Je vous propose un petit reportage photo sur l'assaut de l'AlpenKorps sur le Mont Kemmel le 25 Avril 1918, ou un autre regard sur l'Anzac Day...
Quelques jours après le début de l'offensive allemande des les Flandres en avril 1918, Foch fraichement nommé à la tête des armées alliées consent à envoyer des troupes françaises en renfort dans les Flandres afin d'aider les britanniques en bien mauvaise posture. Alors que les troupes de choc allemande avancent à grand pas, les unités françaises se postent aussitôt au Mont Kemmel, « l'oeil des Flandres » culminant à 156m.
Le 24 avril au soir, Le 30ème R.I tient le village de Kemmel avec des compagnies avancées sur la route de Wijtschate en liaison avec des unités anglaises, jusqu'à Lindenhoek. Au nord du village c'est le 22ème R.I. Le 416ème R.I occupe le mont avec un bataillon du 99ème R.I et la pente en suivant la route vers Darnoutre. Enfin le 413ème occupe Darnoutre. Ces unités vont prendre de plein fouet l'assaut allemand sur le mont.

Le mont Kemmel à la fin de la guerre

Le mont Kemmel aujourd'hui, le hameau de Lindenhoek à gauche
Les troupes d'assaut allemande qui doivent s'emparer du mont Kemmel sont celles du Corps Alpin (AlpenKorps), avec de gauche à droite: le 1er Régiment de chasseurs bavarois, le Régiment des Gardes du Corps bavarois et le 1er Chasseur prussien. Le 25 avril 1918 dès 3h du matin l'artillerie allemande ouvre le feu sur les pentes du mont Kemmel avec des obus à gaz. Des projectiles de 380 s'abattent sur l'arrière-front alors que les obusiers moyens ouvrent le feu suivi des tirs de Minenwerfer. Cette nuit-là le J.M.O du 30ème R.I dit: « un tir très violent d'artillerie se déclenche sur nos lignes et nos arrières (...) un nombre considérable de batteries nouvelles entrent en action (...) A 5h30 les tranchées de première ligne et de soutien sont entièrement nivelées, certaines sections sont presque anéanties à leur poste de combat ». La suprématie aérienne allemande est totale: 96 appareils survolent les lignes françaises et harcèlent l'arrière, tirant 60.000 balles et lâchant 700 bombes. L'assaut début à 7 heures, les Gardes du Corps enfoncent fortement les lignes du 3ème bataillon du 30ème R.I et atteignent la voie de chemin de fer au pied du mont. A droite ce sont les chasseurs prussiens qui attaquent la ferme du Lindenhoek tenu par le 2ème bataillon du 30ème R.I., qui malgré un sérieuse résistance doit quitter ses positions sous la pression ennemie intenable.
Le 30ème R.I est forcé de se replier vers le Scherpenberg et La Clytte, le Lt. Col. Santos-Cottin échappe de peu à la captivité.

Vue depuis les positions françaises, à la jonction du 416ème R.I et du 30ème R.I. le bois triangulaire à gauche et au fond Neuve-Eglise.
Les bavarois pénètrent dans le bois triangulaire et progressent par un chemin creux vers le sommet, malgré la résistance d'un bataillon du 99ème R.I. Le lieutenant Von Ruckteschell (9ème cie.) atteint le tour du Kemmel au sommet, d'autres compagnies suivent aussitôt par le chemin creux et commencent à dévaler la pente opposée. Sur la gauche de l'attaque allemande, la progression est beaucoup plus difficile face au 416ème R.I qui occupe des ouvrages bétonnés. Un obus français s'écrase sur sur le centre de transmission du régiment bavarois, tuant plusieurs officiers supérieurs.

Le sommet du mont Kemmel avec le belvédère ceinturée d'une tranchée et la tour à droite.

la tour fut reconstruite au même endroit
A gauche les chasseurs bavarois avancent lentement vers le petit Kemmel, s'emparent du moulin mais les combats font rage: les bunkers français résistent toujours. Quelque temps après plusieurs contre-attaques sont menées par des éléments français et anglais depuis les abris à contre-pente et le sommet, mais elles échouent. Vers 11 heures, les allemands s'emparent enfin des bunkers français: ils font 400 prisonniers, 38 officiers dont 2 colonels: le Lt. Col. J. Ambrose Smith (du 19th Lancashire Fusiliers) et le colonel Dieuleveult du 416ème R.I. Pour les journées du 24 et 25 avril les pertes du régiment s'élèvent à 18 tués, 55 blessés et 1658 disparus.
Au cours de cette journée le Corps Alpin revendique 2600 prisonniers.

La petite depression entre le grand et le petit Kemmel par laquelle les allemands se sont engouffrés.

Depuis les environs de Neuve-eglise, Darnoutre à gauche et le mont Kemmel

Les abris français à Kemmel, s'agit-il du PC du 416ème R.I ?

A peu près au même endroit aujourd'hui...

Des abris encore visibles aujourd'hui, en contre-bas du Mont (Lokerstraat)
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