Mais qu'est devenu le gal Brochin?

[garnier jean pierre]

Bonjour
Je continue à m'intéresser au 5e corps le 22 Août 1914 et je m'aperçois que le Général de corps d'armée disparait aux oubliettes vers le 25 Août de cette année enchanteresse....remplacé semble t-il par Micheler.

Alors Ruffey, patron de la 3e armée, limogé par Jojo en août
Peslin, général de la 9e DI qui se suicide quelques jours avant l'offensive qu'il ignorait probablement
et Brochin général du 5e corps qui disparait de l'organigramme....ça commence à faire beaucoup au 5e corps en août 14.

Quelqu'un (une) aurait -il des infos concernant le général Brochin?
Merci par avance.
Cordialement.
JPierre.

[Stephan @gosto]

Bonjour Jean-Pierre,

ça commence à faire beaucoup au 5e corps en août 14.

C'était un sport national à cette époque...

Ve Armée : Lanrezac, viré.
Sous la Ve Armée, le 3e C.A. : Sauret, viré.
Sous le 3e C.A., la 5e D.I. : Verrier, viré ; et la 6e D.I. : Bloch, viré.
Et, tout en dessous, les gars du 74e R.I. ... Ben, eux - enfin ceux qui restaient - on ne les as pas viré...

Pour Brochin, viré le 23 août, il semble qu'il ait été "nommé" à la tête de la 7e Région Militaire...

Amicalement,

Stéphan

[Terraillon Marc]

Bonjour

Pure coincidence, je fais des recherches sur cette période et voici ce que Pericard ecrit dans son ouvrage (VERDUN) :

"Page 4 :
A partir du 7 aout, les corps de la 3e Armée (Général RUFFEY) débarquent et s'installent dans la vallée de la Meuse : Le 4e CA (Général BOELLE) dans la région Charny, Consenvoye, le 5e CA (Général BROCHIN) au sud de Verdun. Le 6e CA (Général SARRAIL) est dèjà en Woëvre, face à Metz.

....

Page 5 :
Brusquement, le 22 aout 1914, l'ennemi se revele de Paliseul à Audun le Roman, sous le couvert des bois, appuyé de mitrailleuses et d'artillerie lourde. La lutte s'engage peu à peu sur tout le front, dans un terrain difficile et sans vues..... Le 5e CA, mal engagé sur Longwy investi par l'ennemi, doit battre prématurement en retraite vers Longuyon.
....
Le 24 aout est marqué par un temps d'arrêt dans la progression ennemie.
....
Au centre, un nouveau chef d'une énergie de fer (le Général MICHELER, venu de la 56e DI) vient d'assumer le commandement du 5e CA. Il ordonne à ses troupes exténuées de reprendre l'offensive en avant de Sorbey et se porte en personne sur le front de combat."

Sans avoir le détail, je pense que la retraite prématurée de BROCHIN lui a couté son poste !

A bientot

[Terraillon Marc]

Bonjour,

Dans l'ouvrage de G. GEHIN, JP ROCCA et JP LUCAS, - Dictionnaire des Géneraux et amiraux de la Guerre 14-18, la fiche du général BROCHIN précise :

"Privé de commandement au front par JOFFRE le 23 aout 1914
En disponibilité du 30 aout 1914 au 14 septembre 1914
Commandant de la 7e Région à partir de cette date et jusqu'en 1917"

A bientot

[garnier jean pierre]

Bonsoir

Merci à tous deux pour vos renseignements.

La retraite était générale à cette date (après l'offensive du centre) à midi les régiments avaient l'ordre de décrocher (ex 46e ri) les marsouins se faisaient étriller tout à côté et les meilleures troupes du moment, laminées.
Le 22 août 1914 détient le triste record des pertes françaises dans une journée (entre 25 et 28000...)

Je présume que Micheler effectuera une contre attaque à Sorbey pour couvrir la retraite, la 3e armée n'est plus sur la frontière Franco Belge mais bien en arrière.

Toute l'armée française recule jusqu'a la date du 5 septembre et le miracle que vous connaissez tous.

En fait "mon Brochin" ne s'en tire pas trop mal avec une mutation à grade égal en 15 jours de temps...Il nest pas envoyé à Limoges.

Je pense que la bataille des frontières est loin d'avoir livrée tous ses secrets, en tout cas Jojo dans ses mémoires, n'en parle que par une ou deux phrases ( en considérant les erreurs tactiques qui, soit dit en passant , sonneront le glas du plan 17) pour se consacrer longuement à la Marne (qui a bien étouffée le désastre des frontières)

Merci
Cordialement.
JPierre.

[Terraillon Marc]

Bonsoir

Le Général RUFFEY fait encore partie des plans de JOFFRE le 18 aout si on en croit ses mémoires....
Le 20 aout, il donne l'ordre à la 3e Armée de commencer dés le 21, son mouvement offensif en direction d'Azlon.

A suivre

[Terraillon Marc]

Bonsoir

Le 23 aout, JOFFRE écrit :
"J'appris que la 4e Armée avait éprouvé à nouveau des échecs graves sur plusieurs points de son front, et particulierement à sa droite ...

Ainsi l'offensive de cette armée sur laquelle j'avais compté comme manoeuvre principal, se trouvait provisoirement enrayée, et cette armée allait être obligée de se reporter sur la Meuse et la Chiers.
Ce fait était d'autant plus regrettable qu'à la 3e Armée, malgré le recul de la droite, derrière la Crusne et la Chiers, le Général RUFFEY espérait pouvoir reprendre l'offensive le lendemain."

