Bonjour à tous,
COLBERT Navire auxiliaire (1915 – 1917)
Chantier :
Forges & Chantiers de la Méditerranée, Graville, Le Havre
Commencé : N.C.
Mis à flot : 26.08.1908
Terminé : 1908
En service : 1908 (MM)
En service : 14.11.1915 (MN)
Retiré : 30.04.1917 (MN)
Caractéristiques : 5 750 tjb ; 3 620 tjn ; 7 015 tpl ; 115,00 (pp) x 14,50 x 10,85 m ; TE 7,94 m ; 2 500 cv ; 10 nds ; machine à vapeur à triple expansion, 3 cylindres ; 3 chaudières cylindriques à retour de flamme timbrées à 13 kg/cm² ; 1 hélice ; 1 cheminée ; 4 cales ; construction en acier riveté ; état-major & équipage 45 ; 26 passagers en 1ères classes.
Armement : N.C.
Observations :
Navire de commerce de la Compagnie Havraise Péninsulaire (CHP)
1908 : lancé pour le compte de M. Grosos & Fils, actionnaire de la CHP
14.11.1915 : réquisitionné à La Rochelle
06.04.1916 : repousse au canon une attaque du sous-marin allemand U 39 après un combat de 2h00. Touché 8 fois au cours du combat, est secouru par des patrouilleurs de la Marine Nationale
1917 : ravitailleur de l’armée d’Orient
30.04.1917 : torpillé et coulé par le sous-marin allemand UC 37 (OL Otto Launburg) en Méditerranée, lors d’un voyage entre Marseille et Salonique. Coule à l’est du port de Bône (Algérie), le Cdt Commelin de Lavole disparaît avec son navire et 50 autres victimes.
Cordialement,
Franck
COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Otto Launburg ! Une vieille connaissance pour moi, grâce à Yves qui m'a fourni sa photo et son histoire.
Il avait torpillé le navire de mon grand oncle début Avril de la même année... Il avait 25 ans.
Ancien officier d'Arnauld de la Périère sur l'U 35, il prit l'UC 37 en Octobre 1916. Il fut un redoutable baroudeur au tableau de chasse impressionnant. Il eût une chance extraordinaire et survécut à la guerre.
En Mai 1918, commandant de l'UB 52, il fut surpris, en surface, par le sous-marin anglais H4 qui lui lança une torpille à 200m de distance. Elle explosa à hauteur du kiosque. Le commandant Launburg et son timonier furent projetés à la mer par la violence de l'explosion. Le sous-marin coula instantanément, entraînant dans la mort ses 32 hommes d'équipage ainsi que 2 officiers anglais faits prisonniers lors de la destruction du vapeur Snowdon, quelques jours plus tôt.
Recueilli, Launburg resta prisonnier en Angleterre jusqu'en 1919, puis réintégra la Reichmarine. Il fut promu Kapitänleutnant en 1920, mais démissionna en 1922. On perd ensuite sa trace.
Il avait torpillé le navire de mon grand oncle début Avril de la même année... Il avait 25 ans.
Ancien officier d'Arnauld de la Périère sur l'U 35, il prit l'UC 37 en Octobre 1916. Il fut un redoutable baroudeur au tableau de chasse impressionnant. Il eût une chance extraordinaire et survécut à la guerre.
En Mai 1918, commandant de l'UB 52, il fut surpris, en surface, par le sous-marin anglais H4 qui lui lança une torpille à 200m de distance. Elle explosa à hauteur du kiosque. Le commandant Launburg et son timonier furent projetés à la mer par la violence de l'explosion. Le sous-marin coula instantanément, entraînant dans la mort ses 32 hommes d'équipage ainsi que 2 officiers anglais faits prisonniers lors de la destruction du vapeur Snowdon, quelques jours plus tôt.
Recueilli, Launburg resta prisonnier en Angleterre jusqu'en 1919, puis réintégra la Reichmarine. Il fut promu Kapitänleutnant en 1920, mais démissionna en 1922. On perd ensuite sa trace.
olivier
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonsoir Franck, Olivier et tous
Le Colbert a été torpillé à 15 naut. dans le NE du Cap Rose (20km E d'Annaba anc. Bône)

On rencontrera de nouveau Otto avant longtemps, Franck a encore de ses victimes dans ses dossiers
Yves
Le Colbert a été torpillé à 15 naut. dans le NE du Cap Rose (20km E d'Annaba anc. Bône)

