Bonjour,
Voilà la suite et la fin des lettres.
Cordialement
Marc
Le 26 juin 1916.
Chère petite Riri,
Je viens de recevoir ton colis de fromage et de beurre. Cette fois, le beurre était très bon et les fromages sont en bon état. A l’heure, où je t’écris, il fait de l’orage et la pluie tombe à verse.
Malgré le mauvais temps, il y a grand bombardement pour nous encore pendant 3 jours et après, c’est nous qui sortirons pour aller voir s’il reste encore des « Boches » dans les tranchées. Dans ces jours là, tu n’auras pas de lettre, mais ne t’ennuies pas, car avec ce qu’il tombe comme obus, je crois bien qu’il n’y aura plus rien dans les tranchées quand nous arriverons, ou ceux qui pourraient rester dans les trous des obus, seront fous, ou bien, ils devront se rendre. L’on dit que c’est rien que le bombardement que l’on entend, que les dernières heures avant d’attaquer, que ce sera dix fois pire.
Chère petite Riri, je te quitte en t’embrassant bien fort avec notre petit Hubert et toute la famille.
Ton petit Néné pour la vie.
Le 27 juin 1916.
Chère petite Riri,
Nous sommes toujours dans un petit ravin, mais ce soir, nous montons prendre les tranchées de départ et l’attaque n’aura lieu que le 29, à quelle heure, je n’en sais rien. En attendant, chère, petite Riri, ne t’ennuie pas, car l’artillerie fait rage en ce moment. Cela nous fait mal à la tête, et le soir, l’on croirait que tout le pays derrière nous sont en feu et les flammes qui sortent des canons ; il y en a de toutes les grosseurs depuis le 37 mm jusqu’au 380 et tous tirent ensemble pendant 4 ou 5 heures sans quitte.
Il y a un moment de repos et au bout de 2 ou 3 heures, tous recommencent à tirer et toujours comme cela depuis 2 jours et cela va durer jusqu’après demain sans quitte. Il paraît que les 3 dernières heures, ce sera encore bien pire. Je me demande comment cela va être.
Chère petite Riri, je ne vois plus rien à te dire de nouveau. Je me porte bien et je ne suis pas trop malheureux pour le moment. Il faut espérer que l’attaque réussira et que nous serons débarrassés pour le mois de septembre.
Chère petite, je te quitte en t’embrassant bien avec notre petit Hubert et toute la famille. Ton petit Néné pour la vie que ne t’oublie pas et pense à toi. Mille bons baisers de ton petit Néné, qui ne vit que pour toi.
Le 28 juin 1916.
Chère petite Riri,
Aujourd’hui, il fait mauvais temps. Il a tombé de l’eau toute la journée. Le bombardement continue toujours plus fort. Devant nous, ce n’est qu’un nuage de fumée, de poudre. L’on attaque demain. Je ne sais pas encore l’heure. Je n’ai pas reçu de lettre de toi hier, j’espère bien en avoir une aujourd’hui.
Moi je t’écris tous les jours, mais demain, je ne sais pas si je pourrais t’écrire. Même pendant, 2 ou 3 jours, ne t’ennuie pas. Aussitôt que je pourrais t’envoyer un mot ou une carte, je te l’enverrai. Et quand, nous reviendrons à l’arrière pour quelques jours, je te raconterai comment cela s’est passé.
Ce soir, l’on va prendre les positions de départ à 11 heures du soir et demain, en avant, si l’on n’attrape pas une bonne blessure.
Chère petite, je ne vois plus rien d’autre chose à te dire que je ne suis pas très bien couché. Je suis sur la terre comme tous, même dans la boue. Cela n’est pas bien amusant. Les obus passent par dessus nous. Il en vient aussi sur nous de temps en temps. Malgré tout, depuis nous n’avons pas eu un seul blessé. Dans les autres compagnies, ils en ont eu tous.
Chère petite Riri, je te quitte en t’embrassant bien fort et de loin, avec notre petite Hubert et toute la famille chez nous et chez vous. Ton petit Néné pour la vie qui ne t’oubliera jamais.
Le 29 juin 1916.
Chère petite Riri,
Aujourd’hui 29 encore rien de nouveau. L’on attaque pas aujourd’hui. Ce sera pour plus tard. Quand, je n’en sais rien. Voilà 2 jours que je ne reçois rien de toi. La Poste ne marche pas très bien depuis 2 jours. J’espère bien en recevoir une ce soir. Tu me diras ce que vous faites par là. En ce moment, moi, je suis toujours en attendant dans un petit trou, couché sur la terre, avec une couverture.
La nourriture que nous avons en ce moment serait pas mauvaise, mais à force de la transporter, elle arrive dans un sale état. C’était la viande, est cuite et coupée en morceaux et mise dans une lessiveuse pour nous l’apporter en première ligne et les légumes arrivent dans des bouthéons qui sont relavés toutes les fois que l’on va au repos.
Déjà 8 jours qu’ils ne sont pas lavés et cela me régale. D’avance, je ne mange que ton fromage et des confitures que l’on a touchées avec un demi-litre de vin par jour et une grande d’eau de vie, qui a mauvais goût tous les matins.
Chère petite, hier soir, nous avons fait des tranchées en avant des nôtres pour nous rapprocher des « Boches », que l’on ait moins loin pour sauter toutes les tranchées qui sont culbutées par les obus.
Mais il était temps que l’on revienne car les « Boches » ont arrosé toute la tranchée de Shrapnells, aussitôt que nous sommes rentrés dans nos abris 300 mètres derrière.
Chère petite Riri, je te quitte en t’embrassant bien fort avec notre petit Hubert et toute la famille. Ton petit Néné pour la vie qui ne t’oublie pas et pense à toi.
Le 30 juin 1916.
Chère petite Riri,
J’ai reçu hier 2 lettres, une du 24 et l’autre du 25 et 26 juin. Cela me fait très plaisir. Il y avait 2 jours que je n’avais rien reçu. L’on est toujours en première ligne, prêt à partir et le bombardement dure toujours. Je ne sais pas encore quand ce sera fini. Il ne faut pas perdre courage et espérer que cette fois, nous arriverons à quelque chose. Je te dirais que nous sommes pas très bien couchés sur la terre, mais il ne faut pas se plaindre.
Demain après, ce sera peut-être encore pire.
Chère petite Riri, autre chose à te dire. Tu m’enverras des fromages comme je l’ai mis sur une lettre de façon que ma musette soit toujours garnie.
Chère petite Riri, je te quitte en t’embrassant bien fort avec notre petit Hubert et toute la famille. Ton petit Néné pour la vie qui ne t’oublie pas et pense à toi.
René CHARBAUT est mort pour la France le lendemain, 01 juillet 1916, à Curlu, lors du premier jour de la grande offensive alliée sur la Somme.
Lettres avant la bataille de la Somme suite et fin
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