La côte St Michel de Belleville
emplacement de batteries largement contrebattues.
Cordialement
JLK
Lieu de mort
Re: Lieu de mort
Bonsoir
La côte St Michel de Belleville
emplacement de batteries largement contrebattues.
Cordialement
JLK
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Cordialement
JLK
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Stephan @gosto
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Re: Lieu de mort
Bonsoir Jean-Luc,
Le 74e R.I. est passé par là, au soir du 20 mai 1916. Un petit texte pour illustrer :
"Le Faubourg-Pavé devant nous. Paysage de banlieue parisienne. De petites maisons, le tout étrangement désert. Nous marchons par deux sur le côté droit de la route. Dans un champ sur la droite, des batteries d’artillerie qui tirent.
Le coin doit être sonné. Des fils téléphoniques enchevêtrés retardent la marche. Les fenêtres des maisons n’ont plus que des débris de vitres. On tourne à gauche : un passage à niveau. De réputation ou par expérience personnelle, nous le connaissons tous. C’est là que commence vraiment la montée au front de Verdun.
Le crépuscule nous fait voir des formes plus ou moins déchiquetées. Un automobiliste avec son paletot de cuir noir – sa face est aussi noire que le paletot ; le camion est dans le fossé où on l’a poussé pour dégager la route.
Une côte plantée d’arbres, bordée à droite par un ravin, à gauche par un monticule : la côte Saint-Michel. La marche est devenue pénible. Dans le ravin, des pièces lourdes tirent. Les départs nous déchirent les oreilles et les lueurs silhouettent d’étranges crêtes. Nous sommes maintenant sur le côté gauche de la route.
Le fracas de la bataille s’amplifier. 300 mètres plus haut, à notre droite, un double éclair à peine entrevu ; un sifflement, étouffement subit, flamme double, un éclatement nous couvre de terre et de pierres. Les premiers obus. Des ordres : « En avant, en avant ! » Le passage est sonné régulièrement. Pas de perte pour cette fois.
Le sol est de plus en plus bouleversé ; les trous se multiplient, branchages coupés, barbelés jonchent le sol. Des ombres nous croisent et répètent l’ordre : « Appuyez sur le côté, laissez passer les blessés ». Dans la lueur des départs, des paquets informes et geignants passent sur des brancards. Bruit de moteur au ralenti. Des voix et des gémissements. Au ras du sol, des rais de lumière filtrent : un poste de secours. Au bord de la route, à gauche, une silhouette sombre qui, debout, étend la main : un prêtre nous bénit, et sa voix répète sur un ton unique : « Courage mes enfants ».
Nous avons tourné vers la droite. Quelques centaines de mètres et sur la gauche : de nouvelles lueurs et des voix : le fort de Souville. Après l’avoir dépassé, un plateau et, brusquement, nous sentons devant nous le large. Un trou d’ombre gigantesque strié des lueurs pâles des fusées éclairantes ; des lueurs orangées qui dessinent des crêtes et d’où surgissent des arbres déchiquetés et rares."
Je trouve la dernière phrase que j'ai surlignée en gras assez évocatrice...
Amicalement,
Stéphan
Le 74e R.I. est passé par là, au soir du 20 mai 1916. Un petit texte pour illustrer :
"Le Faubourg-Pavé devant nous. Paysage de banlieue parisienne. De petites maisons, le tout étrangement désert. Nous marchons par deux sur le côté droit de la route. Dans un champ sur la droite, des batteries d’artillerie qui tirent.
Le coin doit être sonné. Des fils téléphoniques enchevêtrés retardent la marche. Les fenêtres des maisons n’ont plus que des débris de vitres. On tourne à gauche : un passage à niveau. De réputation ou par expérience personnelle, nous le connaissons tous. C’est là que commence vraiment la montée au front de Verdun.
Le crépuscule nous fait voir des formes plus ou moins déchiquetées. Un automobiliste avec son paletot de cuir noir – sa face est aussi noire que le paletot ; le camion est dans le fossé où on l’a poussé pour dégager la route.
Une côte plantée d’arbres, bordée à droite par un ravin, à gauche par un monticule : la côte Saint-Michel. La marche est devenue pénible. Dans le ravin, des pièces lourdes tirent. Les départs nous déchirent les oreilles et les lueurs silhouettent d’étranges crêtes. Nous sommes maintenant sur le côté gauche de la route.
Le fracas de la bataille s’amplifier. 300 mètres plus haut, à notre droite, un double éclair à peine entrevu ; un sifflement, étouffement subit, flamme double, un éclatement nous couvre de terre et de pierres. Les premiers obus. Des ordres : « En avant, en avant ! » Le passage est sonné régulièrement. Pas de perte pour cette fois.
Le sol est de plus en plus bouleversé ; les trous se multiplient, branchages coupés, barbelés jonchent le sol. Des ombres nous croisent et répètent l’ordre : « Appuyez sur le côté, laissez passer les blessés ». Dans la lueur des départs, des paquets informes et geignants passent sur des brancards. Bruit de moteur au ralenti. Des voix et des gémissements. Au ras du sol, des rais de lumière filtrent : un poste de secours. Au bord de la route, à gauche, une silhouette sombre qui, debout, étend la main : un prêtre nous bénit, et sa voix répète sur un ton unique : « Courage mes enfants ».
Nous avons tourné vers la droite. Quelques centaines de mètres et sur la gauche : de nouvelles lueurs et des voix : le fort de Souville. Après l’avoir dépassé, un plateau et, brusquement, nous sentons devant nous le large. Un trou d’ombre gigantesque strié des lueurs pâles des fusées éclairantes ; des lueurs orangées qui dessinent des crêtes et d’où surgissent des arbres déchiquetés et rares."
Je trouve la dernière phrase que j'ai surlignée en gras assez évocatrice...
Amicalement,
Stéphan
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Jean RIOTTE
- Messages : 5774
- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: Lieu de mort
Très beau texte; on s'y croirait.
Tout est simplement dit, tout y est.
Merci Stephan.
Bonsoir à toutes et à tous.
Jean RIOTTE.
Tout est simplement dit, tout y est.
Merci Stephan.
Bonsoir à toutes et à tous.
Jean RIOTTE.