Bonjour à tous,
Je viens d'emprunter à la bibliothèque municipale l'ouvrage suivant : "Cahiers d'un survivant " par Dominique RICHERT, édité aux éditions La nuée bleue en 1994.
Ce document est la traduction française des carnets de guerre d'un paysan alsacien, non francophone, originaire de St Ulrich dans le Sundgau à la frontière suisse, Dominique RICHERT (1893-1977) incorporé dans l'armée allemande en 1913 et qui a fait toute la guerre côté allemand : front français jusqu'en fevrier 1915 puis front russe jusqu'en avril 1918 puis retour en France jusqu'à sa désertion en juillet 1918.
Connaissez vous ce témoignage qui me parait exceptionnel ; j'ai lu quelques passages en diagonale mais ça a l'air vraiement de valoir le détour.....
Notamment le début de la guerre en Alsace et en Lorraine où, vu du côté allemand, on a l'impression qu'eux aussi étaient envoyés au massacre avec des pertes énormes. Il décrit un combat dans les bois de Thiaville le 26/08/1914 où les hommes de son régiment avaient reçu ordre de tuer les blessés et prisonniers français. Il assiste à des executions mais réussit à sauver un blessé..... Il témoignera de ce fait lors de son interrogatoire en juillet 1918 par des officiers français. Ce fait est-il connu ?
Le passage où il relate sa désertion en juillet 1918 est aussi très palpitant....
Quant au gros du livre, il est consacré au front russe avec apparemment maintes détails sur les combats à l'est dans les Carpathes et aussi dans les pays baltes (récits notamment de combats contre les bolchéviques en Lettonie en 1918).
Voilà , je n'ai pas encore lu le livre mais je voulais savoir si ce témoignage était connu des éminents spécilmistes de ce forum....Sinon, je tenais à vous le signaler car cela a l'air d'être un rare témoignage, bien écrit, de la grande guerre vu du côté allemand....
Cordialement
Yann
"Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
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- Eric Mansuy
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Re: "Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
Bonjour Yann,
Un très intéressant témoignage que celui de Richert, en effet. Il l'est aussi -quoique bref, mais on en veut toujours plus...- sur les combats de Buhl, Hesse et Lorquin entre les 19 et 21 août 1914.
Quant à l'allusion à l'ordre de tuer les blessés et prisonniers français, il figure dans la majeure partie des ouvrages abordant les combats autour de la Chipotte, Ménil, Sainte-Barbe. A titre indicatif, voici ce qui se trouve dans le volume 4 de Palat, Les Batailles de Lorraine, page 89 : "Nous avons fait allusion à l'ordre monstrueux donné par le général Stenger à la 58e brigade (112e et 142e, deux régiments badois). Voici comment il était libellé : "A partir d'aujourd'hui, il ne sera plus fait de prisonniers. Tous les prisonniers seront massacrés ; les blessés, en armes ou non armés, massacrés. Derrière nous, il ne restera aucun ennemi vivant." Une trentaine de soldats de cette brigade, interrogés après leur capture, ont confirmé la réalité de cet ordre sous la foi du serment, en signant leurs dépositions."
Cela étant, il est toujours meilleur de pouvoir s'appuyer sur des éclairages allemands convergents sur de tels événements, cela va de soi.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Un très intéressant témoignage que celui de Richert, en effet. Il l'est aussi -quoique bref, mais on en veut toujours plus...- sur les combats de Buhl, Hesse et Lorquin entre les 19 et 21 août 1914.
Quant à l'allusion à l'ordre de tuer les blessés et prisonniers français, il figure dans la majeure partie des ouvrages abordant les combats autour de la Chipotte, Ménil, Sainte-Barbe. A titre indicatif, voici ce qui se trouve dans le volume 4 de Palat, Les Batailles de Lorraine, page 89 : "Nous avons fait allusion à l'ordre monstrueux donné par le général Stenger à la 58e brigade (112e et 142e, deux régiments badois). Voici comment il était libellé : "A partir d'aujourd'hui, il ne sera plus fait de prisonniers. Tous les prisonniers seront massacrés ; les blessés, en armes ou non armés, massacrés. Derrière nous, il ne restera aucun ennemi vivant." Une trentaine de soldats de cette brigade, interrogés après leur capture, ont confirmé la réalité de cet ordre sous la foi du serment, en signant leurs dépositions."
Cela étant, il est toujours meilleur de pouvoir s'appuyer sur des éclairages allemands convergents sur de tels événements, cela va de soi.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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Re: "Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
Bonjour ,
merci pour vos promptes réponses.
RICHERT précise bien que les ordres émanaient du Gal STENGER..... Il est intéressant de noter qu'en juillet 1918, les officiers de renseignements français qui interrogent le déserteur RICHERT sont vivement intéressés par ses confidences.... Y-a t-il eu des suites en 1918/1919 après ces crimes de guerre ? j'en doute ....
Cordialement
Yann
PS : pour Eric Mansuy, je n'oublie pas ma proposition pour le CD du front des vosges. le déménagement est en cours d'achèvement et dès que j'ai un peu de temps je m'y mets....
merci pour vos promptes réponses.
RICHERT précise bien que les ordres émanaient du Gal STENGER..... Il est intéressant de noter qu'en juillet 1918, les officiers de renseignements français qui interrogent le déserteur RICHERT sont vivement intéressés par ses confidences.... Y-a t-il eu des suites en 1918/1919 après ces crimes de guerre ? j'en doute ....
