C’est un joli petit cimetière perché sur les hauteurs du village de Leucate dans l'Aude. Il fait bon s’y promener aux odeurs de thym et de pin, dans un calme seulement troublé par le chant des cigales et, souvent, la Tramontane.

Dans le petit carré militaire reposent 4 soldats :
_ Le caporal Antoine Bertrand, du 260ème régiment d’infanterie, tué à Cléry, côte 76, dans la Somme, en 1916.

-Le soldat Joseph Cros, du 122ème régiment d’infanterie, disparu en 1914 à Lunéville, en Meurthe et Moselle.

-Le soldat Antoine Raymond, du 44ème régiment d’infanterie coloniale, décédé de blessures de guerre à l’hôpital Chanzy, à St Ménehould dans la Marne, en 1915.

- Le soldat Louis Rives, du 24ème régiment d’infanterie coloniale, décédé de blessures en service par obus en 1915, à l’hôpital N°3 de St Dizier en Haute-Marne.

Beaucoup d’autres sont également là, dispersés dans le cimetière sur les tombeaux de famille.
Et puis j’ai le bonheur de découvrir la tombe du héros des « secrets de la mer Rouge », Henry de Monfreid, pour qui j’ai une affection toute particulière. En effet, en 1917, de Monfreid, (qui était marié à une Allemande ; certains disaient qu’il était un agent-double…), sillonnait la mer Rouge, la région d’Obock plus particulièrement, le long des côtes somaliennes ; il faisait du trafic d’armes, de haschich et de perles, dans une zone contrôlée par les anglais. En 1917, notre arrière grand-père était lieutenant au 1er régiment de tirailleurs algériens. Posté à Djibouti, il faisait partie de la mission du Hedjaz commandée par le colonel Bremond. Je ne pouvais pas ne pas faire se rencontrer ces deux là ! (Grand privilège du romancier, pour qui tout est possible… !). L’occasion de cette rencontre sera une réunion qui eut réellement lieu, elle, immortalisée par une photo, entre Le colonel Bremond, Lawrence d’Arabie et l’émir Fayçal, Malik du Hedjaz, allié de la France.
Quant à moi, j’ai vraiment fini par me persuader que dans l’ombre, sur les côtés, à l’intérieur de la tente saharienne, se tenaient de Monfreid et le lieutenant indigène... Qui sait ? La fiction ne rejoint-elle pas parfois la réalité… ?
