Bonjour à tous,
Une question de frais d'enterrement :
Dans le film "La Vie et rien d'autre", on laissait entendre que devant l'énormité du désastre,
l'état français a tenté de réduire tant que faire ce pouvait l'impression donnée par l'étendue des sépultures .
C'est quelque chose de "compréhensible" .
Mais certains faits vont à l'encontre de cela ; en particulier il y a eu le regroupement de petits cimetières en gros cimetières ...
Par ailleurs les frais d'exhumation et de transport dans un autre cimetière militaire devaient être assez cher ...
Je ne sais pas non plus ce qu'il devait en être du transfert des dépouilles du cimetière militaire au cimetière "local" d'où était originaire le décédé: pris ou pas, en tout ou partie en charge par l'état ...
Merci St Cypre, mais la situation est tout à fait différente :
En 18,d'après le film en tous les cas il était question de minimiser la catastrophe politique .
Actuellement, il est question de minimiser les coûts de gestion ...
Ca me semble donc "plausible" jusqu'à preuve du contraire du moins ,qu'on ait voulu minimiser le scandale .
Les cimetières anglais qui parsèment la Flandre et le Nord... j'ai beau être né 50 ans plus tard... ca me traverse toujours la gorge ....
Les cimetières français ne sont selon moi pas du tout élaborés de la même façon : soit ce sont d'énormes cimetières qui par leurs tailles même rend le nombre de morts "abstraits", soit ce sont des cimetières insignifiants de quelques tombes, qui font disparaitre les morts .
Les tombes anglaises qui parsèment les champs de bataille très probablement autour de leur lieu d'ensevelissement initial autour d'un hôpital de campagne, c'est fort différent ;non seulement ils sont partout, mais aussi majestueux, ni trop grand, ni trop petit; chaque tombe est "rentable" ...
Je m'excuse de parler des morts en des termes "publicitaires", mais la politique c'est bien ça ... magnifier ou aseptiser la réalité ....
Minimiser le scandale, je ne sais, par contre minimiser le cout pour l'état, cela se pourrait, même si ce fut indirectement.
Une des grosses entourloupes (vue avec 90 ans de recul): Proposer le rapatriement des corps auprès des familles. Si effectivement, cela coute tout de suite, des frais d’exhumation, de transport. Sur le long terme, cela fait toujours cela de moins sur le budget de l'Etat à entretenir, 90 ans plus tard, une sorte de décentralisation avant l'heure.
Les familles se sont dispersées, les plaques et sépultures disparaissent sous l'usure du temps.
On me dira que l'Etat paye une subvention au Souvenir Français pour l'entretien, mais je parlerai plutôt de modeste subside au vu du travail à effectuer.
D'une part, pour ce qui relève de l'agencement des cimetières et de leur ornementation, rien ne vaut une saine lecture : Les Cimetières militaires en France, architecture et paysage, d’Anne Biraben.
Quant à l’organisation des cimetières, n’oublions pas que le premier texte législatif date du 29 décembre 1915, avec la « Loi concernant les lieux de sépulture à établir pour les soldats des armées françaises et alliées décédés pendant la durée de la Guerre ». D’autres textes majeurs suivront en 1920 (« Cimetières militaires déclarés propriété nationale », « Restitution et transfert des corps aux frais de l’Etat »), 1921 (« Conditions pour les opérations d’exhumation et transport des corps », « Visite aux tombes des morts ou à l’ossuaire le plus rapproché du lieu de disparition des disparus »), 1922 (établissement des sépultures de l’Armée allemande), etc.
Relativement tôt après guerre, le 17 septembre 1919, le Ministère des Pensions (service des Renseignements aux Familles, Etat Civil et Successions militaires) demandait aux généraux commandant les 1re, 2e, 6e, 7e, 20e, 21e Régions Militaires, et les Territoires de Strasbourg et Metz, « d’abandonner les errements antérieurs, qui étaient justifiés par les circonstances ou par la hâte avec laquelle on a dû opérer les groupements des tombes […]. »
La création des nécropoles s’est faite, entre 1919 et 1925 surtout, à travers des circonvolutions complexes, qui impliquaient les officiers des secteurs d’état civil, des Commissions Départementales d’hygiène, une Commission Artistique adjointe à l’Office des Sépultures. Moralité, la vision que l’on peut en avoir en 2014 est souvent très éloignée des réalités de cette période durant laquelle la tâche a été considérable, et s’est d’ailleurs poursuivie lors de la seconde époque des regroupements en nécropoles, dans les années 30.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
