Lors des travaux d'agrandissement du parking du fort de Douaumont , la découverte des restes d'un poilu intact ...... Le croquis le montre avec sa pipe en bouche.
Ce croquis a été effectué sur place par le capitaine Baudelot qui n'a pas voulu ajouter de commentaire ...
J'ai retrouvé une autre lettre avec le récit de cette découverte, la voici :
" J’avais revêtu, par-dessus mon treillis, la combinaison de travail, passé le harnais dont le filin allait être tenu par deux artificiers et suivi par le sous officier porteur de la boite à accumulateurs du projecteur portatif, je me glissais dans la faille ouverte dans la paroi de l’entonnoir. C’était bien une galerie souterraine, une sape. J’en tâtais le bois du coffrage. Il paraissait intact. Je dirigeais le faisceau du projecteur devant moi et ……je restais cloué sur place, incapable de faire le moindre mouvement :
Ce que j’apercevais dans le halo du projecteur défiait l’imagination… C’était pourtant une évidence : Là, devant moi, assis sur un roc, dans son uniforme bleuâtre, casqué, équipé, le fusil entre les jambes et … la pipe à la bouche, le cadavre rigide mais parfaitement conservé d’un soldat, probablement asphyxié par les gaz lors de l’explosion du projectile qui l’avait muré dans cette tombe..
Je repris mes esprits et ressortis aussitôt. J’étais blême et tellement sous le coup de l’émotion que c’est difficilement, en phrases courtes et hachées, que je pus dire aux assistants ce que je venais de voir.
Le sergent artificier, parti aussitôt dans ma jeep pour Douaumont d’où le chapelain descendit avec la camionnette des Sépultures Militaires.
On retira le corps. L’identification fut facile, la plaque d’identité étant encore au poignet. Le chapelain écartant l’étoffe de la capote et de la vareuse qui se déchirèrent, tira de la poche intérieure un portefeuille, puis après avoir débouclé le ceinturon, des deux poches de la vareuse, un porte-monnaie puis une montre, enfin une petite médaille ; objets que le chef des sépultures déposa dans deux grandes enveloppes.
Le chapelain se releva et devant tous les hommes figés au garde à vous dit une courte prière pendant que deux autres hommes couchaient le cadavre, enseveli dans un linceul immaculé, et dans le cercueil de sapin déchargé de la camionnette et le triste cortège repartit vers le cimetière de Douaumont….
Cette incroyable mais véridique vision d’une rencontre avec un camarade retrouvé, me hante à tel point que je n’ai jamais pu m’en défaire."
Capitaine Henri BAUDELOT
Bonne soirée à tous et surtout ne rêvez pas de Poilus retrouvés intacts.
Ce pauvre gars s'est sans doute retrouvé enmuré/enterré vivant et, sachant qu'il n'avait aucun secours à espérer, il s'est installé tranquillement en fumant sa pipe jusqu'au dernier moment, asphyxié sans doute. A quoi a-t-il pu penser en attendant la mort ?
Quelle leçon pour nous tous qui, un jour, serons confrontés à notre disparition programmée. Sera-t-on aussi serein ?!
C'est effectivement une page chargée d'émotions et je pense que pour le découvreur cela a du être un moment plus qu'intense !!!
Le capitaine BAUDELOT a effectué et pendant des années un immense travail de recherche dans ce domaine.
La pipe en place m'intrigue beaucoup. Cela voudrait dire à mon avis que ce soldat est mort sur le coup, non ??? Je serais heureux d'avoir l'avis de nos amis de l'artillerie sur les causes de cette mort par explosion.
Asphyxie immédiate peut être ?
A suivre avec d'autres documents inédits bientôt mis en ligne ...
Amicalement et bon dimanche calme dans la tranchée !
beaucoup d'émotions dans ce témoignage. Merci de nous le faire partager.
Un point m'interpèle cependant :
assis sur un roc, dans son uniforme bleuâtre, casqué, équipé, le fusil entre les jambes et … la pipe à la bouche, le cadavre rigide
deux autres hommes couchaient le cadavre, enseveli dans un linceul immaculé, et dans le cercueil de sapin
+ Voir également la position de ce malheureux sur le dessin.
Je ne suis pas médecin mais il me semble que les hommes ayant effectué cette triste besogne ont du éprouver des difficultés. Peut être quelqu'un pourra t'il nous éclairer.
Je pense mais je peux me tromper, que cet homme a été tué par l'explosion d'un obus. L'explosion provoqué près de l'entrée de l'abri a sans doute provoqué le vide à l'intérieur et donc l'homme est mort dans cette position.
Il me souvient dans les années 1966, qu'un groupe de fouineurs de terrain avaient découvert près de la Fille Morte, un ancien abri qui une fois l'entrée agrandie avait révélé 3 soldats assis sur leur sac morts (comme dans la relation ci dessus....)
Cordialement. J.Claude
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
Je ne suis pas non plus médecin mais je m'y connais un peu en médecine.
Quand un corps a été rigidifié par la mort (au bout de quelques heures - travail des experts en médecine légale), il suffit de couper les tendons des articulations pour redonner de la souplesse articulaire au cadavre. On peut donc sans difficulté "mettre à plat" un corps rigidifié en position assise.
J'espère que ces mots sinistres ne vous choqueront pas.