J'exploite depuis un certain temps un carnet de souvenir du grand-père d'un beau-frère. Son texte est souvent très précis sur des anecdotes de son quotidien, et en particulier début Octobre 17 avant sa participation à l'attaque de Juvincourt de Novembre.
"Le lendemain nous montions deux sections en première ligne, la ligne ennemie n'était qu'à 80 et 150 m de nous, nous arrivions le matin et nous avions choisi quelques petits trous individuels pour s'abriter des éclats. J'étais seul dans le mien et à ma tête il y avait un camarade est un peu plus loin que lui étaient deux caporaux dans le même abri ; un caporal nommé Hériprés (Ndt : Mort pour la France Héripret 7/10/1917) était parti faire le quart aux sentinelles, passait dans la tranchée, et comme j'étais couché dans mon trou individuel il me dépassa et peut-être 3 m plus loin un obus de 105 éclata dans le parados de la tranchée le tuant net car il avait la tête fendue en deux et le camarade qui était au bout de mon trou fut blessé lui aussi à la tête pour la troisième fois depuis la guerre, les deux sergents lui firent un pansement en vitesse il put gagner le poste de secours d'où il fut évacué à l'arrière ; seul sur les trois j'ai été préservé. Dans ce secteur qui était à la droite de Corbény, était très mauvais, il tombait de l'eau tous les jours et même la nuit et nous prenions la garde toute la nuit entière au moins 12h consécutives.
Le surlendemain (Ndt 9/10/1917) de cette terrible catastrophe il s'en produisit une autre ; vers 2h par une nuit noire et qu'il tombait de l'eau à flot et une forte tempête de vent nous ne pouvions tenir en l'air nos fusées éclairantes l'ennemi en profita pour faire un coup de mains , les boches vinrent une douzaine au moins en rampant, et 10 se mirent devant la tranchée avec des petites grenades nommées par nous « œufs de Pâques » et deux des plus audacieux vinrent en rampant et sautèrent sur deux hommes qui étaient sentinelles doubles et ils les emmenèrent ; quelques minutes, peut-être un quart d'heure notre adjudant Taul passa près de nous car j'étais sentinelle double et il nous dit : rien de nouveau ?. Nous lui avons répondu non à part l'eau qui tombe en abondance et il alla plus loin et revint aussitôt, il nous dit « vous n'avez rien vu ni entendu ». Nous lui avons répondu non, il nous dit, il y a Rousse et Valette qui sont partis avec les boches, tenez j'ai un fusil boche dans les mains ; et en effet ils étaient bien partis et aussitôt l'adjudant nous dédoublant en me prenant pour remplacer au poste Rousse et Valette les deux sentinelles qui étaient parties et ordre fut donné de tirer sur tout ce qui semblait remuer devant nous. L'adjudant fit aussitôt son rapport au capitaine et ordonna de faire une patrouille de reconnaissance, aussitôt quelques volontaires dont le capitaine Richard ont pris le commandement, ils trouvèrent 10 tas de petites grenades devant notre tranchée, si les deux sentinelles avaient fait de la résistance les boches nous auraient servi avec leurs grenades."
Hélas , en voulant recouper son texte avec le JMO du 131ième, je me suis aperçu de l'absence de numérisation de deux pages (collées ?) , bien sûr ce sont ces deux pages qui couvrent les journées qui m’intéressent. On retrouve dans le JMO de la 125ième DI , un relevé de pertes qui correspond bien aux faits évoqués.
Le texte d'Auguste donne rarement des dates précises, mais il cite la mort d'un Caporal Heripret qui m'a permis de retrouver sur MPF la date du 7/10.
J'ai signalé sur le site cette absence, mais je n'ai obtenu aucun retour. (J'avais précédemment sur un autre JMO signalé un autre manque. Là j'avais obtenu un retour me disant que mon mail était "remonté" ... mais sans plus d'effet).
Je serais donc à la recherche d'une personne qui pourrait consulter l'original à Vincennes je suppose pour compléter "mon enquête"
Il s'agit du JMO du 131 dont la référence est 26_N_687 /14 . La page 20 s’arrête le 3 Octobre et la page 21 reprend au 15 Octobre...
Ci-dessous l'extrait du JMO de la 125 DI 26_N_427/5
Bien cordialement,
Christian
