Histoire de Jules et Georges Tobot, deux frères soldats

[nancy56]

Bonjour à tous,

J'ai besoin d'aide pour comprendre leur histoire et réhabiliter la mémoire de Jules, grand-père de mon compagnon, qui seul a survécu à l'enfer de cette guerre.
Jules a eu 22 ans en février 1915, mobilisé dans le 73è RI, porté manquant à l'appel du 29 décembre 1914 .
Georges, deux ans plus jeune était au 147 è RI .
Jules a été mis sur la liste des déserteurs à l'intérieur en temps de guerre et radié des contrôles parce qu'arrêté à Epernay en février 1915.
Georges était à ce moment là tout près d'Epernay . Il a été déclaré mort le 22 juin 1915 dans la tranchée de Calonnes, jour de ses 20 ans.
Sur la fiche de Jules, est écrit qu'il fut condamné le 3 juin 1915 à 5 années de travaux publics forcés aux ateliers d'Orléansville.
Il fut déporté au dépôt de Collioure et embarqué ensuite pour l'Algérie.
Réintégré en janvier 1918 dans le 208è RI, blessé à la main droite et au bras gauche et médaillé à plusieurs reprises pour sa bravoure et son courage.
Jules, aujourd'hui décédé, s'est marié et a eu des enfants dont deux filles encore vivantes, mais une vie de misère, lui qui pourtant était un homme bon et courageux.
Lui qui n'a raconté de la guerre qu'une seule chose; " j'ai vu mon frère mourir ". Il est rentré chez lui en 1919 , voûté et silencieux.
J'ai lu des témoignages des horreurs commises sur les pénitentiaires, des sévices auxquels ils étaient soumis et qui glacent le sang.
Qu'avait donc fait Jules, de si grave, pour mériter un tel châtiment ?
Avait-il voulu rejoindre son petit frère pour le protéger ?
A-t-il eu un jugement équitable ?
J'ai essayé d'accéder à la série J des archives du Pas De Calais mais pas moyen.
Quelqu'un pourrait-il m'aiguiller, m'aider ?
Merci à tous

[zephyr joyeux]

Bonsoir Monsieur.Toutes les familles dont un membre a été envoye a Biribi sont marquees par le parcours de leur parent.Mais du parcours vecu au parcours percu,il, y a toujours un ecart qui ne cesse de s accroitre avec la memoire familiale,qui en general, en rajoute une couche a chaque generation....Je pense donc que le mieux serait de commencer par le cote legal et judiciaire;ensuite de retrouver sa fiche;et enfin de la comparer aux autres fiches de ses compagnons d infortune.Cordialement.

[nancy56]

Bonsoir Monsieur.Toutes les familles dont un membre a été envoye a Biribi sont marquees par le parcours de leur parent.Mais du parcours vecu au parcours percu,il, y a toujours un ecart qui ne cesse de s accroitre avec la memoire familiale,qui en general, en rajoute une couche a chaque generation....Je pense donc que le mieux serait de commencer par le cote legal et judiciaire;ensuite de retrouver sa fiche;et enfin de la comparer aux autres fiches de ses compagnons d infortune.Cordialement.

Merci Monsieur, d'une part d'avoir lu mon post, et d'autre part de m'avoir répondu.
Personne de la famille de ces deux frères n'était au courant, mis à part leurs parents qui ont dû être officiellement avertis.
Les enfants de Jules Tobot n'ont jamais rien su, ses deux filles encore vivantes ne savaient rien, et croyaient même que leur oncle mort à la guerre se nommait Louis. Cet homme n'a jamais rien dit.
J'ai entamé des recherches parce que j'adore la généalogie et que côté Tobot , j'avais des difficultés.
J'ai trouvé les fiches de recrutement de Jules et Georges bureau de Saint Omer , registres des classes 1913 et 1914.
Je sais donc que Jules Tobot a été arrêté le 15/02/1915 à Epernay ( tout près de là où se trouvait son frère du 147è RI) , condamné par le conseil de guerre de la 2ème DI une première fois le 27 mars 1915, peine suspendue
Il est passé au 110è RI le 30/03/1915 et a été condamné le 5 juin 1915 toujours par le conseil de guerre de la 2ème DI. Arrivé le 7 juillet 1915 aux ateliers publics d'Orléansville. Réintégré aux armées le 11/02/1918 au 208è RI et bénéficiant d'une remise de peine d'un an par décret présidentiel.
En fait , j'ai lu de nombreux posts de vous et d'autres personnes, parce que celà fait plusieurs mois que je cherche, et je n'étais pas au courant de ces bagnes militaires. On apprend à tout âge, j'avoue que je m'étais jusqu'à présent plus intéressée à la seconde guerre mondiale.
En fait je ne sais pas comment trouver les deux conseils de guerre qui ont condamné cet homme, ou tout au moins les minutes de son jugement.
En tous cas, je vous remercie infiniment de tout ce travail que vous faites, vous et tous les autres au sujet de cette guerre et si je puis vous aider à mon tour ayant actuellement plus de temps, n'hésitez pas, je le ferai volontiers.
Cordialement