RUFFEY est toujours dans les petits papiers de JOFFRE. La 4e Armée est dèjà dans le collimateur et sert de fusible ... (c'est un autre débat)

A bientot

[Terraillon Marc]

Bonjour

Suite et fin des memoires de JOFFRE sur cet "épisode" :

Ces ordres qui avaient trait au domaine stratégique une fois donnés, il y avait lieu de rechercher pourquoi, malgré la supériorité numérique que je croyais avoir donné à nos armées, l'action offensive puissante tentée de Longwy à la Sambre avait tactiquement échoué si complétement.

Quelque douloureux qu'il soit de révéler certaines faiblesses, il est nécessaire de dire complétement ce qui nous apparut alors. Un trop grand nombre de nos généraux se révélaient à l'épreuve, au dessous de leur tache. Parmi eux, certains avaient acquis en temps de paix la plus brillante réputation comme professeurs ou comme manoeuvriers sur la carte, qui devant l'ennemi se montraient dominés par la crainte des responsabilités.

On me signalait dans certaines grandes unités une carence totale du commandement.

Au 3e Corps, pendant toute une partie de la bataille de Charleroi, les ordres n'avaient pu etre donnés que par le Général ROUQUEROL, commandant de l'Artillerie du corps d'armée, qui avait dû suppléer le commandant de corps d'armée resté introuvable au moment le plus critique de la journée.

Au 14e corps, au 5e corps, même incapacité notoire.

A ce dernier corps d'armée, un fait particulierement regrettable s'était produit : un général de division, perdant le controle de lui-meme et le sentiment de ses devoirs envers sa troupe, s'était suicidé.

A la 4e Armée, le Général LANGLE rendait en grande partie responsable de l'échec qu'il venait de subir la maniere dont le 17e corps s'était comporté pendant la bataille.

Nul doute, l'épuration du commandement qu'il était dans mes intentions de faire dans le courant de 1914, si la guerre n'avait pas éclaté, il convenait de le faire sans attendre une heure, si nous ne voulions pas que l'échec de notre premiere manoeuvre se transformat en une irrémédiable défaite.

D'urgence, je demandai qu'on me fit connaitre tous les généraux qui s'était révélés insuffisants ; à mesure que les compte-rendus m'arrivaient, je les controlais, puis, pour les chefs qui paraissaient mériter cette décision, je les remettais à la disposition du Ministre et je nommais à leur place ceux qui paraissaient les plus dignes."

Commentaire : En quelques phrases, JOFFRE revéle - à mes yeux - un art consommé de faire "porter le chapeau" à des subalternes. Comment peut-on reconnaitre un échec généralisé flagrant et ne pas se poser la moindre question sur ses choix, son rôle dans cette déroute ...

A bientot

[garnier jean pierre]

Commentaire : En quelques phrases, JOFFRE revéle - à mes yeux - un art consommé de faire "porter le chapeau" à des subalternes. Comment peut-on reconnaitre un échec généralisé flagrant et ne pas se poser la moindre question sur ses choix, son rôle dans cette déroute ...

A bientot



Bonjour

Je partage cet avis, après avoir lu son ouvrage. La bonne question c'est comment a t-il pu se maintenir aussi longtemps à la tête de l'armée française ? Il a fallu le gratifier maréchal pour s'en débarrasser.
Il a ignoré le plan Schielffen jusqu' au bout, malgré les interventions multiples de Lanrezac.

Manifestement le plan 17 était largement connu des Allemands et l'on était attendu au coin du bois depuis plusieurs jours.
Je dispose de cartes plutôt révélatrice concernant le 22 août avec le positionnement des forces connues et...inconnues.

L'accumulation d'erreurs stratégiques et tactiques , la pensée unique en faveur de la doctrine Grandmaison et le manque de reflexion flagrante du type on ne peut adjoindre la réserve à l'active....( ce qu'ont fait les Allemands) malgré les informations des services français.
L'artillerie lourde, inexistante,et la portée du 75 insuffisante.
Le sacrifice de la marne (mourir sur place) couvrira largement son incompétence.

Pourtant papa Joffre bénéficiera d'une propagande éhontée pendant tout le conflit avec "sa tronche" sur pratiquement tout les objets d'utilisation courante (cendriers, assiettes, encriers , statuettes) quel service marketing!! pour l'époque.
Un futur académicien et diplomate lui passera la brosse à reluire dans ces ouvrages "grand public".
J'y ai même découvert le concept de retraite stratègique.
Le mot retraite ne figure jamais seul. Tout juste si elle n'a pas été préméditée.
Connait-on l'objectif du plan 17 ? aller en Allemagne ? reculer jusqu'à Meaux ?


Il a fait avaler pas mal de couleuvres, à l'arrière....

Papa Joffre, ou Joseph pour les intimes disposait des pouvoirs absolus. Les politiques ont mis deux ans pour se réveiller en faveur de....Nivelle.
Apparemment, pas très doués non plus les politiques, de l'époque.

Nos pantalons rouges n'avaient aucune chance de s'en sortir.
Ils sont morts, pour la patrie (en 14) mais ils le doivent aussi à l'incompétence des politiques et de l'état major de l'époque.

A quand un grand bouquin sur les frontières ? ou mieux encore un film (joyeux Noel en 1914...)
Cordialement.
JPierre.