Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

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majolec
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par majolec »

Justin est l'arrière-grand-père paternel de mon fils. A 34 ans, il est affecté au 118e Territorial (Est de Reims : secteur de La Pompelle). Il y passera la majorité du conflit (caporal-fourrier puis sergent-fourrier). Il sera ensuite affecté, d'avril 1918 à l'armistice, au 153e RI (6 citations à l'ordre de l'armée). Il est décédé en 1972, à 92 ans. Sa famille m'a confié son "Carnet de route" et m'a autorisée à en publier quelques extraits, que voici :

5 décembre 1914
Suis désigné pour faire partie d’un renfort destiné au front. Ce détachement de 800 hommes est fourni par Avignon (500) et Marseille (300) et me voilà affecté au 118e Territorial d’Avignon. Ici nous sommes contents. Aujourd’hui, on nous a habillés et équipés. En plus de ce qui m’est personnel on m’a donné :
1 bonnet de nuit – 1 gros cache-nez – 1 caleçon – 1 chemise – 1 p. molletières – 1 p. de gants – 1 serviette – 1 jersey – 1 ceinture flanelle – 1 pantalon bleu – mouchoirs et chaussettes
Je vais acheter 3 paires de chaussettes, un couvre-nuque en toile cirée et des galoches. Il paraît que nous allons au front pour assurer les convois de ravitaillement. Je pars avec de bons amis. Sommes tous optimistes et pensons qu’avant peu nous serons de retour pour être libérés.

24 décembre 1914
Noël. Comme des taupes nous sommes sous terre, dans des excavations où notre sécurité est complète, mais ici l’existence manque de charme. On ne se plaint pas cependant, sauf de la boue qui donne toujours froid aux pieds. Dans nos gourbis, cela manque de confort. Le plafond est si bas que nous deviendrons tous bossus.

25 janvier 1915
Suis nommé à compter d’aujourd’hui sergent. Suis affecté à la solde mensuelle. Je toucherai 147 F par mois maintenant, à cause de mes 5 ans d’active.

11 février 1915
Ai reçu aujourd’hui le baptême du feu. Le Cdt m’avait autorisé à aller vadrouiller en ligne. Avec mon ami Leroy, maréchal des logis, nous sommes allés dans le bois des Zouaves, si souvent cité par les journaux. A la gare de Sillery, nous avons pris les boyaux pour monter aux lignes. Avons assisté au lancement de 2 torpilles dites « minen-werfen ». Vu tirailleurs aux créneaux. Bois des Zouaves entièrement rasé par les obus. Les arbres sont coupés à 50 cm du sol. On croirait voir un champ de piquets. A ce moment, une attaque se déclenche. Nous sommes pris sous le feu de l’artillerie entre nos batteries et celles des Boches dont la fusillade part à 80 m de nous. Situation critique. Nous rampons à plat ventre dans les boyaux et la boue. Les balles sifflent sur notre tête, les obus s’écrasent partout autour de nous comme pour nous barrer la retraite. Nous nous réfugions un instant dans le PC du sous-secteur puis reprenons notre fuite. En arrivant au chemin de fer, trouvons boyaux inondés. Obligés de passer à découvert.

8 mai 1915
On commence à donner des permissions aux officiers pour aller voir leur famille. Mais les poilus ? On ne dit rien pour nous. L’égalité est seule devant la mort.

7 août 1915
De retour à l’Espérance, assisté à petit bombardement (8 obus sur Verzenay). Les Boches ont sans doute voulu fêter la prise de Varsovie. Le moral baisse. C’est le cafard !

8 août 1915
Un ordre du Général en chef prescrit qu’à compter d’après-demain, les correspondances devront être remises ouvertes à la Poste. Un officier censeur les vérifiera avant départ. Cette mesure vexante ne fera pas finir la guerre plus tôt car nous nous demandons quels secrets militaires nous pourrions dévoiler ! Que savons-nous en-dehors de notre secteur ?