Cordialement
Yann
PS : pour Eric Mansuy, je n'oublie pas ma proposition pour le CD du front des vosges. le déménagement est en cours d'achèvement et dès que j'ai un peu de temps je m'y mets....
- Eric Mansuy
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Re: "Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
Bonjour à tous,
Bonjour Yann,
Sans avoir particulièrement fouillé le sujet, je vous cite simplement Louis Sadoul, in La Guerre dans les Vosges, page 24 : "A la Chipotte, la lutte sera féroce et sans merci. C'est là que, le 26 août, le général Stenger, commandant la 58e brigade du XIVe corps, donnera aux 112e et 142e régiments l'ordre sauvage d'achever sans pitié les blessés. Cet ordre, l'Allemagne entière l'a approuvé et la Haute Cour de Leipzig a acquitté le général Stenger".
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Bonjour Yann,
Sans avoir particulièrement fouillé le sujet, je vous cite simplement Louis Sadoul, in La Guerre dans les Vosges, page 24 : "A la Chipotte, la lutte sera féroce et sans merci. C'est là que, le 26 août, le général Stenger, commandant la 58e brigade du XIVe corps, donnera aux 112e et 142e régiments l'ordre sauvage d'achever sans pitié les blessés. Cet ordre, l'Allemagne entière l'a approuvé et la Haute Cour de Leipzig a acquitté le général Stenger".
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
- Jean-Claude Poncet
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Re: "Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
Bonjour,
Le 21 décembre 1914, était porté à la connaissance de tous les soldats français l’ordre du jour suivant :
"*Ordre général n° 31
Le général commandant en chef les armées porte à la connaissance des troupes le fait suivant :
Nous avons la preuve que le lieutenant commandant la 7e compagnie du 112e régiment d’infanterie badois a communiqué à ses hommes l’ordre du général commandant la brigade ( 58e brigade du 14e corps badois ).
« A partir d’aujourd’hui, il ne sera plus fait aucun prisonnier. Tous les prisonniers seront mis à mort. Les blessés avec ou sans armes seront mis à mort. Les prisonniers, même en grandes unités constituées seront mis à mort. Aucun homme vivant ne doit rester derrière nous. »
Cet ordre a été exécuté. Des interrogatoires de prisonniers allemands prouvant que de nombreux blessés français ont été achevés à coups de fusil.
Au grand quartier général, le 16 décembre 1914. Le général commandant en chef. Signé : Joffre"
Donc la mémoire collective s’est emparée de cet ordre transmis par le GQG.
Source, les décisions du chef de corps du 118e RIT.
Cordialement.
JCP.
Le 21 décembre 1914, était porté à la connaissance de tous les soldats français l’ordre du jour suivant :
"*Ordre général n° 31
Le général commandant en chef les armées porte à la connaissance des troupes le fait suivant :
Nous avons la preuve que le lieutenant commandant la 7e compagnie du 112e régiment d’infanterie badois a communiqué à ses hommes l’ordre du général commandant la brigade ( 58e brigade du 14e corps badois ).
« A partir d’aujourd’hui, il ne sera plus fait aucun prisonnier. Tous les prisonniers seront mis à mort. Les blessés avec ou sans armes seront mis à mort. Les prisonniers, même en grandes unités constituées seront mis à mort. Aucun homme vivant ne doit rester derrière nous. »
Cet ordre a été exécuté. Des interrogatoires de prisonniers allemands prouvant que de nombreux blessés français ont été achevés à coups de fusil.
Au grand quartier général, le 16 décembre 1914. Le général commandant en chef. Signé : Joffre"
Donc la mémoire collective s’est emparée de cet ordre transmis par le GQG.
Source, les décisions du chef de corps du 118e RIT.
Cordialement.
JCP.
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- Inscription : dim. mars 05, 2006 1:00 am
Re: "Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
Bonsoir à tous et merci pour vos réponses,
J'ai terminé le livre de Dominique RICHERT et je vous confirme que c'est un excellent bouquin.
A recommander......
Cordialement
Yann
J'ai terminé le livre de Dominique RICHERT et je vous confirme que c'est un excellent bouquin.
A recommander......
Cordialement
Yann
Re: "Cahiers d'un survivant" par Dominique RICHERT
Bonjour à tous,
Hélas il n'y eut pas que le général Stenger. Dans mon dernier livre sur Verdun, au sujet de l'affaire de Malencourt Avocourt je cite le témoignage d'un soldat allemand: En raison d'une sérieuse défense des Français à Malancourt, nous perdons des hommes. Des Scharfschützen, (fusiliers d'assaut), semble-t-il devenus fous, massacrent des soldats sans armes. Un autre document paru dans le Grosser Bilder Atlas des Weltkriegs du 5 mai 1916, signale que le responsable du régiment bavarois avait vu des soldats allemands égorger des PG français...
Bien cordialement. JC Auriol.
Hélas il n'y eut pas que le général Stenger. Dans mon dernier livre sur Verdun, au sujet de l'affaire de Malencourt Avocourt je cite le témoignage d'un soldat allemand: En raison d'une sérieuse défense des Français à Malancourt, nous perdons des hommes. Des Scharfschützen, (fusiliers d'assaut), semble-t-il devenus fous, massacrent des soldats sans armes. Un autre document paru dans le Grosser Bilder Atlas des Weltkriegs du 5 mai 1916, signale que le responsable du régiment bavarois avait vu des soldats allemands égorger des PG français...
Bien cordialement. JC Auriol.