On rencontrera de nouveau Otto avant longtemps, Franck a encore de ses victimes dans ses dossiers

Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonjour à tous,
Je replace ici un message de Daniel :
Cordialement,
Franck
Je replace ici un message de Daniel :
Cordialement,
Franck
Bonsoir à tous,
Et les choses se compliquent de nouveau ! Dans son ouvrage " Quatre années de guerre sous-marine " (Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1919) , le Commandant Emile VEDEL évoque un autre Colbert, torpillé et coulé le 30 avril 1917 en Méditerranée, alors qu'il se rendait à Salonique. Il était commandé par le capitaine au long cours COMMELIN : " Il fut vu la dernière fois, debout à son poste, sur le banc de quart déjà balayé par la mer. Un an auparavant, jour pour jour, le commandant COMMELIN avait reçu la croix pour avoir vaillamment tenu tête à un sous-marin qui fut obligé de renoncer, après deux heurs et demi de combat." Malheureusement, il n'existe aucune fiche M.D.H. à son nom...
Bien à vous,
Daniel.
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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- Terraillon Marc
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- Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonjour
Cargo ou mixte ???
A bientot
Cargo ou mixte ???
A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON
A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Marc TERRAILLON
A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonjour Marc,Bonjour
Cargo ou mixte ???
A bientot
Charles Limonier le donne comme cargo mixte pouvant embarquer 26 passagers.
Amicalement et bon dimanche,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonjour à tous,
Voici les circonstances du torpillage du COLBERT
Le COLBERT, 8000t, armateur Groszos et Fils, avait quitté Marseille le 28 Avril 1917, en convoi avec l’HIMALAYA, transportant des troupes à destination de Salonique .
Capitaine COMMELIN de LAVOLE Lieutenant de Vaisseau auxiliaire immatriculé à Saint Nazaire
Second ROUILLE Frédéric Capitaine au long cours immatriculé à Saint Malo
Lieutenant LE DAMANY Louis CLC immatriculé à Dinan
Lieutenant GAUTIER Elie CLC immatriculé à Granville
Armé d’un canon servi par
GERMAIN Marius QM canonnier
DEVOS Jules Mlot canonnier
SALABERT Noël Mlot canonnier
KERISIT Yves Mlot fusilier
TADDEI Louis Canonnier auxiliaire
Autres militaires embarqués à l’équipage
GILBERT René Timonier
PEYROT Albert Boulanger coq
VACANCE Auguste Boulanger coq
DENOUAL Emile TSF
Total équipage 48
Total passagers 152
Le 30 Avril à 10h00, le convoi se trouve par 37°12N et 08°25 E (NW du cap Rose) route au N75E en ligne de file, HIMALAYA en tête et COLBERT en seconde position à 800m.
Beau temps, mer peu houleuse, bonne visibilité.
Soudain, le canonnier Salabert voit à 60m sur tribord le sillage d’une torpille. Il sonne la cloche de brume. L’officier de quart, le 2e lieutenant Gautier, met la barre toute à droite, mais il est trop tard. La torpille frappe le navire entre les cales 3 et 4, à 4m sous la flottaison. L’eau envahit immédiatement les machines par le tunnel, avec une telle rapidité que mécaniciens et chauffeurs ne songent qu’à se sauver, laissant les machines en marche.
L’officier de quart fait tinter la cloche pour appeler aux postes d’abandon. Il tente de diriger les opérations de sauvetage, mais doit quitter la passerelle, le navire s’enfonçant rapidement. L’eau sortait déjà par les manches du château une minute après l’explosion.
Officiers et équipage sont à leur poste et tentent de rassurer les passagers et de déborder embarcations et radeaux. Mais le sauvetage est difficile en raison de la frayeur des passagers et de la rapidité avec laquelle le navire s’enfonce. L’ordre de stopper n’ayant pas été donné, les embarcations chavirent et les radeaux s’éloignent de ceux qui se jettent à la mer pour les rejoindre. Sur 4 embarcations, une seule put être utilisée.
En fait, équipage et passagers durent surtout leur salut aux ceintures de sauvetage et aux divers engins flottants, bottes de paille, planches, auxquels ils s’accrochèrent.
Le COLBERT disparut à 10h05, cinq minutes seulement après l’explosion de la torpille.
A 10h30, le sous-marin émergea et accosta l’embarcation. Il y avait deux hommes sur le kiosque dont un officier, sans doute le commandant, imberbe et qui parlait français. Il demanda le nom du navire. On lui répondit « le COLBERT ». Le sous-marin, gris clair, long d’environ 70m, avait un canon de 90 ou 100mm sur l’avant du kiosque.
Le sous-marin resta en surface une dizaine de minutes, au milieu des épaves. Puis il s’éloigna vers l’Ouest, en surface, à 10h40. C’est alors qu’un chalutier arrivant de l’Est ouvrit le feu et trois obus tombèrent entre 10 et 30m du sous-marin. Celui-ci plongea aussitôt, en moins de deux minutes.
