Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

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Charraud Jerome
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par Charraud Jerome »

Bonjour
Je suis en train de dépouiller les actes de décès régimentaires du 290e RI et plus particulièrement les actes concernant les défunts tombés dans le secteur de Corroy (51) pour la période 8 au 10 septembre 1914. En marge des actes je trouve l'annotation "Tombe ferme Saint Georges"
Image

Je sais que la plupart de ces sépultures sont maintenant regroupées à la nécropole de Fère Champenoise (51) et sur Géoportail, j'ai retrouvé la position de la ferme Saint Georges.
Image

A t on des renseignements concernant ce cimetière provisoire?

Merci d'avance
Cordialement
Jérôme Charraud
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Charraud Jerome
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir

Suite à la fin de la bataille de la Marne ou peut-être après le conflit, une série de cartes postales (Editions Fernand Radet) furent éditées reprenant les divers lieux d'inhumation des soldats français tombés en ces jours de septembre 14.
Je me demande si celle intitulée "Fère Champenoise - Tombe route de Corroy" pourrait correspondre, surtout au vu des effectifs annoncés et du fait que la Ferme de Saint Georges soit située non loin de la route de Fère à Corroy (Carte dans le message ci-dessus).

Image

Le "Agabert" indiqué en légende de la carte postale est en réalité AGOBERT et son acte de décès ne mentionne pas la "ferme Saint Georges" en marge, d'où mon doute.
Image
Sa fiche MDH: http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 2bac47b11a

On notera la différence de commune entre l'acte de DC régimentaire et la fiche MDH, les communes étant cependant limitrophes


Si quelqu'un connait la position des cimetières provisoires du secteur, je suis preneur.
Cordialement
Jérôme Charraud

PS: Je vais scanner mes 10 cartes de cette série et les rajouterai à ce fil de discussion.
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Charraud Jerome
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir

Si cela peut servir à quelqu'un (Scan de meilleure facture à la demande)
ImageImageImageImageImageImageImageImage
Ce dernier ne fait pas parti de la même série, mais étant de la même thématique, je le rajoute
Image

Cordialement
Jérôme Charraud
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l'artiflot02
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par l'artiflot02 »

Bonjour Jérôme,

J'ai, je crois, de quoi vous régaler.
En effet j'ai fait la transcription manuscrite, il y a une trentaine d'année, d'un document de l'ambulance 10/12 faisant l'état des décès à la ferme Saint Georges
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l'artiflot02
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par l'artiflot02 »

Oups fausse manip !!

j'ai numéroté les lignes pour plus de clarté:
1) Sauvaget Léon 290RI 017570 S 1904 inhumé 12/09 (sa fiche MdH dit Léon Raymond 2e classe)
2) Périchon André Léon 290RI 02330 S 1907 idem (fiche 2e classe)
3) Dubois René 290RI 016810 S 1904 idem (fiche 2e classe)
4) inconnu 290RI 1685 1e clasee 1905 idem (le tout rayé en rouge)
5) Ricrot Jules 290RI 1685 1e classe 1905 idem (fiche 2e classe)
6) Maillet Blaise 290RI 21e Cie 417 S 1906 idem(fiche 2e classe)
7) Taland Ernest 290RI 23e Cie 1383 S 1904 idem ((fiche 2e classe)
8) Colin Silvain 290RI 23e Cie 513 S 1905 idem (fiche 2e classe)
9) Boussin Denis 290RI 23e Cie 157 1e classe 1904
10) Dallois Etienne 290RI 25e Cie 1380 S 1902 idem (fiche 2e classe)
11) Piat Louis 290RI 23e Cie 1001 S 1905 idem (fiche 2e classe)
12) Ducrot Jean 290RI 23e Cie 502 S 1906 idem (fiche 1e classe)
13) Silvère Raymond 290RI 21 Cie 617 Cal 1906 idem
14) Chamette Edmond 290RI 1770 S 1904 idem (fiche Chaumette Edmond Pierre Célestin 2e classe)
15) Naudet Gérard 290RI 69 S 1912 idem (fiche 2e classe)
16) Carré Paul 290RI 1306 S 1904 idem (fiche 2e classe)
17) inconnu Cal
18) inconnu Cal
19) inconnu
20) inconnu Ss-Lt initiales A.B.
21) Valeix André 290RI inhumé 12 sept 1914 (fiche Maxime André, 1e classe)
22) Moulin Marcel 290RI idem (fiche Marcel Jérôme, Sergent)
23) Gorsas Marcel 290RI idem (fiche 2e classe)
24) inconnu supposé Garrivet 290RI idem (fiche Garrivet Georges 2e classe)

