"C'est le commencement de la régénération, du bonheur qui suivra"
Il me semble que c'est avant tout cette affirmation qui pose question à Joseph, non ?
Je n'ai pas le temps de développer ce matin, mais cette notion d'une guerre régénératrice était assez répandue dans certains milieux catholiques à l'époque. Péguy n'en fut-il pas un des chantres ? Au-delà, beaucoup de témoignages et correspondances d'hommes de foi mobilisés firent état de cette idée (illusion ?) que la guerre sera l'occasion de "nettoyer" enfin une société française salie, corrompue, par des années de laisser-aller, d'arrangements et d'orientations néfastes, lui ayant, à leurs yeux, fait perdre son identité, ses valeurs...
Pour alimenter la réflexion, je me permets d'indiquer ce livre de (mon maître, cours passionnants...) Gérard Gengembre : La Contre-Révolution où l'histoire désespérante, éditions Imago.
C'est peut-être un peu ardu mais passionnant.
L'auteur étudie la formation de la pensée contre-révolutionnaire et esquisse des perspectives permettant de comprendre le paysage intellectuel français de la fin du XIXème siècle. Barrès, Péguy etc... sont en partie les héritiers de cette pensée.
Le rachat des fautes supposées de la France par le sang et la violence est une thématique qui s'élabore à cette époque notamment chez Ballanche qui conçoit l'histoire comme un mouvement cyclique qu'il appelle palingénésie. Sous des formes différentes, cette pensée imprégnera durablement les esprits.
Pour prévenir par avance une objection (de Joseph Jacquet ?), l'auteur ne veut pas dire que la "droite" (pour faire simple...) a l'apanage d'une conception nécessairement et bénéfiquement violente de l'histoire (voir par exemple le personnage de Souvarine dans Germinal).
En gros, la pensée contre-révolutionnaire concevrait l'histoire comme un cycle fait d'un âge d'or, d'une décadence (l'impureté qu'évoquait Stéphan) et d'une rédemption par le sacrifice (guerres...).
La pensée révolutionnaire aurait, elle, une conception vectorialisée de l'histoire (du mal vers le bien par le biais du progrès) dans laquelle se comprend, par exemple, la notion de "table rase", de destruction des Empires. Cette destruction est alors comprise comme définitive, comme un progrès qui ne sera jamais remis en cause.
Tout cela est évidemment résumé voire caricaturé à gros traits.
Je vous mets une poignées de guillemets """""""""""""""""""""""""""""""""""", de conditionnels, de "peut-être", etc.
Cordialement,
Anthony
Ps : Alain, merci pour ce document ! Votre aïeul n'a sans doute pas lu Ballanche (j'ai essayé : excellent pour caller une armoire normande...), mais a dû bénéficier (?) d'un enseignement lointainement issu de ces penseurs.
Bonsoir Alain, Pierre, Stéphan, Anthony, Claude, Marc.
Bonsoir à tous,
Merci Alain pour le partage d’un document personnel. J’y vois (nul besoin d’une boule de cristal) : la lettre se voulant rassurante d’un père de famille à son épouse qui en de telles circonstances est lointaine de considérations politiques. L’homme souffre mais le cache pour protéger les siens. Son plus grand soucis est sa famille (dont une partie est à Lille sous occupation et il s’en inquiète : comment vivent t’ils ?) plutôt que son combat militaire qu’il assume pourtant. Le Grand père d’Alain déclare être heureux pour que son épouse le soit, évitant ainsi de lui ajouter des soucis.
J’espère Alain ne pas trahir ce courrier,
Amicalement, François
PS : j’ai rencontré notre voisin Thierry, il m’a chaleureusement accueilli et grandement renseigné.
Bonjour ,
Merci à François qui me rejoint sur le plan affectif, son analyse correspond bien à la réalité du moment, au vécu d'un homme tiraillé entre le devoir envers sa patrie et son rôle de père et de chef de famille que l'éloignement ne peut occulter.
Il est certain qu'avec le recul l'analyse de tout un chacun peut -être différemment interprétée, le sujet est vaste.
Merci à tous pour votre contribution
Cordialement
Alain