Ce chalutier, l’ALCYON recueillit les naufragés qui étaient restés entre deux heures et deux heures trente dans l’eau.
10 hommes du COLBERT, dont le commandant, et 48 passagers avaient disparu.
Tous, hommes d’équipage comme passagers témoignent de leur reconnaissance au commandant de l’ALCYON et à tout son équipage pour les soins qui leur ont été donnés à bord.
Ils louent aussi le sang-froid, le courage et le dévouement des officiers et marins du COLBERT pendant les opérations de sauvetage jusqu’à l’arrivée du chalutier.
Se sont particulièrement signalés :
GAUTIER Elie CLC 2e lieutenant Granville
GERMAIN Marius QM canonnier
DUCHENE Claude Maître charpentier Marseille
ARTIE Achille 1er chauffeur Bayonne
DUPRAT Blaise Chauffeur Bayonne
qui se sont jetés à la mer pour sauver des militaires au moment où ils coulaient, et les ont ramenés sur les radeaux.
Le lieutenant Gautier a quitté le bord le dernier après avoir dirigé dans de bonnes conditions la mise à l’eau d’une embarcation et d’un radeau chargés de militaires. Il s’est jeté à l’eau muni de sa seule ceinture de sauvetage au moment où le navire se dressait verticalement. Il a aussitôt gagné un radeau qui flottait à 20m et sur lequel se trouvaient 10 hommes. Il leur a recommandé de s’allonger sur le radeau et de s’y cramponner pour ne pas être entraînés par les remous. Bien que submergés à deux reprises pendant que le navire coulait, les hommes, encouragés par le lieutenant Gautier y restèrent cramponnés sauf deux qui faillirent couler. Le lieutenant Gautier se jeta à nouveau à la mer et parvint à les ramener sur le radeau.
L’ALCYON est arrivé à Bône à 17h00. L’équipage fut dirigé sur la caserne où il fut habillé et nourri.
L’enquête est dirigée par le CF Wolf.
Liste des marins rescapés du COLBERT
ROUILLE Frédéric Saint Malo
LE DAMANY Louis Dinan
GAUTIER Elie Granville
LESCOP Charles Le Havre
PERSON Victor Le Havre
SAVIDAN Charles Le Havre
GACHET Thomas Vannes
MATTEFI Antoine Marseille
TOCHE François La Ciotat
CORSO Léonard Alger
HALGAND Jean Saint Nazaire
ANDREU Charles Nantes
BONNIEUL Ernest Saint Pierre et Miquelon
CREPIN Gaston Marseille
HERJEAN Yves Camaret
HAMON François Saint Brieuc
DUCHENE Claude Marseille
ASTIE Achille Narbonne
HENAFF Jean Brest
TOULLIEF François Quimper
GORON Ernest La Rochelle
DUPRAT Blaise Bayonne
RAZER Vincent Lorient
DESCAMPS Jean-Baptiste Boulogne
RIERE Vincent Port Vendres
CATONI Joseph Bastia
POLON Joseph Oran
RICHAUD René
COTARD Jean-Baptiste Saint Brieuc
ROBERT Victor
Militaires appartenant à l’équipage
GERMAIN Marius
KERISIT Yves Audierne
SALABERT Noël Cette
DEVOS Jules
GILBERT René
VACANCE Auguste
PEYROT Albert
DENOUAL Emile
Soit 38 rescapés sur 48 hommes d’équipage.
Récompenses
L’officier enquêteur signale que le sauvetage a été très difficile, l’eau ayant envahi les machines et celles-ci n’ayant pu être stoppées. Cela a entraîné de nombreuses disparitions, dont celle du capitaine Commelin. Celui-ci s’était distingué quelques jours auparavant en manoeuvrant adroitement pour éviter une torpille.
Sont cités à l’ordre de l’armée
COMMELIN François LV auxiliaire Commandant le COLBERT
« A fait preuve au cours de plusieurs rencontres avec des sous-marins des plus belles qualités de sang-froid et de courage. A disparu le 30 Avril 17 avec son bâtiment torpillé. Déjà cité à l’ordre de l’armée et décoré pour faits de guerre. »
ROUILLE Frédéric CLC Second capitaine du COLBERT
« Officier particulièrement énergique. S’est signalé lors du torpillage de son bâtiment dont il a assuré l’évacuation avec le plus grand sang-froid. Déjà cité et décoré pour fait de guerre »
Sont cités à l’ordre de la Division
GAUTIER Elie CLC Lieutenant
GERMAIN Marius QM canonnier
DUCHENE Claude Mtre charpentier
ASTIE Achille 1er chauffeur
DUPRAT Blaise Chauffeur
HENAFF Jean Chauffeur
« Pour l’énergie et le dévouement dont ils ont fait preuve lors du torpillage de leur bâtiment par un sous-marin »
Le sous- marin attaquant
C’était donc l’UC 37 de l’OL Otto LAUNBURG
La description faite du commandant du sous-marin est intéressante car c’est la 3e fois qu’il est signalé comme étant francophone. Les témoignages des rescapés du SAINT SIMON et de l’ERNEST SIMONS, torpillés par lui le 3 Avril précédent rapportaient le même fait. (voir fiches de ces navires)
Grâce à Yves, voici deux clichés d’Otto Launburg
L’un (publié en Octobre 2008 dans « Navires et Marine Marchande » et figurant sur le site histomar.net) le montre alors qu’il était sur l’U 35 d’Arnauld de la Périère dont il fut le second pendant quelques mois

