Bonjour,
Après étude approfondie de vos photographies, je crois avoir tous les éléments pour répondre à vos questions:
-tout d'abord, l'artilleur objet de vos recherches a servi dans la même unité, plusieurs fois réorganisée et ayant changé d'appellation, comme le fait est fréquent au sein de nombreuses unités de l'Artillerie Lourde à Tracteurs.
-cet artilleur a servi successivement:
-à la 13e batterie du 7e Groupe du 83e R.A.L.T, unité formée fin 1915.
-le 1er octobre 1917, cette batterie devient la
21e Batterie du 1er Groupe du 283e R.A.L.T, sans changement de personnels, ni de matériels.
L'armement de la batterie, de 1915 jusqu'en février 1918, est le
canon de 155 C modèle 1881-1912, modifié Filloux.
La nouvelle organisation du 1er octobre 1917 a consisté en scinder en deux, les régiments d'A.L.T qui comptaient 12 et même 13 groupes.
Pour se faire, les régiments existant d'A.L.T, numérotés à partir de 81, ne conservent que leurs 6 premiers groupes, armés de canons longs, tandis que la création des nouveaux régiments, numérotés à partir de 281 permet d'engerber les groupes 7 à 12 des anciens régiments, ces groupes étant armés de canons courts et devenant "nouveaux" groupes 1 à 6 des régiments créés (ils portaient les numéros de groupes 7 à 12 dans les anciens régiments de la série 81).
Il y a une exception, les rares régiments de la série 81 comportant un 13e Groupe qui sont, en 1917, des groupes armés du très moderne canon de 155 GPF.C'est le cas du 83e R.A.L.T qui a en 1917 un 13e Groupe armé de 155 GPF, ce groupe devient le 1er octobre 1917 "nouveau" 7e Groupe du 83e R.A.L.T, car le 155 GPF est un canon long.Ce "nouveau" 7e Groupe du 83e R.A.L.T n'a
aucun rapport avec l'ancien 7e Groupe du 83e R.A.L.T transformé le 1er octobre 1917 en 1er Groupe du 283e R.A.L.T qui est celui qui nous intéresse dans cette étude.
Revenons à "notre" ancienne 13e batterie du 83e R.A.L.T devenue, le 1er octobre 1917, la 21e batterie du 1er Groupe du 283e R.A.L.T:
-le 9 février 1918, elle reverse au Parc ses vieux 155 C modèle 1881-1912 Filloux.
-cette batterie aurait dû être réarmée en 220 C modèle 1916 mais la dotation prioritaire de l'Armée américaine retarde les prévisions de changement de matériels.
-dans ces conditions, la 21e batterie du 1er Groupe du 283e R.A.L.T touche au camp de Saint-Maur le 11 février un équipement constitué de
mortiers de 220 mm modèle 1880 sur Affût de Circonstance Schneider (A.C Schneider).La batterie reste à Saint-Maur car ce matériel est totalement inadapté aux nouvelles formes de guerre de mouvement du printemps 1918.Ces batteries constituent alors une réserve mobile d'artillerie de position pouvant être déployée en défensive aux avancées du Camp Retranché de Paris si les offensives allemandes attendues deviennent menaçantes.Ce vieux mortier sur sa lourde plateforme nécessite des tracteurs lourds pour ses déplacements, ceci explique la dotation de très modernes tracteurs Renault EG qui contraste avec la vétusté des mortiers.Les artilleurs appelaient d'ailleurs ce monstrueux attelage du 220 AC le "fer à repasser", d'autant que la traction de cet ensemble produisait un bruit de ferraille assourdissant!
-la dotation en 220 C modèle 1916 étant provisoirement impossible, cette batterie reçoit alors provisoirement des canons de 155 L et ultérieurement des 120 L de Bange, encore des vieux matériels, mais plus maniables que les 220 Mle 1880 AC!
La transformation du groupe en matériel moderne ne pourra avoir lieu avant l'armistice.
Vous comprenez mieux pourquoi votre artilleur a une photographie de mortier de 220 mm Mle 1880 sur affût AC Schneider que vous m'avez envoyée en MP:

220 mm modèle 1880 sur Affût de Circonstance Schneider à Saint-Maur.
Vous avez donc tous les éléments pour poursuivre vos recherches, consultez le JMO suivant:
26 N 1154/5, JMO de la 21e batterie du 283e R.A.L.T du 1er octobre 1917 au 30 avril 1918, contenant de surcroît le JMO de la précédente batterie, 13e batterie du 83e R.A.L.T du 23 novembre 1915 au 1er octobre 1917.
J'espère que mes propos sont suffisamment clairs car le sujet est compliqué...
Cordialement,
Guy François.