Le hasard m'a mis en possession d'une grosse liasse de correspondance envoyée à son frère par un Chasseur du 57e BCP, fait prisonnier au tout début de la guerre.
En effet, le Chasseur Charles Goepp, appartenant au 57e Bataillon de Chasseurs à Pied, a été gravement blessé au début de la campagne, probablement dans les Vosges, soigné à l'hôpital de Strasbourg puis envoyé au Fort Hasland d'Ingolstadt en Bavière d'où il envoie sa première lettre par l'intermédiaire de la Suisse le 14 novembre 1914. Il gagne bientôt le camp d'Ingolstadt "Barackenlager Exerzierplatz Baracke Nr VI" où il est toujours fin 1917 avant d'aller à Eichstätt en 1918 "Lager 1e Compagnie Eichstätt".
Dans ses premières lettres, il demande à son frère de ne pas parler de ses blessures à son Épouse et à sa Mère. Ces blessures sont pourtant des plus graves, il les décrit en détail dans une lettre qu'il confie à un soldat évacué vers la Suisse qui la fait passer à son frère:

Les correspondances,d'abord envoyées sur de simples cartes, sont suivies, à partir de mars 1915, par de véritables lettres de ces principaux types:

Carte de correspondance du 20 décembre 1914.

Enveloppe contenant une lettre en date du 19 août 1917.
Les correspondances, écrites d'abord d'un ton neutre et rassurant, glissent lentement vers le désespoir de la durée de "l'exil" et du désintérêt marqué par certaines personnes en France.
Un espoir sans lendemain en 1917: celui d'un internement en Suisse par l'intermédiaire et l'intervention de l'Espagne neutre. La lettre très administrative du "Secrétaire du Roi d'Espagne" sera sans suite concrète:

Enfin, la victoire met fin au calvaire des prisonniers. La première carte de notre Chasseur libéré est écrite à Sarrebourg le 12 décembre 1918 seulement, annonce son retour et résume son sentiment à l'égard de l'Allemagne après 50 mois de captivité:


A suivre, quelques documents et photographies de Charles Goepp.
Cordialement,
Guy François.