Et l’autre alors qu’il faisait du tourisme en 1916 à Castel Nuovo (aujourd’hui Herceg Novi) visitant l’église grecque.
Launburg est de face à droite et l’officier de dos est l’ingénieur mécanicien Fechter, de l’U 35.

Et voici cette église (monastère de Savina ) telle qu’elle est aujourd’hui…


Derrière l'église on a une vue superbe sur le fjord de Kotor (ancienne Cattaro) où venait mouiller le bâtiment base GÄA et se réfugier les sous-marins de la flottille Pola-Mittelmeer
Cdlt
Voici les circonstances du torpillage du COLBERT
Le COLBERT, 8000t, armateur Groszos et Fils, avait quitté Marseille le 28 Avril 1917, en convoi avec l’HIMALAYA, transportant des troupes à destination de Salonique .
Capitaine COMMELIN de LAVOLE Lieutenant de Vaisseau auxiliaire immatriculé à Saint Nazaire
Second ROUILLE Frédéric Capitaine au long cours immatriculé à Saint Malo
Lieutenant LE DAMANY Louis CLC immatriculé à Dinan
Lieutenant GAUTIER Elie CLC immatriculé à Granville
Armé d’un canon servi par
GERMAIN Marius QM canonnier
DEVOS Jules Mlot canonnier
SALABERT Noël Mlot canonnier
KERISIT Yves Mlot fusilier
TADDEI Louis Canonnier auxiliaire
Autres militaires embarqués à l’équipage
GILBERT René Timonier
PEYROT Albert Boulanger coq
VACANCE Auguste Boulanger coq
DENOUAL Emile TSF
Total équipage 48
Total passagers 152
Le 30 Avril à 10h00, le convoi se trouve par 37°12N et 08°25 E (NW du cap Rose) route au N75E en ligne de file, HIMALAYA en tête et COLBERT en seconde position à 800m.
Beau temps, mer peu houleuse, bonne visibilité.
Soudain, le canonnier Salabert voit à 60m sur tribord le sillage d’une torpille. Il sonne la cloche de brume. L’officier de quart, le 2e lieutenant Gautier, met la barre toute à droite, mais il est trop tard. La torpille frappe le navire entre les cales 3 et 4, à 4m sous la flottaison. L’eau envahit immédiatement les machines par le tunnel, avec une telle rapidité que mécaniciens et chauffeurs ne songent qu’à se sauver, laissant les machines en marche.
L’officier de quart fait tinter la cloche pour appeler aux postes d’abandon. Il tente de diriger les opérations de sauvetage, mais doit quitter la passerelle, le navire s’enfonçant rapidement. L’eau sortait déjà par les manches du château une minute après l’explosion.
Officiers et équipage sont à leur poste et tentent de rassurer les passagers et de déborder embarcations et radeaux. Mais le sauvetage est difficile en raison de la frayeur des passagers et de la rapidité avec laquelle le navire s’enfonce. L’ordre de stopper n’ayant pas été donné, les embarcations chavirent et les radeaux s’éloignent de ceux qui se jettent à la mer pour les rejoindre. Sur 4 embarcations, une seule put être utilisée.
En fait, équipage et passagers durent surtout leur salut aux ceintures de sauvetage et aux divers engins flottants, bottes de paille, planches, auxquels ils s’accrochèrent.
Le COLBERT disparut à 10h05, cinq minutes seulement après l’explosion de la torpille.
A 10h30, le sous-marin émergea et accosta l’embarcation. Il y avait deux hommes sur le kiosque dont un officier, sans doute le commandant, imberbe et qui parlait français. Il demanda le nom du navire. On lui répondit « le COLBERT ». Le sous-marin, gris clair, long d’environ 70m, avait un canon de 90 ou 100mm sur l’avant du kiosque.
Le sous-marin resta en surface une dizaine de minutes, au milieu des épaves. Puis il s’éloigna vers l’Ouest, en surface, à 10h40. C’est alors qu’un chalutier arrivant de l’Est ouvrit le feu et trois obus tombèrent entre 10 et 30m du sous-marin. Celui-ci plongea aussitôt, en moins de deux minutes.
Ce chalutier, l’ALCYON recueillit les naufragés qui étaient restés entre deux heures et deux heures trente dans l’eau.
10 hommes du COLBERT, dont le commandant, et 48 passagers avaient disparu.
Tous, hommes d’équipage comme passagers témoignent de leur reconnaissance au commandant de l’ALCYON et à tout son équipage pour les soins qui leur ont été donnés à bord.
Ils louent aussi le sang-froid, le courage et le dévouement des officiers et marins du COLBERT pendant les opérations de sauvetage jusqu’à l’arrivée du chalutier.
