Louis Neuville soldat au 26 RIT

Parcours individuels & récits de combattants
marquefou
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Re: Louis Neuville soldat au 26 RIT

Message par marquefou »

Ci dessous l'histoire d'après le témoignage de ma mère (toujours en vie). Je souhaiterais trouver des éléments probants concernant ( PV de gendarmerie, témoignage, tribunal militaire?)

Éléments factuels :
Louis Neuville (mon grand-père paternel), né le 30 Novembre 1877 à Hambers (53) a été mobilisé à 37 ans au 26ème RIT à Mayenne (53), parti aux armées le 12 Août 1914. Sa fiche militaire précise qu'il a été muté au 250 ème RI le 9 Décembre 1915. Il a eu d'autres mutations jusqu'à la fin de la guerre.
Journal de marche du 26 RIT
Il est précisé au début du journal que celui ci « avait été commencé sur un registre ad-hoc qui a disparu à la mairie de Condé (combat de Condé) 24 Août ; il est donc reconstitué sommairement et en partie de mémoire depuis le départ de Mayenne le 12 Août jusqu'au 18 Octobre « . C'est un élément qui tend à prouver qu'il y a du avoir un certain désordre lors de ces journées.
Après un départ de Mayenne par le train, le régiment est arrivé à Valencienne le 23 Août. Il est engagé aussitôt dans les combats de Condé sur Escaut et ses environs. Le régiment se replie sur Beauvais le 28 Août.

Partie témoignage de ma mère :

Cet récit lui a été maintes fois raconté par sa mère et aussi lors des veillées des anciens combattants de la commune d'Hambers.
Mon grand-père Louis Neuville lors des combats de Condé aurait été dépassé par les soldats allemands. Il se serait caché derrière des bottes de paille et aurait été recueilli par des paysans locaux qui l'aurait caché. Ceux ci lui aurait fourni des vêtement civils et ils étaient prêt à le garder. Ensuite, il est rentré chez lui à Hambers dans sa ferme un soir, surprenant bien sur ma grand-mère.
Ne voulant pas être porté déserteur, il se serait présenté à la Gendarmerie (Bais ou Evron?). Et il est reparti pour la suite de la guerre jusqu'à la fin des hostilités.

Autres éléments :
Recherches effectuées aux Archives départementales de la Mayenne sans succès
Sa fiche militaire numérisée ne comporte aucune mention.
Il n'est pas dans l'habitude de la famille de raconter des «légendes»
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b sonneck
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Re: Louis Neuville soldat au 26 RIT

Message par b sonneck »

Bonjour Marquefou,

Comme vous ne signez pas d'un prénom, il faut bien vous appeler par votre pseudonyme...

La "légende" transmise par votre grand-mère maternelle est tout à fait crédible et correspond assez bien au destin du 26e RIT lors des combats d'août 1914, en particulier à ce qui s'est passé le 24 août à Condé-sur-Escaut. Le 26 août, le régiment n'existait plus, les restes de ses compagnies éparpillées façon puzzle, certaines rejoignant Rouen, d'autres, récupérées sur la route et renvoyées à Mayenne. Le chef de corps avait été fait prisonnier le 25 août à Haspres, les trois chefs de bataillons tués ou faits prisonniers ; le colonel commandant la brigade chargée du secteur de Condé fait prisonnier avec son état-major, etc.

Si ce grand-père avait fait l'objet d'une quelconque poursuite, cela aurait été indiqué sur la fiche matricule, qui paraît assez bien renseignée. A mon avis, il n'y a rien à chercher, car il n'y a rien eu, que ce qui vous est parvenu. Vous pouvez tenir pour acquit que les gendarmes de Bais (Hambers fait partie du canton de Bais) on dû le diriger sur le dépôt à Mayenne, d'où il est reparti aux armées.
Le seul renseignement que pourrait vous apporter un éventuel document émanant de la brigade de gendarmerie de Bais serait la date à laquelle il s'y est présenté ; donc la date à laquelle son périple d'évadé de derrière les lignes allemandes a pris fin. J'ignore où se trouvent ces archives, vraisemblablement regroupées avec celles de la compagnie de gendarmerie de la Mayenne : Vincennes ou Le Blanc ?

Cordialement
Bernard
Scolari
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Re: Louis Neuville soldat au 26 RIT

Message par Scolari »