[zephyr joyeux]

Bonjour,les archives du fort de l est consultables a Vincennes contiennent les délibérations des conseils de guerre des divisions qui vous intéressent.Cordialement.

[anne]

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Madame,

Je viens de lire avec émotion l'histoire de ces deux frères, et de Jules en particulier, ainsi que votre désir de réhabiliter sa mémoire. Ayant pris connaissance de sa fiche, j'ai remarqué que les condamnations dont il avait fait l'objet ont été barrées. Cela ne voudrait-il pas dire qu'en raison de son attitude remarquable au feu, de la citation dont il a fait l'objet, il aurait été réhabilité "de facto" ? Je pose la question aux spécialistes.

En vous souhaitant de trouver ce que vous recherchez,

Cordialement,

Anne

[zephyr joyeux]

Bonjour.On ne rehabilite pas de facto mais de jure par une decision de cour d appel.Cordialement.

[nancy56]

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Madame,

Je viens de lire avec émotion l'histoire de ces deux frères, et de Jules en particulier, ainsi que votre désir de réhabiliter sa mémoire. Ayant pris connaissance de sa fiche, j'ai remarqué que les condamnations dont il avait fait l'objet ont été barrées. Cela ne voudrait-il pas dire qu'en raison de son attitude remarquable au feu, de la citation dont il a fait l'objet, il aurait été réhabilité "de facto" ? Je pose la question aux spécialistes.

En vous souhaitant de trouver ce que vous recherchez,

Cordialement,

Anne

Bonjour Anne, et merci pour votre soutien,
Sur sa fiche, il est noté qu'il a été médaillé effectivement , par décrêt du 31/12/1937, JO de janvier 1938, et amnistié par l'article 4 de la loi du 25 avril 1925.
Ce jeune homme a pourtant bien effectué une peine réelle de deux ans et 7 mois dans un pénitencier militaire d'Orléansville aux ateliers publics et dont il n'a jamais rien raconté excepté qu'il avait vu son frère mourir à Calonne et son immense chagrin. Et malgré ses médailles et son amnistie, il n'a jamais trouvé de travail lui permettant de gagner décemment sa vie, et la vie dans les petits villages avec son lot de ragots et de médisances n'a pas facilité les choses.
Cet homme était bon pour ses enfants et sa femme, mais voûté et taciturne, brisé.
Je ne l'ai pas connu, j'ai vu des photos de lui, et sa fille, la mère de mon compagnon, parle de lui et elle pleure lorsqu'elle en parle. Je ne lui ai pas dit ce qui est arrivé à son père, simplement qu'elle peut être très très fière de lui car son amour pour son père est immense et qu'elle est âgée.
Je veux simplement que mon compagnon connaisse l'histoire vraie de son grand-père, et la transmette à ses enfants. Car cette famille est empêtrée de non-dits et de secrets avec tout ce que ça implique....

Encore un grand merci Anne,
Cordialement

[nancy56]

Bonjour,les archives du fort de l est consultables a Vincennes contiennent les délibérations des conseils de guerre des divisions qui vous intéressent.Cordialement.

Merci , merci,
Je vais tout faire pour trouver !
Cordialement

[anne]

Bonjour,

Bien bien malheureuse histoire que la sienne et triste mentalité d'après guerre. Et dire que, parfois il y avait, en plus, une certaine forme de jalousie envers ceux qui s'en étaient sortis. Mais pour votre soldat, ce fut pire encore. Tant de souffrances durant et après la guerre. Je le plains de tout coeur et comprends la peine de la famille. Mais elle peut être très fière de lui en effet.

Je vous souhaite une belle réussite dans vos recherches afin que la famille de votre compagnon puisse trouver l'apaisement.

Cordialement,

Anne

[anne]

Bonjour.On ne rehabilite pas de facto mais de jure par une decision de cour d appel.Cordialement.

Bonjour et merci pour cette précision.

Cordialement,

Anne