Se sont particulièrement signalés :
GAUTIER Elie CLC 2e lieutenant Granville
GERMAIN Marius QM canonnier
DUCHENE Claude Maître charpentier Marseille
ARTIE Achille 1er chauffeur Bayonne
DUPRAT Blaise Chauffeur Bayonne
qui se sont jetés à la mer pour sauver des militaires au moment où ils coulaient, et les ont ramenés sur les radeaux.
Le lieutenant Gautier a quitté le bord le dernier après avoir dirigé dans de bonnes conditions la mise à l’eau d’une embarcation et d’un radeau chargés de militaires. Il s’est jeté à l’eau muni de sa seule ceinture de sauvetage au moment où le navire se dressait verticalement. Il a aussitôt gagné un radeau qui flottait à 20m et sur lequel se trouvaient 10 hommes. Il leur a recommandé de s’allonger sur le radeau et de s’y cramponner pour ne pas être entraînés par les remous. Bien que submergés à deux reprises pendant que le navire coulait, les hommes, encouragés par le lieutenant Gautier y restèrent cramponnés sauf deux qui faillirent couler. Le lieutenant Gautier se jeta à nouveau à la mer et parvint à les ramener sur le radeau.
L’ALCYON est arrivé à Bône à 17h00. L’équipage fut dirigé sur la caserne où il fut habillé et nourri.
L’enquête est dirigée par le CF Wolf.
Liste des marins rescapés du COLBERT
ROUILLE Frédéric Saint Malo
LE DAMANY Louis Dinan
GAUTIER Elie Granville
LESCOP Charles Le Havre
PERSON Victor Le Havre
SAVIDAN Charles Le Havre
GACHET Thomas Vannes
MATTEFI Antoine Marseille
TOCHE François La Ciotat
CORSO Léonard Alger
HALGAND Jean Saint Nazaire
ANDREU Charles Nantes
BONNIEUL Ernest Saint Pierre et Miquelon
CREPIN Gaston Marseille
HERJEAN Yves Camaret
HAMON François Saint Brieuc
DUCHENE Claude Marseille
ASTIE Achille Narbonne
HENAFF Jean Brest
TOULLIEF François Quimper
GORON Ernest La Rochelle
DUPRAT Blaise Bayonne
RAZER Vincent Lorient
DESCAMPS Jean-Baptiste Boulogne
RIERE Vincent Port Vendres
CATONI Joseph Bastia
POLON Joseph Oran
RICHAUD René
COTARD Jean-Baptiste Saint Brieuc
ROBERT Victor
Militaires appartenant à l’équipage
GERMAIN Marius
KERISIT Yves Audierne
SALABERT Noël Cette
DEVOS Jules
GILBERT René
VACANCE Auguste
PEYROT Albert
DENOUAL Emile
Soit 38 rescapés sur 48 hommes d’équipage.
Récompenses
L’officier enquêteur signale que le sauvetage a été très difficile, l’eau ayant envahi les machines et celles-ci n’ayant pu être stoppées. Cela a entraîné de nombreuses disparitions, dont celle du capitaine Commelin. Celui-ci s’était distingué quelques jours auparavant en manoeuvrant adroitement pour éviter une torpille.
Sont cités à l’ordre de l’armée
COMMELIN François LV auxiliaire Commandant le COLBERT
« A fait preuve au cours de plusieurs rencontres avec des sous-marins des plus belles qualités de sang-froid et de courage. A disparu le 30 Avril 17 avec son bâtiment torpillé. Déjà cité à l’ordre de l’armée et décoré pour faits de guerre. »
ROUILLE Frédéric CLC Second capitaine du COLBERT
« Officier particulièrement énergique. S’est signalé lors du torpillage de son bâtiment dont il a assuré l’évacuation avec le plus grand sang-froid. Déjà cité et décoré pour fait de guerre »
Sont cités à l’ordre de la Division
GAUTIER Elie CLC Lieutenant
GERMAIN Marius QM canonnier
DUCHENE Claude Mtre charpentier
ASTIE Achille 1er chauffeur
DUPRAT Blaise Chauffeur
HENAFF Jean Chauffeur
« Pour l’énergie et le dévouement dont ils ont fait preuve lors du torpillage de leur bâtiment par un sous-marin »
Le sous- marin attaquant
C’était donc l’UC 37 de l’OL Otto LAUNBURG
La description faite du commandant du sous-marin est intéressante car c’est la 3e fois qu’il est signalé comme étant francophone. Les témoignages des rescapés du SAINT SIMON et de l’ERNEST SIMONS, torpillés par lui le 3 Avril précédent rapportaient le même fait. (voir fiches de ces navires)
Grâce à Yves, voici deux clichés d’Otto Launburg
L’un (publié en Octobre 2008 dans « Navires et Marine Marchande » et figurant sur le site histomar.net) le montre alors qu’il était sur l’U 35 d’Arnauld de la Périère dont il fut le second pendant quelques mois