en dessous il est écrit:
Un groupe de 5 dont 2 du 93e et 3 du 290RI sans plaque ni livret trouvés à droite et à gauche de la route de Connantre à Fère Champenoise près de la ferme St Georges.
2 soldats allemands trouvés en haut de la ferme du fermier Gaillardin au coins du petit bois.

D'après la carte topo 25000ème (28/15 Fère-Champenoise ouest) la ferme St Georges est aujourd'hui en tout cas sur de terroir de Fère juste en limite du terroir de Corroy à moins de 150m au sud et du terroir d'Euvy à moins d'un Km à l'est.

J'ai d'autre part une assez belle collection de cartes postales des tombes de fère et des environs.
Comme je l'ai écrit dans ma présentation, un nommé Landréat de Fère a à l'époque fait un plan des tombes et à rempli des cahiers sur les soldats qui s'y trouvaient. Celle de St Georges est la N° 989.

Bonne lecture.

Jean-Luc
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Charraud Jerome
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir
Quand je vois une telle liste avec le numéro 290, j'ai un frisson qui me parcoure (ce n'est pas qu'une image).
Tout d'abord un grand merci.

Je ne sais par où commencer. Je vais donc tout de suite parer au plus pressé et redonner un nom à un inconnu.
Dans la liste, je lis:
20) inconnu Ss-Lt initiales A.B.
Il y a de fortes chances qu'il s'agisse du Lieutenant (sur sa fiche MDH et sur son acte de DC) Alphonse BEUGNET
Voici son acte de décès dans le registre d'état-civil de régiment (AN_1934 - acte n°16)

Image

A noter que sa fiche Mémoires des Hommes l'indique "Tué à l'ennemi" et que son acte de décès le donne décédé suite à blessures (Certainement donc à l'ambulance 10/12)

Certains me diront "oui, mais Jérôme, quand même, confondre un Lieutenant et un sous-lieutenant. Pas toi!!!"
Beugnet était bien Sous-lieutenant le jour de la mobilisation, son passage au grade supérieur se fit donc entre mobilisation et bataille de la Marne. Dans le JMO, dans les pertes, il est bien indiqué comme Lieutenant de Réserve.
Il a vraisemblablement eu une nomination sur le terrrain et entre combat et retraite depuis les Ardennes, je ne sais si il a eu le temps de coudre son galon supplémentaire.
Très certainement, les infirmiers de la 10/12 qui rédigèrent le document, ne savaient pas tout cela et découvrir seulement un mort vêtu d'une tenue de Sous-lieutenant.

Cordialement
Jérôme Charraud
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir
13) Silvère Raymond 290RI 21 Cie 617 Cal 1906 idem
Votre liste et ce nom particulier de Silvère Raymond, me renvoient vers l'acte que je présente dans le premier message et où je présente cet acte de décès:
Image

L'indication rajoutée dans la marge nous confirme ainsi que "Ambulance Saint Georges" est bien l'ambulance 10/12.

Le JMO du 90e déclare pour ces 3 jours, 34 tués, 126 blessés, 58 disparus (Mon arrière grand oncle Bessonneau était parmi les 126 blessés).
A partir des fiches MDH, du 8 au 15 septembre 1914, le régiment perdit 70 hommes dont 57 entre les 8 et 11 septembre.

