Je suis muni de la carte N°6
du touring club de France au 1/400 000
maison Andriveau Goujon
3° édition 1912 tirage de 1917.
Selon la légende,
certaines routes sont "macadamisées"
La lecture de cette carte de papier sur toile dépliante (très bien fait et encore dans un excellent état du coup) fait appraître de nombreuses routes repérées en "macadame"
comme toutes les Nationales (3 et 4)mais ausi certaines de nos actuelles départementales.
Faut-il en conclure que le revétement tel que le connait de goudron remonte bien avant la première guerre mondiale?
Merci de bien vouloir m'éclairer sur le sujet
Bien cordialement
BM Thiry
Les routes dites "macadamisées" étaient en fait des routes empierrées par opposition aux routes pavées.
Le procédé avait effectivement été mis au point par l'écossais Mac Adam au début du XIXe siècle et consistait à épandre des pierres de granulométrie décroissante de la profondeur à la superficie ce qui en faisait une méthode de construction de routes assez économique. Le tassement des différentes couches s'effectuait initialement par les véhicules empruntant la route. La méthode a ensuite été complétée par le "cylindrage" effectué au rouleau compresseur, d'abord à traction hippomobile puis à traction à vapeur, permettant de livrer d'emblée une route à l'état d'achèvement.
Les routes ainsi constituées étaient bien roulantes et assez confortables mais sujettes à une détérioration rapide nécessitant un entretien régulier. On retrouve ici la justification de la création des sections automobiles TMR servant au transport des matériaux nécessités par cet entretien, et l'emploi des nombreux territoriaux dont nous avons tous l'image le long de la voie sacrée (ici les camions servaient de rouleaux compresseurs...).
Le goudronnage des routes est apparu vers le milieu du XIXe siècle (bien après la mort de Mac Adam) bientôt remplacé par l'asphalte jugé moins polluant (déjà!...) dont l'usage a d'abord été répandu dans les villes pour suppléer à l'usure trop rapide des routes macadimisées en cas de circulation importante, ou à l'inconfort des routes pavées, plus résistantes mais très bruyantes. L'extension de l'usage des procédés d'asphaltage ne s'est faite que lentement, en raison d'une part de l'inconstance de la qualité des matériaux utilisés aboutissant parfois à des détériorations rapides, et d'autre part à la nécessité de faire appel à une main d'oeuvre qualifiée capable d'étendre le produit à chaud. (Dans les villes, on a vu aussi apparaître des chaussées pavées en bois, bien silencieuses, parfaites par temps sec, mais glissantes par temps humide; on les a même accusées d'accumuler l'humidité et de favoriser la prolifération des moustiques. A Paris, elles n'ont pas résisté aux inondations de 1910...)
Il en résulte qu'à la période de la première guerre mondiale, peu de routes situées hors des villes étaient goudronnées ou asphaltées.
Les indications des cartes routières d'époques établissent surtout la distinction entre routes empierrées (ou macadamisées), bien roulantes mais fragiles et générant beaucoup de poussière par temps sec ou de boue par temps humide, et les routes pavées, plus résistantes mais sur lesquelles la circulation étaient plus lente et génératrice de cahots inconfortables. En outre, par temps humide, les chevaux pouvaient glisser plus facilement (même si ces glissades étaient bloquées par les joints des pavés).
Les Commissions Régulatrice Automobile devaient composer avec les divers états des routes (sans compter la résistance des ouvrages d'art) pour établir les meilleurs itinéraires selon les véhicules et la densité du trafic.
Il y aurait sans doute encore beaucoup à dire sur ce sujet d'apparence anodin mais qui a en fait conditionné beaucoup de décisions...