Craonnelle, tranchée du Blanc Sablon ???

[Leo91]

Bonjour à tous,

Un membre du forum, aurait-il un plan d'époque localisant la tranchée du Blanc sablon qui courait dans le secteur de Craonnelle (Aisne) ?

D'autre part, bien qu'elle n'apparaisse dans les Historiques qu'à partir de l'année 1916 (notamment celui du 40eme Régiment d'Infanterie...), mes recherches attestent que dès septembre 1914 cette tranchée était occupée par le 2eme Régiment de Marche du 2eme Régiment Etranger :
Mon arrière grand oncle y a été blessé le 11 novembre 1914 et une vingtaine de ses camarades d'infortune y ont été tué à l'ennemi (source SGA-Mémoire des Hommes) entre les mois de septembre et décembre 1914, le point d'orgue étant le mois de novembre...

Une autre source mentionne, que le sergent Bouligny du 2eme Régiment de Marche du 2eme Régiment Etranger, fut le premier volontaire Américain blessé dans les rangs de la Légion Etrangère le 14 novembre 1914, lors d'un combat de patrouilles dans le cimetière de Craonnelle...

En dehors de ces quelques bribes d'information, je n'ai pas réussi à en savoir plus concernant ce fait d'arme de la Légion Etrangère, pas plus que je n'ai de renseignement sur le secteur de Craonnelle en 1914

Si certains d'entre vous pouvaient apporter de l'eau à mon moulin, je les remercie d'avance !!!

Amic@lement !!!

Lionel

[garnier jean pierre]

Bonjour
C'est dans ce secteur que le 2e RM/2E RE fait ses premières armes après avoir quitté son frère du 1er Etranger.
Il appartient alors à la 71e brigade de la 36 e division d'infanterie commandé par le gl Bertin. 13E CORPS 5E ARMEE;
Le régiment stationne à Guiry les Chaudardes avant de monter en ligne
(il y reviendra en repos).
Le secteur dévolu à la division est limité à l'est par une ligne Beau-Marais-Asile-Chaudardes-Concevreux, et à l'ouest par la route Ailes-Deilly-Barbanval-Blanzy-les-Fismes qui est reservé aux mouvement de la Division.
La zone est divisée en deux secteur divisée en deux sous secteurs, celui du 2E/2M sétend du front de la lisière ouest du bois de Beau Marais au ruisseau du moulin de Fontoy et à la tranchée 02 incluse.
Pour tenir ce vaste terrain le régiment est renforcé d'un bataillon du 218e RI.
Le Bataillon Etranger C (celui du tonton) quitte Guiry les Chaudardes pour Blanc Sablon pour relever un bataillon du 49e RI. Les Allemands canardent lors de la relève : 2 légionnaires tués et un autre grièvement blessé. Au 1er Novembre le 2e RM/2E RE particulièrement le bataillon C A payé un lourd tribu : 5 tués et 10 blessés.
Alan SEEGER note que combattre est la seule chose possible dans le petit village (Guiry-les Chaudardes) il n'y a rien à acheter pas même un morceau de pain ou une goutte de vin.
Les premières permission n'interviendront pas avant le 1er trimestre 15.
Action sur Craonne sous forme de patrouilles section du sous lieutenant Barazer de Lannurien rejoins par la compagnie Rousseau qui a dejà occupé Craonnelle 48 h.
Du 5 Nov au 1er Dec le regiment compte encore 15 tués et 30 blessés.
Après on passe aux fêtes de Noël, mais ceci est une autre histoire...
Cordialement.

[Leo91]

Cher Jean Pierre,

Je te remercie pour ces informations de tout premier ordre...
Désormais quand j'aurais une question sur la Légion je saurais vers qui me tourner

Amic@lement !!!

Lionel

[Vincent Juillet]

Bonjour,

Je m'intéresse aussi à la carte de ce secteur.

La 35e division dont le 57e RI fait partie a également occupé le secteur du Blanc Sablon, en face du plateau de Vauclerc, avec plusieur retours à Cuiry-lès-Chaudardes, du 18 septembre au 16 octobre 1914, avec de violents combats les 12 et 14 octobre. Mon arrière-grand-père a passé la nuit du 14 au 15 devant les défenses d'une tranchée allemande, au plateau des 4 arbres. Où ce plateau est-il situé ?