20 octobre 1915
Matinée calme, temps lourd, brouillard, vent léger. Après-midi, violent bombardement de nos lignes. Nos boyaux de communication sont démolis, surtout le B.O. (...) Canonnade boche. (...) Au bout d’un 1/4 d’heure, une vague de gaz est arrivée. J’ai voulu rejoindre Taissy à 1.500 m mais obligé de traverser la vague et mon tampon étant mal ajusté, ai été fortement intoxiqué. A pu arriver à grand peine à l’infirmerie aux Fougères, ne pouvant plus respirer.
Ecroulé dans un coin, aspergé d’hyposulfite, presque sans vie au point que le Dr Hilly estimait tout secours inutile, ai pu me tirer de là grâce à Mathieu, vaguemestre du 1er bataillon, qui m’a ingurgité une forte dose de lait et de gnôle. Pendant ce temps, notre artillerie faisait merveille.
A 6 h, ai pris un peu de bouillon, mais sans appétit, estomac détraqué par les efforts faits pour vomir. Il me semble avoir le feu dans le corps.

25 mars 1916
Beau temps. En quittant PC3 villa Pierre, vu nos 75 en action. Soir à 10 h et demie, nous déclenchons sur les Boches une attaque avec les gaz. Le génie a un peu souffert d’un retour de vent. Nous : un mort et quelques intoxiqués. Déluge d’artillerie jusqu’à minuit : 200 coups par pièce. Pertes avouées par les Boches : 3.000 hommes hors de combat.

17 mai 1916
Ce soir à 5 h, nos pièces de 380 installées à Germaine près du tunnel tirent pour la 1e fois. Une trentaine de marmites sur le fort de Nogent.

17 avril 1917
Bombardement sans arrêt. Avons fait 10.000 prisonniers alors que nous comptions sur 50.000. La faute en revient aux Russes qui ne faisaient pas de quartier à leurs prisonniers. Les Boches avaient commencé à se rendre par Cies entières. Nos pertes sont lourdes. Le 403e et le 410e ont particulièrement souffert. A certains moments, nos pertes auraient atteint 70 %.

7 janvier 1918
Monté au PC Normandie, bois de la Caillette. Passé à Fleury. Traversé le Bois du Chapitre en longeant le boyau Lahille. Vu en route équipements de toutes sortes : fusils, sabres, gamelles, sacs, bidons, casques, tant boches que français, jonchant le sol. Il y a eu de nombreuses batailles dans ce bois. En partant du ravin Bazil, au commencement du boyau Chapitre, je me suis heurté au crâne et au thorax d’un poilu, sans doute déterré par les grosses pluies.

(avril 1918 : transfert au 153e RI - Nord et Belgique)

25 avril 1918
La nuit dernière, les Anglais ont fléchi dans le secteur d’Ypres. Une de nos divisions a été encerclée. Une partie du T.C. est restée aux Boches. Le Kemmel est perdu. A 11h, alerte, ordre de départ. Nous quittons les fermes de Watou à 14 h 30 pour aller en ligne. En route, rencontré des colonnes de civils qui fuient, surtout des femmes, des enfants, des vieillards. Une femme de 80 ans est poussée sur une brouette. Tout ce monde a revêtu ses meilleures hardes et emporte son mobilier dans une boîte ou un paquet. Spectacle navrant. Les routes de plus sont encombrées et embouteillées par les troupes.

26 avril 1918
Le mont Kemmel est repris par les Anglais. A 13 heures passe un groupe de 120 Boches faits prisonniers par les Anglais. A 18 h 30, c’est un groupe de 300 Boches pris par les Australiens. Tir de barrage toute la nuit.

(mai 1918 - Aisne)

28 mai 1918
A 10 h, ordre nous est donné de nous replier. Les Boches avancent rapidement. Nous reculons un peu en désordre. (...) A ce moment, j’aperçois le Lt Béranger de la 7e Cie, entouré et pris par les Boches, qui sont dans le petit bois avec leurs mitraillettes. Je ne sais comment j’ai pu me défiler en longeant l’allée Joffre. Nous tardons à repasser la Vesle à cause du manque de ponts, ce qui nous oblige à faire un grand trajet, tandis que les Boches nous serrent de près. Traversons chemin de fer et grand-route, puis un fossé où nous nous embourbons jusqu’aux genoux et nous établissons à la lisière du bois vers Ciry à 13 h.
Le régiment est disséminé et disloqué. On nous a fait pas mal de prisonniers. Je ne peux plus marcher tant je suis fatigué. A la gare de Ciry-Salsogne, je prends une mauvaise direction. Les Boches arrivent. Tout brûle. En reculant, nous faisons sauter nos dépôts de munitions et grenades. Feu d’artifice sinistre.

