Marie-Louise, déportée en 14-18 pour avoir hébergé un soldat breton

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Marie-Louise, déportée en 14-18 pour avoir hébergé un soldat breton
jeudi 11.11.2010, 05:03 - PAR RUFUS DE RIDDER
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En 1916, une jeune Bachinoise a été condamnée à six ans d'emprisonnement pour avoir caché un soldat breton dans sa ferme de la rue de Maubeuge. Jusqu'à la fin de la guerre, sa petite soeur tout juste âgée de seize ans s'occupera des sept enfants...

« La ferme du tout rouge », rue de Maubeuge, à Bachant. Nous sommes en 1914, c'est la guerre. Marie-Louise Malaquin s'occupe de ses sept enfants seule, puisque son mari, soldat, est fait prisonnier dans la forteresse de Maubeuge prise par les Allemands. En septembre, Marie-Louise accepte d'héberger un militaire breton, prisonnier de guerre évadé qui tente de regagner le front. Mais Henri Le Henatt échoue, se voit contraint de retourner à Bachant où il est à nouveau accueilli par Marie-Louise. Fin février 1916, peut-être dénoncée par une voisine, Mme Malaquin reçoit la visite de soldats allemands qui retrouvent le Breton caché dans l'étable où il dormait dans un bac sous le râtelier (voir photo ci-dessous).
Henri Le Henatt est jugé puis condamné à mort par arrêt du conseil de guerre le 13 mars 1916. Il sera fusillé dix jours plus tard, à Berlaimont.
Marie-Louise est elle aussi condamnée, par le même arrêt, à « six ans de réclusion et 500 marks d'amende ».
« Elle a été prisonnière en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre », sait Berthe Malaquin qui est la belle-fille de Marie-Louise pour avoir épousé son fils Henri. Henri, comme le soldat breton, en hommage.
Comme Henri Malaquin, Berthe est née après la Première Guerre mondiale, mais elle a souvent entendu parler sa belle-mère du soldat breton, de sa captivité à Seesbourg près de Cologne, du retour à Bachant ce jour d'août 1918...
Louise de Bettignies
« Marie a connu Louise de Bettignies (*) là-bas en prison. Elle nous racontait que Louise avait des cheveux jusqu'aux chevilles. Les autres prisonnières les lui tiraient pour voir si c'était des vrais », se souvient Berthe.
Autre souvenir de Berthe Malaquin, « belle-maman nous disait que pour se dire bonsoir, elles et ses copines tapaient dans les portes des cellules ».
Puis, visiblement émue, Berthe évoque la vie à la ferme du Tout rouge après le départ forcé de Marie-Louise. « C'est sa petite soeur, Madeleine, qui s'est occupée des sept enfants. » Le plus petit avait dix-huit mois, l'aîné douze ans. Madeleine en avait à peine seize... Après la guerre, Marie-Louise est revenue à Bachant. Les enfants étaient dans la cour quand ils ont vu passer le train, là juste en face où il passe toujours. Les petits ont tout de suite reconnu la silhouette de leur mère dans une des voitures : « " Oh, regarde, c'est maman, ça, c'est maman qui nous fait signe", disaient-ils ».
Berthe ne peut pas retenir ses larmes : « Je me mets à la place de ses enfants ».
En août 1918, la vie de ferme reprend « comme avant », Marie-Louise donnera naissance à trois autres enfants, dont Henri et Marcelle. Henri épousera Berthe en 1949 à partir de l'année suivante « on travaillait à la ferme avec Marie-Louise ». Titulaire de plusieurs décorations dont la Croix du combattant et la médaille des Déportés, elle est décédée en 1971. •
Louise de Bettignies était un agent secret français qui travaillait pour l'armée britannique sous le pseudonyme d'Alice Dubois.