Et l’autre alors qu’il faisait du tourisme en 1916 à Castel Nuovo (aujourd’hui Herceg Novi) visitant l’église grecque.
Launburg est de face à droite et l’officier de dos est l’ingénieur mécanicien Fechter, de l’U 35.

Et voici cette église (monastère de Savina ) telle qu’elle est aujourd’hui…


Derrière l'église on a une vue superbe sur le fjord de Kotor (ancienne Cattaro) où venait mouiller le bâtiment base GÄA et se réfugier les sous-marins de la flottille Pola-Mittelmeer
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olivier
Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Comme si le temps s'était arrêté à Savina !
Les deux photos de Launburg proviennent d'un fonds d'images rassemblé par Richard Becker qui était alors Obersteuermann à bord de l'U 35 où il exerçait la fonction de chef de quart. Ces images m'ont été aimablement communiquées par Allan Hunt, petit neveu de Becker et citoyen US. Qu'il en soit remercié ici.
Cdlt à tous
Yves
Les deux photos de Launburg proviennent d'un fonds d'images rassemblé par Richard Becker qui était alors Obersteuermann à bord de l'U 35 où il exerçait la fonction de chef de quart. Ces images m'ont été aimablement communiquées par Allan Hunt, petit neveu de Becker et citoyen US. Qu'il en soit remercié ici.
Cdlt à tous
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
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Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonjour à tous,
Voici le plan succinct joint au rapport du COLBERT (établi par le commandant de l'HIMALAYA). Le dessin de l'UC 37 est assez sommaire comparé à ceux faits par les marins du SAINT SIMON et de l'ERNEST SIMONS. Enfin, on reconnait quand même un sous-marin

