Bonjour à tous,
Voici le récit du torpillage de l’ERNEST SIMONS
Ce navire avait quitté Marseille pour Diégo Suarez le 1er Avril à 16h00 avec 56 passagers (sous-officiers et soldats) et 122 hommes d’équipage sous le commandement du CLC Antoine Rigaud. Il naviguait en convoi avec le CHERBOURG.
Son état-major se composait de
Rigaud Antoine Commandant CLC
Lacanaud Antoine 2e capitaine CLC
Eymard Marius Lieutenant CLC
Remise Joseph Lieutenant CLC
Mailhol François Chef Mécanicien OM1
Boulic Michel Sd mécanicien OM1
Noaro Pierre Sd mécanicien OM1
Servonnat Antoine Sd mécanicien OM1
Dumaine Marie Médecin
De Beaucorps Emile Commissaire
De Swetschin Paul Officier radio
Figaroli Jean Maître d’équipage
Briand François Capitaine d’armes
Le 2 Avril eût lieu un exercice d’abandon pour tous les passagers et l’équipage. Chacun était muni d’une ceinture de sauvetage.
Le 3 Avril à 10h10 il faisait route au 082 à 12,5 nds lorsque le lieutenant de quart Remise, le sd capitaine Lacanaud et le cdt Rigaud, qui étaient sur la passerelle, aperçurent le sillage d’une torpille venant par 40 degrés de l’arrière. L’ordre fut aussitôt donné « Barre toute à droite ».
Quelques secondes plus tard, la torpille frappa le flanc gauche du navire sur l’arrière de la passerelle. Une explosion formidable se produisit, la coque fut déchirée, les embarcations 2 et 4 broyées, le pont, la pharmacie, les échelles et tout le côté bâbord défoncés, les antennes TSF abattues. Le panneau de la cale 2 s’effondra et une chaudière fit explosion.
A la passerelle, compas, taximètres, vitrages, transmetteurs d’ordres étaient détruits et les hommes avaient été projetés à terre.
L’officier de quart machine Servonnat stoppa immédiatement la machine, respectant ainsi la consigne. Les portes des cloisons étanches machine-chaufferie furent fermées par le chef mécanicien, et les portes des cloisons étanches de la batterie par les maîtres d’hôtel.
Le télégraphiste lança aussitôt les messages de détresse après que l’officier de quart lui eût donné la position 37°10 N 08°28 E.
Le navire s’enfonçant rapidement, on mit aux postes d’abandon. Tandis que les saisines étaient larguées, le commandant se rendit dans sa cabine, prit tous les papiers secrets et les mit dans un sac plombé qu’il lança à la mer.
Huit canots et dix radeaux furent affalés. A 11h10, blessés, passagers et équipage étaient évacués. Le commandant prit place sur un radeau tribord arrière lorsque le navire se coupa en deux à hauteur de la passerelle et disparut immédiatement.
A 11h10, le sous-marin émergea. Il accosta un radeau monté par des indigènes et par le chauffeur Cavéribère.
Le commandant du sous-marin demanda :
-« Quel est le nom du bateau ? »
Le chauffeur répondit
-« ERNEST SIMONS »
-« Et le capitaine… où est-il ? »
-« Je ne sais pas »
Le commandant parlait un très bon français, sans accent. Il était de taille moyenne, âgé d’environ 30 ans, avec des cheveux blonds, des yeux bleus, un nez moyen. Il portait une veste en cuir noir sans aucun insigne. Il y avait près de lui un enseigne d’environ 25 ans et un homme d’équipage.
Le sous-marin avait un kiosque s’élevant à 2m au dessus du pont, un canon, un périscope entre le canon et le blockhaus, une mitrailleuse mobile sur la passerelle et une peinture grise fraîche.
Il s’éloigna ensuite vers le nord.
Voici la silhouette du sous-marin dessinée par le capitaine Rigaud.
Elle est intéressante à comparer avec la silhouette dessinée par le second capitaine Bichon, du SAINT SIMON, coulé le soir même par cet UC 37, et qui avait eu le même contact avec Launburg.
et avec la silhouette réelle de l'UC 37
Le capitaine forma deux convois, l’un de six embarcations et l’autre de deux canots remorquant deux radeaux amarrés.
Le premier convoi fut recueilli à 13h45 par le chalutier AUGUSTE LEBLOND et le second par le vapeur grec JOANNIS COULANDIS, capitaine Nicolas Simpoura qui les tranféra par la suite sur le chalutier.
Après avoir pris les embarcations en remorque, le chalutier fit route sur Bône où il arriva à 21h30 avec trois embarcations seulement, les autres ayant été perdues suite à l’état de la mer.
Appel fut fait de l’équipage et des passagers.
Constaté la disparition de
- Joseph Casal infirmier inscrit à Marseille et qui se trouvait dans la pharmacie au moment de l’explosion de la torpille
- Antoine Mazzola (aucune indication sur ce marin)
- 7 (ou 9 ?) chauffeurs arabes
- Noël Forni chauffeur, d’Ajaccio est décédé des suite de ses blessures
Aucun manquant parmi les passagers.
Blessés :
Rigaud Antoine Commandant
Ricci Victor Chauffeur Marseille
Paoli François Chauffeur Bastia
Pettinato Antoine Chauffeur Bastia
Tual Jacques Matelot Le Conquet
Honoré Marius Matelot La Ciotat
Bracchi Matthieu Matelot Bastia
Mijevand Fernand Matelot La Ciotat
En conclusion, le commandant tient à signaler la conduite de l’état-major, de l’équipage et des passagers au cours de cet évènement. Le calme, le sang froid et la discipline de tous ont permis de procéder à l’évacuation du navire dans les meilleures conditions.
Il signale tout particulièrement :
Le second Lacanaud et le chef mécanicien Mailhol qui ont pris la direction des opérations pour les canots tribord
Le lieutenant Remise et le second mécanicien Boulic qui dirigèrent les opérations à bâbord
Le lieutenant Eymard, le second mécancien Noaro, le radio Swetschin et le second maître Gandolfi qui ont mis à l’eau les derniers radeaux de tribord et ont évacué le navire en dernier avec le commandant.
En conclusion, rappelons qu'Otto Launburg avait été le second
d'Arnauld de la Périère sur l'U 35 au début de 1916. Il était âgé de 26 ans. Redoutable baroudeur, sur le seul UC 37 il coulera 24 navires pour 54000 tonnes.
Il survivra à la guerre. Torpillé par un sous-marin anglais aux approches de Kotor alors qu'il naviguait en surface, il sera le seul rescapé de son bâtiment avec son timonier.
Cdlt