la démolition. Il quitte néanmoins Marseille le 8 Août avec deux barges en remorque et un chargement de munitions pour Moudros.
Le 5 Janvier 1916, on lui installe un armement militaire. Il reprend un service régulier sur l’Algérie et sera dé-réquisitionné le 11 Juillet 1916.
C’est au cours de cette navigation qu’il croise, le 16 Février 1917, la route de l’U 35 du KL Lothar von Arnauld de la Périère. (Récit ci-dessous)
Le 28 Août 1919, il transportera jusqu’à Santos 400 réfugiés russes embarqués à Ajaccio et qui seront répartis dans les fermes de l’état de Sao Paulo.
Voici une CP de l’AQUITAINE (source l’ouvrage d’Alain CROCE)
Rencontre avec un sous-marin. Rapport de l’officier enquêteur d’Oran.
AQUITAINE vapeur de la SGTM. 3161 tx JB
Capitaine Raymond BLANC
Equipage 42 hommes officiers compris
Passagers 2 (1 Français et 1 Espagnol)
Armé d’un canon de 95 mm à l’arrière. Servants AMBC
- GUEGUEN Yves QM canonnier
- CHEVREUIL Louis Canonnier breveté
- PETRIGNANT Aide canonnier
Le 16 Février 1917 AQUITAINE, qui fait route de Marseille sur Oran, se trouve par 38°20 N et 00°22 W, soit à 2 milles du cap de Las Huertas. Cap au S20W à 9 nœuds.
Beau temps calme. Petite brise de SSW.
Un vapeur est en vue sur l’arrière sur la tranche bâbord, à 5 milles de la côte et à 5 milles d’Aquitaine, faisant même route.
A 14h45, le capitaine voit émerger sur l’arrière du travers de ce vapeur, à environ 3000 m de lui, un sous-marin qui reste en demi plongée et met le cap sur ce vapeur inconnu à 12 ou 14 nœuds. Le vapeur aperçoit son assaillant et vient en grand sur tribord pour rallier les eaux neutres. Mais le sous-marin contrarie sa manœuvre en lui coupant la route. Le vapeur continue son abattée et vient à l’ENE. A 15h00, le sous-marin commence sa canonnade.
AQUITAINE n’a pu voir la fin du combat, mais les témoins pensent que le vapeur a pu s’échapper. Cette impression est fausse, puisqu’il s’agit du PRUDENZA qui a été coulé.
Il est d’ailleurs incompréhensible que PRUDENZA n’ait pas tenté d’aborder son agresseur quand il manœuvrait pour lui couper la route. Cette manœuvre de sous-marin est assez extraordinaire et les choses ne se seraient sans doute pas passées de la sorte.
AQUITAINE a continué sa route à vitesse maximum, équipage aux postes de combat, et a envoyé les signaux réglementaires.
Le sous-marin était de type moyen. Seul le kiosque a été vu, de couleur gris clair.
Commentaire
Ce récit recoupe celui du MOÏSE et celui du KTB de l’U 35. (Voir ce lien
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... htm#t39396 )
Toutefois, il apparaît que l’officier enquêteur fait probablement une erreur ; le vapeur attaqué doit être l’ORIANA et non le PRUDENZA . Il faudrait vérifier les heures exactes de ces deux attaques pour confirmer.
En tous cas, AQUITAINE, tout comme MOÏSE, a eu la chance d’échapper à ce redoutable adversaire qu’était l’U 35. On peut d'ailleurs se demander si le premier vapeur aperçu par von Arnauld, et dont il parle dans son journal de guerre en disant qu'il est trop éloigné pour être torpillé n'est pas plutôt l'AQUITAINE que le MOÏSE ?
Il y avait bien du monde devant Alicante ce 16 Février 1917… !
Cdlt