Extrait de son journal de guerre :

Nous partons et très contents le matin, à la pointe du jour, nous arrivons à Ecurie les Chatardes (Cuiry-lès-Chaudardes). Nous y restons un jour. Là on a pu manger car quand nous étions devant Pontavert pendant les 5 derniers jours, nous avions par jour et à trois un quart de boule de pain et une boîte de conserve autrement dit une boîte de singe.

De Cuiry-lès-Chaudardes nous sommes allés prendre pendant 24 heures les avants-postes à un moulin à droite du Château du Blanc Sablon. De là nous revenons à Cuiry-lès-Chaudardes. Le premier jour nous avons repos. Le 2ème jour nous avons revue par le Général de Brigade Pierron devant lequel nous avons défilé. Les trois ou quatre jours suivants nous sommes allés faire des tranchées. Tous les soirs nous couchons à Cuiry-lès-Chaudardes où nous sommes tranquilles. De là on monte au Château du Blanc Sablon où le patron du château fut fusillé par les Français. C’était un espion.

Nous restons pendant quelques jours en avant du château. Le jour nous sommes dans les bois, la nuit nous allons soit travailler ou renforcer la première ligne. J’ai vaguement des nouvelles de ma famille car les correspondances ne vont pas vite et on a même pas de papier pour écrire, aussi les jours sont longs. Comme nourriture nous sommes pas mal et nous avons tout le temps possible pour nous préparer ce que nous touchons. Enfin vers le 10 octobre nous sommes relevés. On revient à Cuiry-lès-Chaudardes. Là c’est la bombe, on tue les petits cochons. Notre capitaine trouve rien de trop beau pour nous donner. Il reconnaît que nous avons fait notre possible et cherche à nous récompenser. Il s’appelle Couraud.

Dans la nuit du 11 octobre nous remontons. Le 12 à la pointe du jour nous attaquons le moulin de Vauclerc. Le 1er Bataillon est en tête. Vers 6 heures il bat en retraite et a subi d’énormes pertes. Le 2ème Bataillon continue l’attaque 7ème compagnie en tête. On essaie de sortir des tranchées mais malheureusement ceux qui sont sortis la plupart ne sont pas revenus. Ce jour là Seguin Abel de la Tournerie de Gémozac fut tué à deux mètres de moi. Enfin arrive le soir et comme on ne peut rien faire, on se replie un peu. Le 13 tout le jour nous sommes dans une tranchée où à chaque instant il y a des morts et des blessés, aussi on trouve le temps long. Dans la soirée on nous apporte à manger aussi on ne s’attend qu’à une chose : remonter à l’attaque.

Enfin arrive le 14. Le matin le temps est brumeux. Vers huit heures nous recevons l’ordre de partir à l’arrière. On est content mais on ne va pas loin. Il fait très beau. A dix heures on nous apporte à manger. Rien ne nous manque. Si on a un peu souffert, on est récompensé. On a plus d’un demi litre de vin chacun et presque autant d’eau de vie dont on a conservé une bonne partie car on s’attend à autre chose. En effet on a à peine fini de manger que l’on reçoit l’ordre de remonter les sacs et on part à l’attaque. Le premier bataillon est en tête. Nous revenons dans la tranchée où nous étions le matin mais au bout d’un instant la place n’est pas tenable. Enfin on continue l’approche par les boyaux. A la nuit on est de retour où nous étions le 12. Le génie commence à couper les fils de fer. Une reconnaissance est faite par la 5ème compagnie et d’après les renseignements impossible d’aller plus loin. Les pertes sont élevées aussi on est peu nombreux. La situation n’est pas gaie. On ne sait rien de ce qui se passe. Minuit arrive. On est couché au milieu de la plaine parmi les morts. Par comble la pluie tombe et vu la circonstance on se demande ce que l’on va devenir. J’ai encore un peu d’eau de vie, aussi je la bois en compagnie du camarade Barthélémy qui à ce moment est sergent. Il fut tué en 1915 dans l’Aisne. Le 15 au matin. Il fait jour. Nous recevons l’ordre de revenir à l’arrière. Tout se passe pour le mieux. Le rassemblement a lieu au château de Blanc Sablon où nous passons tout le jour. Jamais depuis longtemps un jour n’avait paru si long et si triste. Nous avons de tout pour pouvoir manger et boire, mais on ne peut oublier l’absence des camarades que l’on ne reverra jamais. Dans l’après-midi, vers une heure, il y a rassemblement au cimetière pour faire les adieux à une vingtaine de camarades qui ont été rapportés là où même ils sont morts suite de leurs blessures. Parmi eux s’en trouve un de Gémozac.