Encore merci
Cordialement
Jérôme
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bernard berthion
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par bernard berthion »

Bonjour Jérôme,
Bonjour Jean-Luc,
j'admire et je vous remercie pour ce beau travail de recherche.
Cette recherche est passionnante mais elle est aussi chronophage.
Les tombes individuelles, les fosses communes, les cimetières provisoires furent très nombreux dans ce mois de guerre de mouvement précédant la stabilisation du front. Pour les Ardennes, chaque jour nous découvrons un nouveau nom .....
Bon courage et bonne continuation.
Cordialement BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.
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Charraud Jerome
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par Charraud Jerome »

Bonjour
Hier au soir, j'ai entrepris la lecture du livre du colonel Eggenspieler "Le 290e RI, un régiment de réserve du Berry". Bien m'en a pris, voici ce qu'il reporte concernant ces journées et surtout la 23e Cie qui est prédominante dans les noms de l'ambulance 10/12:

Le Colonel Hirtzmann [Alors chef de corps du 290e] prit le commandement d'un groupement formé par le 290e (7 compagnies), le 93e (500 hommes environ), un groupe d'artillerie du 5e R.A.C. et un peloton du 2e chasseurs à cheval. Il reçut dans la nuit l'ordre d'occuper Fère-Champenoise le 9 au matin, et de l'organiser défensivement.
L'action du groupement devait se lier à gauche à celle de la 17e D.I. qui attaquait Fère par l'Ouest et à droite à celle de la brigade Teyssières (le Colonel Teyssières avait quitté le 93e pour prendre le commandement d'une brigade).
Le groupement se mit en marche à 6 heures dans l'ordre suivant :
Avant-garde :
Le peloton du 2e chasseurs à cheval ; Deux compagnies du 290e (22e, 23e) ;
La 22e en tête suivait la route Corry-Fère Champenoise, la 23e marchait en échelon en arrière et à droite. Elle était formé en ligne de sections par quatre.
Les deux autres compagnies du bataillon furent détachées, la 21e en soutien de deux batteries qui devaient s'établir près de la Ferme Saint-Georges. La 24e reçut la mission de se porter par les bois à l'Ouest du Moulin de Connantre jusqu'à la Vaure pour chercher la liaison avec le 9e C. A. et empêcher un mouvement de l'ennemi sur la gauche du groupement par la vallée de la Vaure et les bois. Dans la matinée, le 9e C.A. fut signalé vers Sainte-Sophie et Nozel.
Gros de la colonne
Le 5e bataillon (3 compagnies) du 290e,
Le 93e R.I. (ce qui en restait) ;
Une batterie du 51e R.A.C. qui allait prendre position à 500 mètres au sud-ouest de la cote 130 à la lisière Sud des bois.
La 21e compagnie et deux batteries qui devaient prendre position près de la Ferme Saint-Georges s'égarèrent. Malgré toutes les recherches qu'on a effectuées dans la journée il fut impossible de les retrouver.

