L'actualité du cinéma nous apporte un sujet tout trouvé : la fraternisation franco-anglo-allemande dans les tranchées.
Je tire l'exemple ci-dessous d'une coupure de journal que mon AGP a gardée de "sa campagne 14-18". Désolé pour la longueur de l'article
mais il est très symbolique de cette actualité ; mon AGP chef de bataillon au 142 è RTI a inscrit sur la coupure de l'article :[i]"histoire vécue par moi, j'étais à 200 mètres de là. Le fait est arrivé au 285 ème à côté de nous".[/i]
Article dit ceci :
"Aux environs de La Bassée- Curieuse anecdote sur la guerre de tranchée
...les tranchées ennemies ne sont séparées que par un espace de 25 mètres. Entre elles était étendu le cadavre d'un soldat allemand en décomposition. L'odeur qu'il dégageait incommodant nos hommes, deux d'entre eux s'offrirent pour aller enterrer le corps. A la nuit ils s'approchent en rampant : mais les Boches les saluent avec une fusillade nourrie. Les deux soldats regagnent la tranchée; alors l'un d'eux écrit sur une feuille de papier "Tas de salauds nous enterrons vos morts et vous nous tirez dessus !" Le papier lesté d'une pierre est envoyé dans la tranchée allemande. Par le même procédé, les Allemands répondent qu'ils ne tireront plus et même qu'ils donneront un coup de main."
... quelques Boches s'avancent sans armes. On procède à la funèbre besogne ; ensuite on cause, on échange des cigarettes françaises contre des cigares allemands. Nos hommes profitent de l'occsaion pour distribuer aux ennemis des proclamations en langue allemande relatant l'état exact des opérations militaires en France et en Russie... Des tranchées d'autres hommes étaient sortis, gradés et simples soldats. Un petit rassemblement s'était ainsi formé.
Un téléphoniste français qui était en observation non loin de là, distingue le rassemblement à la lueur des cigarettes. Il donne le signal à une de nos batteries et un obus de 75 tombe à côté du groupe. En un clin d'oeil, chacun se réfugie dans sa tranchée, mais la précipitation a été telle que deux Allemands, un officier et un sous-officier, se trompent et viennent s'abriter dans la tranchée française où, naturellement, ils sont retenus prisonniers. Le plus curieux de l'histoire est que le sous-officier allemand s'offrit à aller engager ses camarades à venir se constituer prisonniers, si l'on consentait à ne pas tirer sur eux. La proposition fut acceptée... au matin il revenait, suivi d'une vingtaine d'hommes las comme lui ..."
Même long (j'ai coupé "..." de courts passages moins factuels) cet article m'a paru intéressant pour le Forum ; ce moment privilégié entre les troupes a dû être assez long pour qu'un tel rassemblement puisse s'improviser à la tombée de la nuit apparemment (plusieurs heures je présume).
si vous avez un avis.Je n'ai pas encore vu "Joyeux Noël" mais rien que la lecture de cette coupure de journal de + de 90 ans me donne envie de voir comment le sujet a été traité à l'écran sur un plan artistique ; car sur un plan véracité historique il y a souvent de grosses négligences visuelles ou anachroniques dans les films 14-18 en général.
A vous lire.
Bien cordialement.