Enfin arrive le soir. On prépare nos sacs car l’on doit partir. Vers minuit l’on se met en route. Nous montons vers les lignes. On nous met dans des abris en réserve, prêts à tout événement. Arrive le 16 toujours rien. Cependant le soir vers neuf heures nous partons. Nous sommes allés cantonner à Cuiry-lès-Chaudardes. Comme il n’y a pas de place, nous couchons dans l’église et pour lumière nous avons le cierge. Il faut bien que ce soit la guerre.

Cordialement

Vincent

[Leo91]

Cher Vincent,

Je te remercie pour ton aimable contribution...

En ce qui concerne le plateau des 4 arbres, je n'en suis pas certain mais j'ai peut-être un élément de réponse

Il y a une dizaine de jours, je me suis rendu sur les hauteurs de Craonnelle, sur la ligne de crête formée par la RD18 (Chemin des Dames donc...), au niveau du monument des Basques...

Depuis ce point, on jouit d'un panorama sur la bourgade de Craonnelle et dans son alignement, du nouveau village de Craonne; nous sommes d'accord que c'est bien dans ce secteur que se trouvait la tranchée du Blanc Sablon ?
Par conséquent le seul plateau remarquable depuis ce panorama est le plateau de Californie dont les premières pentes s'élèvent à l'ouest de ces deux bourgs...

Quant au plateau de Vauclair, il est d'avantage à l'ouest et légèrement en retrait de ce panorama...

Donc pour moi il est possible que le plateau des 4 arbres et le plateau de Californie ne forment qu'un

Maintenant, peut-être que certains me corrigeront car ce n'est qu'une supposition...

Amic@lement !!!

Lionel

[Vincent Juillet]

Bonjour,

Après lecture de l'historique du 57e RI du commandant Couraud (le capitaine dont parle mon arrière-grand-père), l'objectif assigné le 14 octobre est la base des tranchées allemandes en V à 200 m au sud-ouest du moulin du Vauclerc. Donc plus à l'ouest que le plateau de Californie et de Craonelle. Mais le moulin a disparu de la carte au 1/25000 d'aujourd'hui.

Cordialement

Vincent

[Leo91]

Déjà, merci à tous ceux qui ont contribué à ce sujet !!!

ORRIERE Alin===> Sur les différents actes de décès consultés sur la période octobre 1914 - janvier 1915, il s'agit bien de "la tranchée du Blanc Sablon" où plus simplement "au Blanc Sablon"...
Ceci n'enlève rien au fait que votre grand oncle est, lui, combattu dans le même secteur mais dans "la tranchée du Balcon" (dont je n'est cependant jamais entendu parler )...
En fait vous mentionnez la période juin - juillet 1917 soit plus de 2 ans après les évènements évoqués dans le présent sujet...
J'en déduit qu'entre temps, la ligne de front a dû se déplacer en faveur des Français et que ce qui a l'époque était "la tranchée du Blanc Sablon" est devenue une seconde , voir même une troisième ligne qui servi de cantonnement aux différentes unités qui se sont ensuite succédées ?!!!

Encore une fois ce n'est qu'une hyppothèse, si certains ont une réponse plus précise

Amic@lement !!!

Lionel

[LABARBE Bernard]

Bonjour,

La tranchée Balcon était située au pied de la route, du chemin des Dames. Elle servit (entre autres !...) au départ de l'attaque du Plateau des Casemates par le 57ème RI le 5 mai 1917.

[Leo91]

Bonsoir Bernard,

Dans la foulée, aurais-tu un plan, où du moins, la localisation de "la tranchée du Blanc Sablon" dans ce même secteur, tout du moins sur la période octobre 1914 - janvier 1915 ?

Merci beaucoup !!!

Amic@lement !!!

Lionel

[LABARBE Bernard]

Re,
Non désolé je n'ai rien sur "la tranchée du Blanc Sablon", je ne connaissais pas cette tranchée.
Amicalement,