Langue Bretonne en 1914

Avatar de l’utilisateur
Florent Deludet
Messages : 568
Inscription : dim. sept. 18, 2005 2:00 am

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par Florent Deludet »

Bonjour à tous,

Avec presque 1/3 de Bretons ( essentiellement du 22 et du 56) dans ma liste de MPF de mon cher 106è RI ( donc représentatif de la population du 106), me venait la question du language, pardon! de la langue "Bretonne" parlée.
Quant est il réellement ?
Que parlait le pecheur Finistérien de 1914 ? Entre eux ? et mixés avec d'autres provinciaux ?
Il y avait il des problèmes de compréhension du Francais ?
Non que je prenne ces irréductibles Gaulois pour des "incultes "bien sur, mais on a tellement dit de choses plus ou moins vraies sur eux...
Avez vous des témoignages de l'époque sur ces problèmes ?
Merci.
Cordialement
Florent


PS:En espérant de pas "froisser" les nombreux Bretons du Forum ! :jap:

"- C'est nous...du 106...Nous rentrons. -Oh! pauvres...Pauvres enfants ! "
Recherche le 106ème R.I de Chalons sur Marne http://ceuxdu106.over-blog.com/
Avatar de l’utilisateur
Jean RIOTTE
Messages : 5774
Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Florent,
Il n'y a pas que parmi les poilus bretons que s'est posé le problème de la plus ou moins grande connaissance de la langue française. Tant au plan de la compréhension que de l'écriture (surtout).
Bien des soldats de nos régiments du Sud-Ouest ( Basques, Béarnais, Bigourdans, Landais entre autres) ont rencontré quelques difficultés au début. Mais la promiscuité et le fait de vivre 24/24h ensemble ont tôt fait, je pense, de pallier les insuffisances du langage parlé. Pour l'écriture ce dut être plus difficile...même si certains témoignages font écho de poilus ayant appris à lire et écrire durant la guerre grâce à la bienveillante attention de jeunes officiers subalternes ou la camaraderie de sous-officiers ou soldats instituteurs ou étudiants.
N' oublions pas que l'écrasante majorité de nos poilus était d'origine rurale et pour certains issus de régions ou pays isolés et fortement typés.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Avatar de l’utilisateur
Stephan @gosto
Messages : 5598
Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Localisation : Paris | Chartres | Rouen
Contact :

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par Stephan @gosto »

Bonjour,

Il est d'ailleurs curieux que ce problème - qui en fut probablement un en certains cas ; en tous cas, on peut au moins le supposer - ne soit que très rarement rapporté dans les témoignages et récits de combattants.

Il ne serait pas inintéressant de recenser, autant que faire se peut, les extraits qui relateraient de telles difficultés et que l'on pourrait éventuellement trouver dans quelques carnets de route, correspondances...

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

Image
Avatar de l’utilisateur
f.vaudour
Messages : 551
Inscription : lun. oct. 03, 2005 2:00 am

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par f.vaudour »

Bonjour,

Exemple des difficultés linguistiques des bretons :

Le verbe baragouiner vient de deux mots bretons signifiant pain et vin que ne comprenait personne lorsque les soldats armoricains en demandaient à leurs compagnons francophones.

Amicalement,

François
"le passé est la mémoire du futur" P.Valéry
Avatar de l’utilisateur
garnier jean pierre
Messages : 683
Inscription : lun. sept. 05, 2005 2:00 am

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par garnier jean pierre »

Bonsoir

Baragouiner ?

Je pensais qu'il s'agissait d'un bar avec entrée selective, mais bon on en apprend tous les jours.

Mr Mercadal, très heureux de vous retrouver sur le forum, parmi nous.

Cordialement
JP
Avatar de l’utilisateur
RIO Jean-Yves
Messages : 1169
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Localisation : VANNES (Morbihan)
Contact :

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par RIO Jean-Yves »

Bonjour à tous, bonjour Florent.

Houlà ! attention : terrain miné :non:
mais l'un des "irréductibles" :lol: veut bien apporter quelques commentaires "linguistiques" :

1° ) Quoique certains de nos chers représentants jacobins :fou: aient encore du mal à l'admettre, le Breton est effectivement une langue, certes "régionale", mais tout autant que le Corse ou le Basque... Et encore vivante malgré tous les efforts de la République pour la faire disparaitre, plus particulièrement d'ailleurs au lendemain de la première guerre mondiale.
On me pardonnera de donner ici deux exemples contemporains parmi beaucoup d'autres : dans les années 20-30 on attachait une paire de sabots au cou des enfants qui étaient surpris à parler breton à l'école (cf P-J Hélias) ; quant aux prénoms bretons (souvent déformés et francisés :( !) ils n'ont été "admis" par l'état-civil qu'il y a relativement peu, le cas le plus typique étant celle de la famille Le Goarnic dont la moitié des enfants, nés dans les années 1960, ne furent pas reconnus par l'état-civil français pour cette seule raison ! L'énormité du cas, porté au niveau européen, allait permettre d'ouvrir la brêche et l'évolution que nous connaissons aujourd'hui.