Bonjour à tous, Marquefou, Bernard

Bernard, dans le livre la grande guerre des gendarmes de Louis N. Panel (édition Nouveau monde),
l'auteur cite souvent des Brigades de Gendarmerie de la Mayenne.
voici les références en bas de page que l'auteur indique :
page 27 : repère 3 : Brigade de Bierné, R2, 30 juillet 1914, SHD-DGN 53 E 154
page 31 : repère 1: Compagnie de la Mayenne, R2, 1er août 1914, SHD-DGN 53 E 15
page 55 : repère 5 : Compagnie de la Mayenne, R2, 5 août 1914, SHD-DGN 53 E 82

ainsi S.H.D : Service Historique de la Défense
DGN : Département de la Gendarmerie Nationale

il semblerait qu'en 2006, le SHD-DGN était à Maisons-Alfort au fort de Charenton.
puis en 2007, il déménage : "Une partie des archives de la gendarmerie (de la fin du 19e siècle à 1983), qui se trouvait à Fontainebleau, est en cours de déménagement vers le Fort Neuf à Vincennes"
wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Service_h ... _nationale
les sites "le Blanc" et Fontainebleau sont des sites de dépôts, on consulte les documents à Vincennes.
Cordialement
Frédéric
édition :
d'après cette source : https://web.archive.org/web/20150321182 ... 000271.pdf page 396
il existe ceci :
mayenne - Unités de la compagnie de gendarmerie départementale de la Mayenne (1887-1946) : répertoire numérique détaillé de la sous-série 53 E, par Miguel Beuvier, sous la dir. du sous-lieutenant Sandra Séris, Maisons-Alfort, SHGN, 2002, 35 p.
J'ai croisé cette référence aux AD85, ce document doit exister aussi aux AD 53
il y aurait éventuellement ce texte de 1971 : page 437
FOURNIER (capitaine), « La compagnie de gendarmerie de la Mayenne pendant la guerre de 1914-1918 », GNREI, n° 90, 4e trimestre 1971, pp. 42-46.
https://criminocorpus.org/en/bibliograp ... es/126313/
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Les cadres 5e BILA années 1914 à 1918
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marquefou
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Re: Louis Neuville soldat au 26 RIT

Message par marquefou »

Bonjour,

Merci pour ces réponses. Je me doutais bien bien que la bataille de Condé sur Escaut ait été l'objet d'une grosse pagaille. Néanmoins je trouve assez étonnant que Louis Neuville n'ait pas fait l'objet de poursuite par les autorités militaires. Il y en eu pour moins que ça en 1914.
Mes démarches sur place à Laval aux Archives de la Mayenne n'ont rien trouvé tant sur les archives de la gendarmerie de Bais et d'Evron. J'ai pourtant eu toutes les attentions des archivistes car ils se sont beaucoup intéressés à cette histoire, centenaire de 14-18 oblige. On dirait que que tout ce qui concerne les affaires purement militaires ont été retirées des cartons de 1914. On y trouve les affaires civiles, des rapports des renseignements généraux et quelques démarches concernant des régularisations de situation militaire (avant 08/14).

Cette fois ci, je signe de mon prénom :)
Jean Marie
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b sonneck
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Re: Louis Neuville soldat au 26 RIT

Message par b sonneck »

Bonjour Jean-Marie

Compte tenu de l'état du régiment le 25 août au soir, après les combats de Condé, Haspres et Ramillies, il est certain que nul ne pouvait lui chercher des noises. Le 26e RIT ne s'est pas replié sur Beauvais le 28 août, pour la bonne raison qu'il avait éclaté et n'existait plus. Les débris des deux bataillons qui se trouvaient à Condé et à Valenciennes furent récupérés au Câteau-Cambrésis ; un détachement de 300 hommes fut dirigé le dépôt à Mayenne, le reste sera embarqué le lendemain à Saint-Quentin, transporté à Beauvais, puis à Dieppe.
Le 3e bataillon, qui se trouvait à Ramillies (banlieue nord de Cambrai), va être pulvérisé le 25 août. Une petite partie (150 hommes environ)réussira à s'échapper et à gagner Arras.
Lorsque le "régiment", commandé par un capitaine, quitta Dieppe pour Rouen, il rencontra sur la route le détachement qui avait été dirigé sur Mayenne, et qui était de retour avec 4 officiers et 471 hommes. Les deux détachements fusionnèrent pour reformer le 26e RIT, à l'effectif de 12 officiers et 1021 hommes, commandé par le plus ancien des capitaines ! Un régiment fort d'environ 3300 hommes au départ de Mayenne, le 12 août...

Tout cela n'est qu'une représentation du sort commun à ces divisions territoriales dites "de campagne", prévues initialement pour la défense du camp retranché de Paris et jetées en toute hâte entre Maubeuge et Dunkerque, pour faire barrage à des Allemands qu'on n'avait pas imaginé déborder aussi largement notre aile gauche. Les deux bataillons du 26e RIT qui étaient à Condé et Valenciennes faisaient partie du "barrage avancé" placé à la frontière sans mitrailleuses ni artillerie. Que pouvaient-ils faire ?

Dans ces conditions, il est facile d'imaginer qu'on n'allait pas chercher des poux dans la tête de votre grand-père, qui avait eu la bonne fortune d'échapper au désastre et qui se présentait de lui-même aux autorités.

Si vous repassez par les AD à Laval, demandez à y consulter le fascicule "1914" de l'ouvrage de L'Oribus sur les régiments de la Mayenne dans la Grande Guerre. Un chapitre entier y est consacré au "combat oublié des territoriaux".

Cordialement
Bernard
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