L'hygiène dans les tranchées

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grain
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Re: L'hygiène dans les tranchées

Message par grain »

Bonsoir à tous.
Une question peu abordée et traitée où même comptée dans les recits des combattants:
On imagine les milliers de gars pendant 10 jours en premières lignes,
dans les boyaux, pour se laver , je crois savoir qu'ils attendait le repos??
Mais pour les besoins naturels??
Le papiers hygienique , existait t'il ?? du moins pas comme nous le comnnaissons maintenant, en percevait t'ils ??? où c'etait la grande debrouille?
Il construisaient les feuillées, mais pour y allez: fallait t'il en demander la permission ??

Parceque je suppose que les maux de ventre dans les conditions effroyables de leurs situations, devant la mort presente, devaient , inevitablement , se tradiurent par des coliques incontrolables.

Merçi pour vos reponses
Cdlt
Martial
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Terraillon Marc
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Re: L'hygiène dans les tranchées

Message par Terraillon Marc »

bonjour

Cf La vie quotidienne des Soldats pendant la Grande Guerre - Chapitre "Les travaux et les jours"
Auteur Jacques Meyer
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RIO Jean-Yves
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Re: L'hygiène dans les tranchées

Message par RIO Jean-Yves »

Bonjour à tous.

Dans ses Carnets, l'Aspirant Médecin Laby raconte à plusieurs reprises qui lui arriva de ne pouvoir se laver durant des jours en raison des conditions de combats ; quant à l'état des vêtements, outre la crasse, la boue, le sang, il cite une anecdote où ses chaussettes en étaient réduites à l'état de fil.....

Il raconte aussi le jour où, s'étant choisi un cratère d'obus pour y faire - comme dirait un comique connu - ses "besoins naturaux", il dû revenir précipitamment vers la tranchée, le "pantalon sur les genoux" si je puis dire, un violent bombardement ayant été déclanché par l'ennemi. Ce qui avait , au passage, provoqué l'hilarité de ses camarades ....

Quand aux conditions dans lesquelles il était amené à soigner les blessés, cela dépasse souvent l'entendement. Il en viendra à s'insurger en 1917 (dans ses écrits), lui qui était sur le terrain depuis 1914, contre un nouveau médecin-chef tout fraichement arrivé de l'arrière qui imposait de "se laver les mains entre chaque blessé" et de stériliser à tout va, ce qui était une totale abhération aux vues des conditions parfois dantesques d'interventions.

Et, plus explicite qu'un long discours, j'ose mettre en ligne ces passages extraits de "Paroles d'un Revenant" de J.D'Arnoux du 116e RI
Ce livre-témoignage fut critiqué par N.Cru ; et pourtant...! on retrouve chez Laby ces mêmes situations. Sans doute pas assez "politiquement correct" pour l'époque ..... Car Laby ne raconte-il pas lui-même entre autres que, près de Combles, il passa la nuit du 28 au 29 Septembre 1916 dans une sape en compagnie de deux allemands "qui fouettaient un peu" ?


"15 septembre 1915. - Dans les tranchées situées au nord-est de Perthes-les-Hurlus.
"Le lieu où tu te trouves est une terre sainte. L'aurore se lève sur les charniers de Perthes-les-Hurlus : tranchées légendaires aux parois humaines où les morts abritent les vivants, séjour de pestilence, hérissé de croix, submergé de fumée où l'écroulement des bombes est éternel. Ces croix déchiquetées, sans cesse arrachées, sans cesse replantées dans les mêmes parapets, racontent les carnages de février. Sous un morceau de képi rouge, je lis à voix basse : " Ici reposent 12 soldats du 10è régiment. Respectez cette place. " Tout à côté : " Ici reposent 15 braves du 11è régiment. Respectez cette place. " " Ici 3 officiers... ", illisible. Beaucoup d'autres épitaphes effacées...
Je m'avance lentement, et tout le long du fossé putride creusé à travers ces fosses communes, je vais récitant cette litanie héroïque. Des membres putréfiés, des lambeaux de capotes émergent de tous côtés : pas un pied de ce sol qui ne soit devenu sépulture. Et cette terre grasse et verdie qui cimente les cadavres est elle-même cadavéreuse.
Un avant-bras saille d'un pare-éclats. La main toute noire s'avance au milieu de la tranchée et les doigts crochus se crispent tout écartés... Plus loin une bombe, en défonçant le parados, vient d'exhumer une tête à demi scalpée qui s'écrase contre le clou d'un brodequin. Je m'approche: une face immonde. Plus de narines: l'os est à jour. Les fourmis grouillent sur les gencives découvertes et dans les orbites vidées. Entre les dents rapprochées pénètrent et sortent des mouches vertes. Un poignard allemand traverse de part en part le cou charbonneux. L'extrémité, recourbée comme celle d'un cimeterre, apparaît derrière l' oreille gauche qui pend toute décollée. Au-dessus du sein droit, près de la clavicule, deux trous dans la capote jaune bleu. Ces cavités sont étroites comme celles d'un coutelas; l'ennemi a dû frapper plusieurs fois pour terrasser son adversaire... J'appelle un des miens et le prie de voiler d'une pelletée de boue l'horrifique apparition.
Parvenu au bout de la galerie macabre, j'explore le terrain : nos "défenses accessoires " sont broyées. Plus de réseaux barbelés, plus de chevaux de frise comme dans la Somme; et les Allemands à trente pas. C'est la région des mines, des torpilles et des corps à corps. Combat de grenades, massacres au couteau, éruptions de volcans. Je passe la matinée à reconnaître mon nouveau secteur et rentre dans une bauge où fourmillent des cloportes.

