Mutilations volontaires constatées à l’HOE 15

[Herve Baltenneck]

Bonjour à tous,
L’hôpital d’évacuation du 15e corps d’armée s’est constitué à Marseille le 3 août 1914, deuxième jour de la mobilisation générale.
La première implantation de l’HOE 15 débute à Dijon le 11 août 1914 dans la soirée. Deux établissements ont été mis à la disposition de la formation sanitaire à environ 400 et 600 m de la gare de Dijon.
Le 31 août 1914, arrive en gare de Dijon-ville un convoi de 500 blessés venant de Bayon (Bayon est une commune située à environ 26 km au sud-sud-est de Nancy). Les blessures intéressent en partie les doigts et les orteils, principalement les doigts et la face palmaire de la main gauche. Sans être affirmatifs, les médecins de l’HOE pensent que certaines de ces blessures sont des lésions volontaires (traces de brûlure et pigmentation de poudre au voisinage de l’orifice d’entrée). Un autre militaire porte un gros pansement du cuir chevelu sous lequel il n’y avait aucune trace de blessure.
Le 3 novembre 1914 ; l’HOE 15 reçoit par téléphone l’ordre du commissaire régulateur de Chaumont, de faire ses préparatifs d’urgence pour être dirigé sur Dunkerque. L’HOE 15 est désormais rattaché à la 8e armée, l’armée de Belgique.
La formation sanitaire quitte Dijon le 4 novembre 1914 à 2 heures du matin. Elle reçoit le 5 novembre 1914 l’ordre de se rendre dès le 6 novembre 1914 à Poperinghe (1re section ; la commune de Poperinghe, ou Poperinge, est située en Belgique à 9 km environ à l’ouest d’Ypres) et à Abeele (2e section ; Abeele, ou Abele, est une petite commune située à 5 km environ au sud-ouest de Poperinghe). Partie le 6 novembre 1914 à 8 heures (il n’est pas dit s’il s’agit du matin ou du soir), la 1re section de l’HOE 15 n’arrive à Poperinghe qu’à 5 heures du matin le 7 novembre 1914, après avoir laissé au passage la 2e section à Abeele. L’HOE de Poperinghe n’est prêt à fonctionner (et reçoit son premier blessé) que le 9 novembre 1914.
L’HOE de Poperinghe occupe les locaux de l’ambulance 6/17 (pensionnat de la Sainte-union), à laquelle il s’est substitué, et dans ceux occupés par l’ambulance 6/9 (établissement des incurables). Ces deux établissements sont situés à environ 300 m de la gare de Poperinghe. À ces deux établissements s’ajoute un grand bâtiment, très voisin de la gare, destiné au séchage du houblon. L’ambulance 6/17, qui forme une annexe de l’HOE, s’est rapidement organisé dans un établissement de la ville de Poperinghe.
L’installation de l’HOE est à peu près finie le 14 novembre 1914. Il fonctionne pleinement le 27 novembre 1914.
Le 1er janvier 1915, le médecin-inspecteur de la direction du Service de santé de la 8e armée manifeste son intention de modifier le fonctionnement de l’HOE en lui retirant les trois hôpitaux par lui créé à Poperinghe et en le cantonnant purement et simplement à la gare pour y accomplir la mission strictement réglementaire de triage, pansement et évacuation. Les trois hôpitaux deviennent les établissements d’un centre hospitalier, désigné hôpital temporaire de Poperinghe.
Le 1er mai 1915, le médecin-chef de l’HOE 15 constate parmi les blessés arrivés à l’hôpital un nombre anormal de blessures suspectes par balle de la main gauche. Sur 831 blessés entrant à l’HOE entre 8 heures du soir et 8 heures du matin, 156 présentent ce type de blessures (19 %). Ce fait est signalé au médecin-chef de la 15e division et à la direction du Service de santé de l’armée. Le médecin-chef de l’ambulance 2/152 est spécialement désigné pour examiner les blessés suspects.
Bonne journée
Hervé Baltenneck

[Jean RIOTTE]

Bonjour Hervé,
Très intéressant ce que vous nous rapportez là.
Peut-on connaître vos sources et les suites réservées aux auteurs de ces blessures suspectes ?
Cordialement.
Jean RIOTTE.

[Herve Baltenneck]

Bonjour Jean,
L'information provient du Journal des marches et opérations de l'Hôpital d'évacuation (on ne reviendra pas sur les différentes appellations) n° 15 que j'ai consulté au Val-de-Grâce (ce JMO est constitué de six cahiers).
Bon après-midi
Hervé

[Jean RIOTTE]

Merci, Hervé.
Cordialement.
Jean RIOTTE.