Cdlt
Voici le plan succinct joint au rapport du COLBERT (établi par le commandant de l'HIMALAYA). Le dessin de l'UC 37 est assez sommaire comparé à ceux faits par les marins du SAINT SIMON et de l'ERNEST SIMONS. Enfin, on reconnait quand même un sous-marin


Cdlt
olivier
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Re: COLBERT - Compagnie Havraise Péninsulaire
Bonjour à tous,
Voici une vue du COLBERT à quai à Alger.

Récit du second capitaine Frédéric Rouillé à propos du naufrage :
"Je viens de quitter le quart lorsque COLBERT est secoué par une violente explosion. Une gerbe d'eau monte jusqu'au sommet de la cheminée. Nous venons d'être touchés par une torpille.
Le premier moment de stupeur passé, nous nous rendons compte que la cloison étanche entre la machine et la cale 4 est détruite. L'eau s'engouffre avec violence par la brèche de la coque. COLBERT s'enfonce par l'arrière sans prendre de gite.
Les hommes courent aux postes de sauvetage, descendent les embarcations à la mer, opération difficile à cause de la vitesse du navire. Elles cognent violemment le long de la coque. Les radeaux sont largués et tombent le long du bord.
COLBERT S'enfonce de plus en plus par l'arrière. A un moment donné, il se cabre. Tout ce qui se trouve sur la partie avant dégringole, fauchant tout sur son passage.
J'étais près de la cheminée où l'eau arrive en trombe. Je me jette à la mer et j'ai la sensation d'être dans une véritable tornade liquide. Combien de temps pour remonter à la surface ? Je l'ignore, mais à force de nager et de me débattre, je fais surface. Il était temps car je commençais à suffoquer. Je regarde autour de moi : la mer est couverte de balles de foin et d'objets hétéroclites. Je saisis une balle de foin et je peux enfin m'y reposer."
Outre une citation à l'ordre du corps d'armée, le commandant Rouillé fut fait chevalier de la Légion d'Honneur en 1961. Il fut le parrain de la promotion 1966 des élèves de l'Ecole Nationale de la Marine Marchande de Saint Malo.
(source : "Les 110 ans de la Havraise Péninsulaire" de Charles Limonier)
Cdlt
Voici une vue du COLBERT à quai à Alger.

Récit du second capitaine Frédéric Rouillé à propos du naufrage :
"Je viens de quitter le quart lorsque COLBERT est secoué par une violente explosion. Une gerbe d'eau monte jusqu'au sommet de la cheminée. Nous venons d'être touchés par une torpille.
Le premier moment de stupeur passé, nous nous rendons compte que la cloison étanche entre la machine et la cale 4 est détruite. L'eau s'engouffre avec violence par la brèche de la coque. COLBERT s'enfonce par l'arrière sans prendre de gite.
Les hommes courent aux postes de sauvetage, descendent les embarcations à la mer, opération difficile à cause de la vitesse du navire. Elles cognent violemment le long de la coque. Les radeaux sont largués et tombent le long du bord.
COLBERT S'enfonce de plus en plus par l'arrière. A un moment donné, il se cabre. Tout ce qui se trouve sur la partie avant dégringole, fauchant tout sur son passage.
J'étais près de la cheminée où l'eau arrive en trombe. Je me jette à la mer et j'ai la sensation d'être dans une véritable tornade liquide. Combien de temps pour remonter à la surface ? Je l'ignore, mais à force de nager et de me débattre, je fais surface. Il était temps car je commençais à suffoquer. Je regarde autour de moi : la mer est couverte de balles de foin et d'objets hétéroclites. Je saisis une balle de foin et je peux enfin m'y reposer."
Outre une citation à l'ordre du corps d'armée, le commandant Rouillé fut fait chevalier de la Légion d'Honneur en 1961. Il fut le parrain de la promotion 1966 des élèves de l'Ecole Nationale de la Marine Marchande de Saint Malo.
(source : "Les 110 ans de la Havraise Péninsulaire" de Charles Limonier)
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