1er juin 1918
A 2 h, ordre de nous replier sur Villers-Hélon. Nous y arrivons sous un effroyable barrage. Le 14e RI qui, dans la nuit, était venu nous remplacer, abandonne nos positions et se débande. Les Boches arrivent dans Villers-Hélon et nous devons nous replier jusqu’à Longpont. Notre colonel installe son PC au bord de la route et prépare aussitôt son plan de contre-attaque. Les hommes en ont assez et que faire avec une division aussi fatiguée que la nôtre ? On nous dit qu’une armée entière va contre-attaquer de La Ferté-Milon. Aurons-nous la relève tant désirée ?
Sur la route, triste défilé des blessés portés sur des brouettes, brancards, à dos, sur voiturettes de mitrailleuses. Les hommes se débarrassent de tout ce qui les charge : équipements et sacs.
A midi, on nous signale, dans le bois de Retz où nous sommes, une patrouille boche. Nous nous mettons en tirailleurs au bord de la route, mais aucune trace de Boches. Ils ont dû faire demi-tour.
Tout l’après-midi, le bois est violemment bombardé. Les arbres nous servent d’abri.

21 juillet 1918
A 1 h, commençons violente préparation d’artillerie et déclenchons l’attaque à 2 h 45. Progressons aussitôt à l’est de 204 et du bois Courteau qui sont enlevés. A 5 h, quittons le PC et arrivons au chemin de fer au nord de Château-Thierry. Le 2e bataillon est entré le premier dans la ville. A 6 h 1/4, nous traversons la ville où nous ramassons quelques Boches. Au centre de la ville, nous délivrons une centaine de civils, vieillards, femmes et enfants, gardés en otage. Plaisir émouvant. On nous regarde passer en pleurant. On sent une immense joie chez ces malheureux.
On trouve devant une maison une foule de colis prêts à être expédiés en Allemagne et renfermant des objets volés dans les maisons. J’hérite d’un quart émaillé.

(septembre 1918 - Transfert secteur St-Mihiel)

15 septembre 1918
Ce matin, suis descendu à Vigneulles faire recensement de la population civile pour son ravitaillement. Il reste actuellement 70 habitants, des femmes pour la plupart puisqu’il y a seulement 8 hommes au dessous de 20 ans. (...) Depuis 4 ans, les Boches régnaient en maîtres dans cette petite cité : bavarois, wurtembourgeois et même hongrois ont tour à tour défilé sur ces hauts de Meuse (...) A 10 h 15, nous apprenons qu’une visite officielle arrive dans le village. C’est le Président Poincaré, accompagné de sa femme, d’un général, d’un colonel et de 2 fonctionnaires. (...) A 13 h, c’est Clémenceau qui monte, accompagné de Renoult et d’une suite de généraux. Ils vont à l’observatoire jouir du panorama sur la Woëvre.

11 novembre 1918
A 4 h 30, quittons Ludres à pied. On nous dit que l’armistice n’est pas encore signé. Nous sommes dépités. Cafard. Arrivons à 7 h à Nancy. A 9 h, enfin, par radio, apprenons enfin officiellement que l’armistice a été signé. Aussitôt, la ville est pavoisée. Cloches à toute volée. Belle journée.

17 novembre 1918
Nous atteignons Cheminot, où nous rencontrons les premiers civils annexés. A midi, nous arrivons à Augny. Le village est en ébullition. Les hommes en grande tenue avec chapeau gibus, le maire avec son écharpe, les femmes et les jeunes filles costumées avec des couleurs très voyantes, à teinte unie. Discours, fanfare du village, vives acclamations.
En entrant dans Metz, à 17 h, beaucoup d’habitants viennent à notre rencontre. Nous logeons dans la caserne des prisonniers sur la St-Privaterstrasse. Nous trouvons de tout dans les étages, en matériel et ustensiles.
Dans la ville, les tramways marchent. Eclairage électrique. Les cocardes tricolores sortent. Les habitants nous disent leur joie de pouvoir parler français, sans être espionnés et sans encourir amende ou prison.

19 novembre 1918
Ce matin, grande revue. Entrée solennelle et officielle des troupes françaises à Metz. Durant le défilé, nous voyons le Général Pétain (maréchal de France depuis ce matin) et une foule de généraux, sauf Mangin, tombé de cheval avant la revue. Vivats enthousiastes.