Vers 6h.30 le peloton de cavalerie revint avec plusieurs chevaux blessés par balles. Le Commandant du peloton rendit compte que la lisière de Fère-Champenoise était occupée par de l'infanterie allemande. Il signala également une batterie établie vers la côte 118 à la lisière sud-est de la ville.
A ce moment la 22e atteignit la crête 130. Elle fut saluée par une rafale d'obus. Les pièces allemandes étaient dissimulées au nord-est de Fère. La 22e ne put songer à déboucher dans le terrain absolument découvert qui s'étend au Sud de Fère. Elle se déploya à la lisière des bois à cheval sur la route de Fère à Corroy, afin d'empêcher l'infanterie allemande de déboucher de Fère.
La 23e se déploya à droite de la 22e et occupa la Ferme Saint-Georges.
Le 5e bataillon et le 93e s'établirent entre la route de Corroy à Fère et le Moulin de Connantre, les sections en colonnes par quatre à larges intervalles.
Le Colonel et son E.-M. se tinrent dans un boqueteau au bord de la route de Fère, avec la C.H.R. et le drapeau, les chevaux en arrière de l'autre côté de la route près d'une petite baraque.
La batterie au sud-ouest de 130 ouvrit le feu sur la batterie allemande de 118. Bientôt on vit un avion noir allemand planer au-dessus de la position occupée par le régiment.
Il décrivit des orbes au-dessus de la batterie, et presque aussitôt après, les obus se mirent à pleuvoir sur toute la région des bois et principalement sur le terrain occupé par la batterie. On ne voyait plus qu'un fantastique bouillonnement du sol, entrecoupé de longs jets noirs, des trombes de poussières et de fumée à travers laquelle s'agitaient des ombres, vidant les caissons, chargeant les canons, ajoutant leur propre vacarme à celui des éclatements allemands.
Des blessés commencèrent à revenir sur Corroy le long de la route de Fère. Entre autres, un soldat dont toute la mâchoire avait été emportée. Au-dessous du nez, il n'y avait plus qu'un trou sanglant d'où sortaient des sons inarticulés. Quelques minutes après passait un autre homme ayant exactement la même blessure. Il reconnaissait des camarades parmi les sapeurs et leur tendit la main en poussant des grognements inintelligibles. On crut comprendre qu'il demandait qu'on l’achevât. Son aspect était si impressionnant que ses camarades se détournèrent et restèrent muets, saisis d'horreur. Il partit vers Corroy.
On ne reçut aucun renseignement. On n'entendit aucune fusillade. Le Capitaine de Lacombe fut envoyé en reconnaissance vers la première ligne.
A la 23e (Ferme Saint-Georges) le Lieutenant Beugnet avait été tué. Il fut remplacé par le Lieutenant Simonnet. Cet officier de grande valeur (il devait passer Commandant quelques mois après en Belgique) devait opposer aux Allemands une résistance acharnée. Il était présent partout, et déjoua toutes les tentatives allemandes pour aborder la position. Après la 23e, le Capitaine de Lacombe chercha en vain à voir la 21e. Il lui fut impossible de la trouver. Il se dirigea ensuite vers la 22e. Cette compagnie était toujours déployée à la lisière des bois de la cote 130. Elle n'avait pas de vues à cause de la forme convexe du terrain.
A ce moment arriva près du Colonel le Commandant du groupe d'artillerie. « Il m'arrive une chose épouvantable, dit-il, j'ai perdu deux batteries (celles de la Ferme Saint-Georges), impossible de les retrouver, et mon ravitaillement n'arrive pas ». Là-dessus, il repartit au galop, se mettre encore à la recherche de ses batteries égarées.
Pendant ce temps, l'unique batterie continuait son tir, faisant l'admiration du régiment. Malgré ses pertes et le bombardement terrible auquel elle était soumise, la manœuvre et le tir se faisaient comme à l'exercice. Enfin, à bout de munitions, le Commandant de batterie vint se présenter au Colonel en disant : « Mon Colonel, je n'ai plus un seul obus, je ne suis pas ravitaillé, mais je resterai avec vous jusqu'au dernier moment. » Et ainsi il fit. Il est resté en position jusqu'au moment où l'ordre de se retirer fut donné. Ce Capitaine était un admirable officier. Les officiers du régiment ont regretté de n'avoir pas su son nom. Sa conduite méritait bien d'être citée ici, parce qu'il est probable que n'ayant pas eu près de lui un de ses chefs hiérarchiques il n'a pas eu la récompense qu'il avait méritée. Il a pratiqué jusqu'à l'extrême limite la solidarité des armes. Quoique ses coffres fussent vides, il n'a pas voulu que les fantassins voient ses pièces s'en aller à l'arrière se mettre à l'abri. Enfin, en restant sur place, il aurait pu se faire que finalement il soit ravitaillé.
