Metz hopital Saint -Clément février1915

[lavande]

accueil et soins donnés à un brave de la 21ecompagnie du 325e ré d'inf.
Je fus transporté sur une civière dans une salle toute blanche, éclairée d'une façon éblouissante à l'éléctricité. Débarrassé en un clin d'oeil, par des infirmiers en tunique blanche,de mon pansement ,de ma capote couverte de boue et de sang séché, de mes gros souliers, de nombreux gilets et tricots dont quelques uns furent fendus de haut en bas pour accelerer le démaillotage du patient. L'ensemble de l'opération exécuté par un personnel nombreux et exercé,- l'un s'occupant des pieds, l'autre de la téte, l'autre du tronc, ne dura sûrement pas une minute. Une fois nu comme un ver, je fus porté sur une table d'opération en verre: deux soeurs s'approcherent de moi avec des éponges et des cuvettes et procédérent à un débarbouillage intégral à l'eau tiéde. Cette seconde opération fut aussi rondement et méthodiquement menée que la premiére, je n'éprouvais aucune douleur. Deux médecins s'approcherent de la table et examinérent attentivement ma blessure mon pansement fut refait.
Ma blessure pansée je fus revêtu d'une chemise militaire d'hopital ridiculement courte, selon l'usage traditionnel de tous les lazarets boches, par lesquels , j'ai passé. Je fus transporté dans la salle112 ,( 15 lits d'un coté, 15 de l'autre) de l'hopital ou un lit me fut affecté.
La salle dans laquelle j'arrivais, etait faiblement éclairée par une lampe electrique centrale voilée par un abat-jour vert. Le service de garde était partagé pendant la nuit en deux fractions de 7h à minuit , et de minuit à 7h, il était assuré par un seul infirmier qui a son tour achevé , était remplacé par un camarade.. Les observations (fievre , plaintes, hémorragies etc etc, étaient consignées au crayon sur un registre, le lendemain matin au moment de la visite ,était soumis au médecin de service.
.....les lits de la salle 112 sans etre moelleux, etaient tres confortables. C'etaient des couches etroites longues de 2 metres, larges de 0,70cm, comportant un matelas de crin et une toile metallique souple faisant sommier. Les draps , ainsi que le linge des malades étaient changés tous les dimanches. Le linge etait fait de grosse toile épaisse et rapeuse portant en empreinte indelebile "Lazarett St. Klemens.
salle de pansements:
.......... le traitement était toujours le méme, uniforme pour tout les cas.
Pour les plaies suppurantes, une méche de gaze iodoformée, enfoncée avec une pince, et extraite le lendemain ou le surlendemain, pour les plaies en voie de guérison, une pommade de cicatrisation. Le seul élément de variation était la dimension de la gaze iodoformée dans la plaie, selon que celle-ci était légére moyenne ou profonde et vaste au point d'emporter le malade!
Pour une blessure à l'intestin, pas de laparotomie, on enfoncait de plus en plus de gaze, et en dernier lieu, on laissait mijoter l'agonisant pendant une demie heure dans un bain tiéde!! (et j'en passe!)
Robert d'Harcourt Souvenirs de captivité et d'évasion
hopital Saint Clément Metz fevrier 1915.

[Jean RIOTTE]

bonjour à toutes et à tous,
Bonjour lavande,
Merci infiniment pour cet aperçu des soins dont les poilus faisaient l'objet.
Cordialement.
Jean RIOTTE.