22 novembre 1918
Matin à 9 h 30, défilé des troupes par général Hellot.
Après-midi, suis allé en ville. A 15 h, musique sur la place du marché. Monômes de Lorraines et de poilus, danses pendant la musique. Suis allé au coiffeur (friseur). Pas d’eau pour se laver. On savonne avec les doigts, on lave avec la pierre d’alun et on essuie au linge. A 20 h, retraite aux flambeaux avec musique et torches. (Justin écrit à sa fille ce jour-là : Souvenir d'Alsace-Lorraine reconquise par le sang des Poilus et un peu par ton papa chéri)

26 janvier 1919
Suis allé au Grand Palais à Paris pour me faire démobiliser. Là, on m’expédie à St-Denis au 1er Zouaves, mais trop tard. Bureaux fermés.

27 janvier 1919
Retourné à St-Denis qui enfin me rend à la vie civile.
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POUDRIERE
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par POUDRIERE »

Merci Majolec de ces extraits.
C'est vivant, alerte, sans bla-bla. Le lecteur a vraiment le sentiment de partager les actions. Une suite ?
Patrick Fournié
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majolec
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par majolec »

Merci Patrick pour votre retour.

Il m'a été difficile de choisir les extraits, car le reste du carnet est de la même veine. J'ai eu un coup de coeur pour ce récit, que j'ai retranscrit et illustré avec des extraits des JMO, des images d'époque, les cartes postales de Justin à sa famille. J'ai fait relier plusieurs exemplaires, que je destine à ses descendants.

Et pour répondre à votre question d'une suite à ces extraits, je dois obtenir leur consentement. Comme on dit chez moi, dans le Nord : "je leur demande et je vous dis quoi" !

Merci Majolec de ces extraits.
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Skellbraz .
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par Skellbraz . »

Bonjour Majolec
:love: Contente de vous lire à nouveau
Bien à vous
Brigitte
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martian
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par martian »

bonjour,

pendant la periode fin 1914 debut 1915 le 118eme RIT en cantonnement a Verzenay et actif sur le secteur allant du fort de la pompelle a la ferme des marquises était commandé par le colonel Nanta . vous trouverez ici ses Décisions : http://vieuxpapiers.canalblog.com/archi ... index.html
ainsi que la correspondance du capitaine Monrozier.

bien a vous
André
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majolec
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par majolec »

Merci, Brigitte, pour ce message d'encouragement.

Et merci, André, pour le lien vers les décisions du colonel Nanta. Voici la composition du 118e RIT au début de la guerre :

Etat-Major :
Commandant le régiment : Lt-Colonel Nanta
Adjoint : Capitaine Monrozier
Détails : Lt Belin
Appro : Lt Valle
Porte-drapeau : Lt Stefani
Médecin : Major Fabre

1er bataillon :
Commandant Martin
1ère Cie : Cpt Gambarelli, Lt Duterne
2e Cie : Cpt Couillaud, Lts Bornusset et Paoletti
3e Cie : Lts Gérin, Pieyre, Ss-Lt Dettori
4e Cie : Cpt Besson, Lt Viguier

2e bataillon :
Commandant Barbezier
5e Cie : Cpt Guiraud, Lts Clap et Rambaud
6e Cie : Cpt Gauthier, Lt Roux
7e Cie : Cpt Jas, Lt Sylvestre
8e Cie : Cpt Cochet-Balmy, Lt Vereize

3e bataillon :
Commandant Gaillard
9e Cie : Cpt de Lavalette, Lts Barcillon et Machy
10e Cie : Lt Eymard, S-Lt Taddei
11e Cie : Cpt Chataignier, Lts Antoine et Court
12 Cie : Cpt Etienne, Lt Vermot
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martian
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par martian »

bonsoir ,
sur le site du chtimiste il existe aussi le carnet du capitaine Gambarelli
http://www.chtimiste.com/carnets/Gamber ... eralli.htm

cordialement
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majolec
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Re: Un "pépère" du 118e RIT passé au 153e RI

Message par majolec »

Bonjour,

Comme promis, j'ai demandé aux descendants de Justin l'autorisation de publier son "carnet de route". La réponse est positive mais il me semble que la configuration de ce forum n'est pas idéale pour cela (trop de texte d'un seul coup, à moins de saucissonner le récit comme un feuilleton...).

Je vais plutôt contacter le site du "Chtimiste", qui a déjà fait partager beaucoup de témoignages de Poilus et voir la faisabilité du projet.

En attendant, voici une photo de Justin (au premier plan), prise le 31 juillet 1915 au fort de la Pompelle.

Merci à tous pour votre intérêt.

Marie-José

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