140e RI et 10e BCP

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monique B
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Re: 140e RI et 10e BCP

Message par monique B »

Bonsoir à tous,
Ci-joint la carte IN MEMORIAM des frères Guy et Robert de la FAY, avec photo et citation de chacun.

Guy de la FAY était capitaine au 140e d'Infanterie, MPF le 18 mars 1916 devant Verdun,
Robert de la FAY s/Lt au 10e bataillon de chasseurs à pied, MPF le 25 août 1914 dans les Vosges.
Ils figurent à la page 503 du TABLEAU D HONNEUR.
Cordialement
MoniqueB
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Jean-Do
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Re: 140e RI et 10e BCP

Message par Jean-Do »


Bonjour Monique
Bonjour à tous

Merci pour ce double document qui complète le Tableau d'Honneur
Enfin deux visages au milieu de tous les noms

Bien cordialement

Jean-Dominique
Jean-Dominique
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Eric Mansuy
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Re: 140e RI et 10e BCP

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Bonjour Monique,

En complément, trois courriers de Louis Chevrier de Corcelles, du 133e R.I., cousin de Guy et Robert de la Fay.

Bien cordialement,
Eric Mansuy

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"21 décembre 1914

Ma chère tante,

J’ai appris avec une profonde douleur la mort de votre pauvre Bob. Vous savez à quel point je l’aimais, me plaisais à m’entretenir avec lui, si gentil, si spirituel et si cultivé ! J’admirais tant son dévouement sans bornes à la France et à l’armée, sa fière allure de soldat ! C’était aussi l’ami intime de notre cher Etienne [1]. Unis dans la vie, ils le furent aussi dans la mort, Dieu n’a pas voulu séparer ces jeunes et beaux officiers.
Tout au moins, avez-vous la consolation (vous et mon oncle) d’avoir retrouvé son corps qu’il vous sera possible d’ensevelir après la guerre auprès de ses pères, dans le pays qu’il aimait. Brave Bob ! Il est allé retrouver là-haut son oncle, tombé en 70. Et maintenant, Guy, comme il le dit, va se battre pour trois. Que devient Georges ? Avez-vous de ses nouvelles d’Allemagne ? Il me tarde d’en avoir.
Je vous embrasse tendrement ma chère tante, et vous prie de croire encore ainsi que mon oncle, à l’expression de ma très vive douleur.

Votre neveu respectueux,
Louis

[1] Etienne Cote, capitaine au 146e R.I., tué le 1er septembre 1914 à Einville

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26 avril 1915

Chère Ma,

Avec la permission de mon commandant, j’ai pu aller en bicyclette à Sainte-Barbe dimanche, en traversant le col tant disputé et les forêts encore jonchées d’uniformes, de képis, de cartouchières et toutes parsemées de tombes : je lis sur l’une cette inscription « hier liegen in Frieden zwei Mousquetieren, etc. »
Sainte-Barbe est à peu près totalement ruiné… J’ai tout de suite trouvé la tombe de mon cher Bob, tombe bien soignée et portant l’inscription « Lieutenant de la Fay, 10e bataillon de chasseurs, mort au Champ d’Honneur, 25 août 1914 ». J’ai prié, soyez-en sûr, et dans mes prières, je l’associais à Etienne. Qui m’eut dit, quand nous nous amusions à Chamonix ou en Bugey, que je ne devrais retrouver que ses restes, enterrés sur un lugubre plateau des Vosges ? Mon pauvre Bob ! Croyez que cela a été une course poignante. Que sera donc ma visite au cimetière d’Einville ? Comme j’ai été heureux de votre visite à Etival avec Papa et combien je vous en remercie ; mais les instants de bonheur sont forcément suivis de tristesse et de mélancolie. Tranquilisez-vous pour mes Pâques ; je les ai faites le 4 avril après m’être dûment confessé à un soldat-curé (d’une section d’infirmiers).
Le dimanche des Rameaux, j’ai été à la messe avec les trois quarts du bataillon. Je vais écrire à Claudine pour la remercier des colis si bien faits et si bien composés qu’elle m’a envoyés.

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6 juillet 1915

Mon vieux Guy,

Tu excuseras sans doute la grossièreté de ce papier et ses alignements de croquant. Mais à cette heure je n’ai que cela sous la main. Permets-moi de te féliciter chaleureusement de ta belle attitude au cours de cette affaire d’Hébuterne où t’atteignit cet éclat d’obus, d’ailleurs sans toucher à ton courage et à ton entrain. Mes compliments ne vont pas seulement à toi mais encore à ton rude régiment de Dauphiné dont j’ai vu quelques tombes en avril, à Moyenmoutier. A ce propos, pour la quatrième fois, aurais-tu la bonté de répondre aux deux questions que je vais te poser, la première : quelle a été ta campagne dans les Vosges ? Conte-la moi donc, je verrai peut-être ainsi que nous nous sommes battus presque côte à côte sans nous en apercevoir. Où étais-tu, du 10 septembre au 1er octobre ? Te sont-ils inconnus ces noms sonores et remplis de souvenirs : La Bourgonce, Nompatelize, la Voivre, la Forain, Himbaumont, Clérambois, Ban-de-Sapt, Hurbache, la Petite-Raon, Saint-Rémy, Saint-Stail, Chatas ? Peut-être ce qui suit aidera-t-il ta mémoire. Je veux te raconter en quelques lignes mes 10 mois ½ de campagne. […]

Louis"
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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