Pour en revenir à 14-18, je n'ai d'ailleurs remarqué aucun prénom breton "originel" parmi tous ceux des MplF morbihannais répertoriés au 116e RI, la majorité étant pourtant d'origine rurale ; tous sont "francisés" et "christianisés". Mais il est vrai que l'église, là aussi, et surtout en terre Bretonne, jouait son rôle.
Sophie, pourrais-tu nous éclairer sur ce point pour tes Finistériens du 19e ?

2°) La Bretagne était en fait à l'époque partagée en trois au niveau de la langue : d'un coté le Breton, d'origine celtique (en Basse-Bretagne, pour simplifier : sa partie Ouest qui ,paradoxalement, a les points culminants de la péninsule) ; de l'autre le Gallo, d'origine latine et se rapprochant en ce sens du Français (en Haute-Bretagne : la partie Est se confondant avec le bassin de la rivière Vilaine et au contact des "Marches" Bretonnes : Mayenne,...). La ligne de délimitation entre les deux allait très grossièrement du mileu du "Vannetais" (Bro-Gwened) pour remonter jusqu'à la région de St Brieuc. Et, supplantant petit à petit les deux (surtout la seconde) à compter de la fin du XIXe, le Français, grâce, en partie, à Jules (Ferry).

3°) La langue Bretonne connaissant elle-même des spécificités selon ses "Pays", avec notamment des variantes de prononciations (le breton littéraire actuel n'étant qu'un "compromis"), on peut imaginer ce que cela pouvait donner entre Bretons eux-mêmes...

4°) En 1914, effectivement, nombre de soldats issus des milieux ruraux et marins ne parlaient toujours que leur langue maternelle.

Pour illustrer mon propos et répondre en partie à ton interrogation et à la remarque de Stéphan : ci-après un article paru dans l'édition du 23.09.1914 du "Nouvelliste du Morbihan" (dont la rédaction était à Lorient) :

"LES BRETONS A LA GUERRE
Nous recevons de notre confrère Loeïz Herrieu, le barde bien connu, qui, en ce moment, remplit son devoir de français sous les plis du glorieux drapeau national, une intéressante lettre dont nous donnons extrait suivant :
"Mon cher confrère et ami,
Le service des correspondances étant fait d'une façon défectueuse, voudriez-vous, par la voie du Nouvelliste, rassurer les familles qui ont quelques-uns des leurs au 88e régiment territorial, sur le sort de ce régiment...
Presque pas de malades au régiment
La nourriture est copieuse et le moral excellent. Nos Bretons acceptent leur nouvelle situation avec bonne humeur.
Tout le monde ici, ou à peu près, est breton ; presque tous "bretonnent" à longueur de journée et les ordres même se donnent souvent en breton.
Dimanche, M. l'abbé Moigne, caporal à la 3e compagnie, nous a dit la messe et a prononcé une vibrante allocution en breton. A l'harmonium, M. l'abbé Le Gall, de Naizin, soldat cycliste, nous a fait entendre les airs du pays. On a chanté des cantiques bretons.
Dans les rues, quelques coiffes bretonnes circulent ... C'est donc toute la Bretagne que nous avons ici ! Il nous manque cependant le chistr mat de chez nous : nos gosiers bretons s'habituent difficilement au vin et à l'eau un peu trop calcaire de cette région.
Malgré tout, chacun fait son devoir, tout simplement, en bon Breton et en bon Français.
Bon souvenir aux confrères restés à Lorient et à vous cordialement."
L. HERRIEU
"


Je pense que je n'ai besoin de traduire "chistr mat". :D pour personne.

Au niveau du vocabulaire, comme l'explique François, le contact des soldats Bretons aux soldats originaires des autres régions françaises allait notamment donner naissance au verbe "Baragouiner" (Bara : le pain - Gwin : le vin), ces deux mots se retrouvant régulièrement dans la conversation des poilus bretons ... et incompréhensibles pour les autres.
Je rejoins Jean quant à l'évolution "culturelle" qu'allait provoquer la promiscuité des soldats dans les tranchées.

L'un des "incultes" d'Armorique. Forcément chauvin.. :lol:
Kenavo et sans rancune. :hello:


NB :
JPierre : les estaminets que tu décris se trouvaient au début du siècle (le XXe) plus particulièrement Rue de la Tannerie à Vannes, cours de Chazelles à Lorient et quai de la Fosse à Nantes. ;)
Florent : trop tard, je suis définitivement froissé :lol:
Recherches sur les régiments vannetais (116e & 316e RI, 28e & 35e RAC) et l'histoire de VANNES
http://vannes1418.canalblog.com/
cyrilbanuls
Messages : 38
Inscription : dim. nov. 05, 2006 1:00 am

Re: Langue Bretonne en 1914

Message par cyrilbanuls »

dans les carnets de louis barthas, il est dit que son escouade conversait en occitent
pour revenir aux bretons (ma famille maternelle est de landivisiau), je peux vous dire que mon arrière-grand mère est montée à paris en 1930 en parlant que peu le français (elle n'a jms su l'écrire correctement)
Répondre

Revenir à « Sujets généraux »