Halte au "devoir de mémoire" ?

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,

Lors d'une retransmission des cérémonies d'Oradour-sur-Glane, dans l'après-midi, Denis Peschanski était invité sur le plateau d'une chaîne d'information en continu. Le journaliste lui ayant demandé ce qu'il pensait de ce "devoir de mémoire", il a d'abord répondu qu'il en avait assez de cette expression, avant d'ajouter qu'elle n'avait pas de sens, et qu'il n'éprouvait pour sa part qu'un besoin de vérité historique et un devoir moral. J'avoue ne pas être mécontent d'avoir entendu un historien s'exprimer de la sorte (mais peut-être suis-je le seul à être las de ce cliché).

En fouinant un peu, je viens de découvrir ce texte particulièrement intéressant, qui donne à réfléchir : http://centrealbertobenveniste.org/form ... Ledoux.pdf

Bonne lecture (si ce texte n'a pas déjà été indiqué sur ce forum). Je ne doute pas que le cycle 2014-2018 sera richissime en "devoir(s) de mémoire"...

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[Achache]

Bonsoir;

peut-être suis-je le seul à être las de ce cliché

Certes non, Eric !

Sauve ma modestie, voilà déjà un bon moment que j'en ai dit quelques mots dans l'introduction de mon petit site; si je puis y renvoyer ...:

http://www.43ric.free.fr/index.php

Bien à vous,

[:achache:1]

[Charraud Jerome]

Bonsoir
Très intéressante intervention, Messieurs. Je suis moi même un utilisateur abusif (inconscient?) du terme. Cela me fait penser à l'utilisation de l’appellation "fusillés pour l'exemple" en lieu et place de celle de "fusillés" .

Cordialement
Jérôme Charraud

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

Je réserve les « devoirs de mémoire » à la prévention de la maladie d’Alzheimer — ou au retardement de l’apparition de ses premiers symptômes !

Et — question proche —, j’abhorre les « lois mémorielles », par lesquelles les actuels élus de la Nation se donnent bonne conscience en confessant en son nom les éventuels égarements des gouvernants du passé, et parfois d’un passé lointain. Il n’appartient pas en effet au législateur de réécrire subrepticement l’histoire à l’aune de principes conventionnels ou constitutionnels contemporains. Ou, plus prosaïquement, sous la pression de quelconques « communautés », auxquelles prétendent appartenir d'aucuns de leurs électeurs...

[Patrice Pruniaux1]

Bonjour à tous,
Il y a bien longtemps que je laisse le " Devoir de Mémoire " à ceux qui participent par obligation en s'en moquant éperdument, ou parce que cela est politiquement correcte et que l'on une bonne chance d'être sur la photo ....
En 2007, j'ai ouvert ce post:

pages1418/QUESTIONS-SUGGESTIONS/devoir- ... .htm#t1134

Suite à des échanges avec Arnaud j'ai écris dans la présentation de mon blog:

" Si l'expression " Devoir de Mémoire " à ses partisans, malgré un sens quelque peu " obligatoire ", je lui préfère aujourd'hui celle de mon ami Arnaud CARROBI: " Devoir de Savoir. "
Savoir minimum sur notre passé qui déclenchera peut-être un " besoin de Mémoire " et une participation active des jeunes au Souvenir de nos Anciens. "

Reprenant à mon compte le prologue de Maurice Genevoix..:

" Tout homme est solidaire. Il est ainsi comptable de ce qu'il est en mesure de transmettre. Et il l'est dans la mesure même de ce qu'il a personnellement reçu..."

... je n'ai même pas de " Devoir moral ." Simplement une continuité de ce qui se fait dans ma famille, une logique de transmettre le passé.

Cordialement, Patrice.

[e-Storial]

Bonjour

Attention tout de même à ne pas tomber dans des travers qui se résument le plus souvent à une mode de verbiage .
Ex: le balayeur qui devient technicien de sol, le gardien devenant agent de sécurité, le musée se transformant en centre d'interprétation, le pouvoir d'achat en pouvoir d'avoir…etc. Moi même préférant souvent de fois la minute d'explication à celle de silence…
Mais ça change quoi au fond ? L'histoire s'apprend tout comme une autre science. Voudriez laisser le devoir d'apprendre au bon vouloir de ceux qui sont en devenir ? Faut-il effacer définitivement le mot DEVOIR pour faire preuve de modernisme ou de "jeunisme" ? Ceux qui participent de manière obligatoire ont au moins le mérite d'être présent contrairement à ceux «qui restent dans leur lit douillet».

Cordialement
JF Genet

[nono26]

De quoi ?, mais quoi?? Mais qu'est ce ??
le site de achache??? jamais entendu parler ..
On me cache tout .. on me dit rien ..

je vais séance tenante l'explorer , que dis je l'étudier, le disséquer...

Un grand nombre de nos amis créent des sites , des blogs et autres lieux accessibles par internet ...
Quel adorable intention de partage que de temps en temps , rappeler qu'il existe ce type de lieu d'échange ... pour ceux qui viennent d'arriver ...

A tous très cordialement...

Sous un soleil provençal qui ne se décide pas à se calmer

Nono

[Ferns]

Bonsoir,
Je peux vous dire qu'on nous le ripoline tous les ans et même plusieurs fois dans l'année dans l'Education Nationale à coup de circulaires officielles. On devient des "profs de mémoire " et non plus enseignants en Histoire. Je ne prendrai aucun exemple afin justement de ne pas engendrer de polémique mais cela accompagne naturellement "la journée de..."

Cordialement,

Jé

[nono26]

Bonsoir ,
Tout bien réfléchi, effectivement, je m'entends parfois parler de passion du souvenir... Mais ce n'est qu'une démarche personnelle..

Bien cordialement
Nono

[POUDRIERE]

Bonsoir, la passion du souvenir me plait bien Nono.

Le "devoir de mémoire" me gêne. Et c'est le mot "devoir" qui cloche; il renvoie évidemment à son synonyme "obligation" comme cela a été dit plus haut je crois. Ceux qui vont dans les cimetières tous les 1er novembre le font-ils par obligation ou, plus humainement, pour témoigner une certaine reconnaissance à ceux qu'on a aimés et à qui on doit tant ?

"Mémoire et reconnaissance" me semblerait être une formule plus adéquate envers ceux qui sont morts pour que nous soyons, nous, vivants dans cette France magnifique qui a pu, grâce à eux, garder sa culture propre et ne pas être remplacée par une Kuktur qui nous est génétiquement étrangère et souvent obscure.

Cela me rappelle une visite assez récente que m'avait faite une de mes sœurs aînées. Comme je lui mettais entre les mains ce que j'avais écrit sur notre grand-père tué à Verdun, elle en feuilleta négligemment deux ou trois pages, puis me rendit le texte en me disant : Moi je vis dans le présent, le passé ne m'intéresse pas. Mon moment de stupeur et de déception passé, j'ai fini par accepter que, si on ne peut pas s'affranchir d'une obligation, chacun a la liberté d'adhérer ou non à nos propres passions, à nos mémoires, notre présent ou notre avenir. Après tout, cela s'appelle la démocratie.

Amicalement à tous.