17 Septembre, 20 h. 30.
.......Nous sommes de nouveau sous l'avalanche des torpilles. Elles s'engloutissent dans ces monceaux de putréfaction et leur explosion gigantesque fait sauter avec les croix des haillons fétides et des tronçons de cadavres. Tantôt voûtées, tantôt redressés, nous les voyons jaillir dans la clarté phosphorescente. Des coups de vent méphitiques nous brûlent le visage, des effondrements nous assomment. Je cours de pare-éclats en pare-éclats, frappé par de lourds débris, glissant sur des viscosités infectes, trébuchant sur des éboulements... Projeté au sol par un coup de foudre en me relevant, je tressaille, quelqu'un m'agrippe dans le dos : la main noire.
La nuit se passe à refaire les parapets, à enfouir inlassablement les restes misérables que ces chacal déterrent aussitôt.
Enfin les bras rompus, les nerfs élimés, j' essuie mes mains gluantes, commande la relève des sentinelles et vais me reposer avec mes fossoyeurs. Écoeuré de ma bauge, je préfère la tranchée, et calant mon sac contre les brodequins d'un trépassé, j'ai dormi là tout un matin comme un cadavre...
Brusque réveil sous l' écrasement d'un minen. Un képi rouge gisait à mes pieds. Il était rempli de limon jaune et de morceaux de crane plaquée de cheveux. Je me suis rappelé avoir senti tomber sur moi un bloc de terre...
En courant vers les factionnaires, je me souille au passage à des viscères bleus qui pendent d'une crosse brisée. L'orgie des bombes ne cessait pas. Le parapet était déchiré sur une longueur de cinq mètres et les balles cinglaient la travée découverte. Dans la paroi éventrée, à travers des haillons de sacs à terre, j'aperçois deux bustes étroitement collés. Un visage livide qui semble encore vivant s'écrase sur un autre visage couleur de jais.
Je fis sur-le-champ couvrir cette horreur... mais en vain... La vision du cauchemar ne s'est pas effacée et m'a souvent rappelé le supplice antique où l'on attachait le patient blême à quelque cadavre pourri, face contre face, lèvres contre lèvres, pour les jeter ensuite dans la fosse........
Vers midi le ciel est vert. Ces blocs de pourriture sans cesse bouleversés fermentent sous le torride soleil. L'atmosphère est tellement chargée de déchiquetures putrides qu' elle semble devenue poussière de cadavre. Des haut-le-coeur nous suffoquent pendant nos repas, Le pain, la viande, le café, tout sent le cadavre, tout en est saturé. Pour ne pas respirer ces bouffées nauséabondes, qui par instant font défaillir, je fume jour et nuit du tabac anglais. Quelle robustesse nous avait donnée cette vie au grand air pour braver impunément tant de germes pernicieux ! Ce n'est pas le microbe qui fait la contagion, mais le corps de l'homme....".

Jean-Yves
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FX Bernard
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Re: L'hygiène dans les tranchées

Message par FX Bernard »

Bonsoir tout le monde,

une petite note à propos des différences entre soldats français et allemands : les soldats français, quand ils s'emparaient de tranchées allemandes, étaient toujours surpris par la présence de feuillées "communes", constituées d'une longue planche de bois avec de nombreux trous. De même, ils étaient bien surpris par les photos prises sur les prisonniers qui montraient parfois une longue file de derrières teutoniques à la feuillée, ce qui démontrerait qu'un peu de pudeur était restée aux soldats français (désolé, je ne cite pas mes sources, je ne sais plus où je l'ai lu).

Cordialement

f-xavier
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FX Bernard
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Re: L'hygiène dans les tranchées

Message par FX Bernard »

re-bonsoir,

toujours sur l'hygiène mais cette fois j'ai mes sources (manuel du chef de section, 1916), dans la partie consacrée à l'hygiène des aliments (p. 299): "Nettoyer les ustensiles avec de l'eau chaude, des cendres, ne jamais les frotter avec de la terre (certaines terres ont des actions nocives encore mal connues, mais certaines)". Cette admission de méconaissance d'un sujet dans un tel manuel m'avait frappé...

f-xavier
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