Vers 8h.30, l'infanterie allemande déboucha de Fère-Champenoise. Elle ne se présenta pas dans le terrain découvert entre Fère et les lisières de bois occupées par le régiment. Elle s'infiltra lentement par la vallée de la Vaure. Elle chercha ainsi à déborder le régiment sur sa gauche en cheminant à couvert sous les arbres qui bordaient la rivière. Le Capitaine de Lacombe fut envoyé au 93e qui était dans les bois à notre aile gauche. Il devait se rendre compte de la situation de ce côté, et dire au Capitaine Jahan qui commandait le détachement du 93e de faire reconnaître des passages sur la Maurienne au cas où il recevrait l'ordre de se retirer. En approchant du détachement, le Capitaine de Lacombe vit de loin la silhouette du Capitaine Jahan qui se tint debout avec son Lieutenant devant le front de ses hommes couchés. Le 93e, décimé les jours précédents, n'avait plus de cadres et n'était plus en état de combattre. Il ne tenait que grâce à l'attitude résolue de son chef.
En passant au retour près de la section de mitrailleuses Carré, placée dans des tranchées d'où elle pouvait battre les lisières des bois, le Capitaine de Lacombe avertit également le Lieutenant Carré qu'on allait probablement se retirer, qu'il eût à reconnaître les endroits où il passerait la Maurienne.
Pendant ce temps les Allemands atteignirent le bois et y progressèrent. Le 5e bataillon était menacé d'être enveloppé. Un parti allemand s'était glissé entre la 22e et la 24e La 18e reçut alors l'ordre de déblayer le bois. Elle mit baïonnette au canon et s'apprêta à charger. L'adjudant Baur, bel homme, froid, droit et énergique, se leva tranquillement et prit ses dispositions lorsqu'une balle en plein front l'abattit net. Le Capitaine de La Bastide commandant la compagnie enflamma néanmoins ses hommes et les lança en avant. Ils démarrèrent avec ardeur. Ils allaient enfin pouvoir déloger le maudit « petit flutiau », comme disait l'un d'eux, ombre insaisissable, qui de droite, qui de gauche, ne cessa de faire des signaux, soit pour diriger le tir, soit pour servir de signal de ralliement aux tirailleurs allemands. Après la charge, la gauche semblait dégagée, mais malgré tout, la situation ne paraissait plus bien nette. Les hommes s'énervèrent. Ils sentirent les Allemands partout, et cependant ils ne les virent nulle part. Ceux-ci se dissimulaient. Ils étaient à la fois tenaces et agressifs. Jamais ils n'attaquèrent franchement. Ils étaient soutenus par une artillerie nombreuse et puissante. Les hommes du régiment avaient l'air d'être un peu abandonnées, et livrés à eux-mêmes sur leur position, qu'ils défendaient depuis bientôt cinq heures. Aucune indication ne vint de l'arrière pour leur dire où ils en étaient. Cette situation ne pouvait plus durer longtemps. Ou les compagnies seraient renforcées, ou elles seraient obligées de se retirer.
Le Lieutenant Sohier fut envoyé au Général Radiguet pour lui rendre compte de la situation et lui demander des instructions. Il trouva le Général à la lisière des bois de pins qui garnissaient les pentes Sud des hauteurs de la rive gauche de la Maurienne. Après le compte rendu du Lieutenant, le Général envoya chercher des ordres. En attendant qu'ils arrivent, il déjeuna avec son E.-M. Le Lieutenant Sohier déclina l'invitation à déjeuner que lui adressa le général. Enfin, les ordres arrivèrent. Il fallait se replier sur les hauteurs au Sud de Corroy, à la lisière des bois, à cheval sur le chemin de Faux.


Il fournit sous la forme d'un croquis aussi le parcours de la 24e Cie, lors de la journée du 9 septembre. Jusqu'à présent, je n'avais pas noté la présence de St Georges, et le fait de m'y replonger me fait découvrir ces documents sous un autre jour:

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Cordialement
Jérôme
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bernard berthion
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Re: Ferme Saint Georges vers Corroy (51)

Message par bernard berthion »

Bonsoir Jérôme,
passionnant récit.
La 21è compagnie et les deux batteries furent-elles retrouvées et disparurent-elles, prisonnières ?
Cordialement BB
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