Je suis en train de lire et d'éplucher le JMO du 28e RI pour la période septembre 1917-janvier 1918. Le régiment occupe les secteurs se trouvant au sud de Saint-Quentin : Grugies, Gauchy et en cantonnement : Artemps, Grand Séraucourt.
Si quelqu'un a des informations, des plans, des témoignages sur cette période et sur ces secteurs, je suis preneur. Lors de cette période, le 28e RI est en ligne avec plusieurs régiments : 24e RI, 119e RI, 262e RI, 274e RI.
Voici un extrait de l'historique du 24e pour la partie concernée :
La division doit prendre un secteur devant Saint-Quentin.
Commencé le 2 septembre, le mouvement s'effectue par Ercheu, Dury, Ollécy, Saint-Simon, à travers un pays désolé. La relève s'effectue le 4 par une belle nuit calme.
Le secteur, qui s'étend du saillant du bois du Sphinx par le Raulieu jusqu'à la route de Saint-Quentin, a été fort bien organisé depuis le repli du début de l'année. De bons boyaux, de beaux abris, des réseaux abondants ont été construits.
C'est une campagne vallonnée, inculte, coupée de rares buissons que domine la cathédrale de Saint-Quentin.
La vie est facile; des cuisines fixes installées au P.C. de chaque bataillon C.R.A. ou C.R.A. permettent de manger chaud en première ligne.
Peu d'eau. Elle est montée chaque soir avec les vivres et le matériel par les pistes larges et commodes.
Il y a du travail, sans doute : des boyaux, des abris, des puits à creuser dans la craie, mais le secteur est calme.
Le mois de septembre est doux.
Les observatoires surveillent les premières lignes ennemies.
Des minenwerfers répondent à nos tirs de 58. Les mauvais coins sont le Raulieu, le bois du Sphynx, où, le 16 et le 17, l'ennemi tente deux coups de main successifs.
Le colonel Le Beurrier prend le commandement de l'I.D.6.
Relevé le 30 octobre par le 28e R.I., auquel il laisse le 3e bataillon en soutien, le 24e après un repos de huit jours dans les villages détruits de Grand-Séraucourt,. Artemps, reprend sa place. Il fait plus froid et il y a du brouillard le matin.
La nécessité d'avoir des renseignements sur l'ennemi amène le commandement à effectuer des coups de main fréquents.
Méthodiquement préparé, celui de l'aspirant Teyssier réussit parfaitement.
Après des réglages discrets et des destructions opérées par les 58, le 30, à 4 heures, la 2e section de la 2e compagnie pénètre, protégée par un encagement sévère, dans la tranchée adverse et s'empare de sept prisonniers et d'une mitrailleuse. Le régiment a les honneurs du communiqué.
Le 14 et le 15, relève par le 28e R.I.
Des travaux sont exécutés sur la position intermédiaire.
Le 24, des mesures sont prises pour un mouvement en avant éventuel; le régiment a, à la droite du secteur, un bataillon en première ligne et un à la cote 108.
Le 28, l'ennemi, qu'inquiète l'offensive de Cambrai, tente deux coups de main simultanés brillamment repoussés.
Grande activité d'artillerie les jours suivants; le régiment tente un coup de main le 4 décembre à l'est de la route de Saint-Quentin; un autre, le 6 (dirigé par le sous-lieutenant Rocher), à l'ouest de la route, permet la capture d'un prisonnier.
La fin de l'année devait être marquée par un drame terrible.
Des bruits suspects ont, dès le 12, éveille; la vigilance des guetteurs de la 5e compagnie.
Le 13, la nuit est froide, sombre, pas de vent ou très peu. Depuis une heure, des obus à gaz passent au-dessus des lignes.
A 1 h.30, il y a, vers le Pire-Aller, une flamme géante prolongée, par des étoiles qui retombent vers la tranchée. Cela prend quelques secondes.
Quelqu'un crie : " Les gaz! "
Tous ceux qui ne mettent pas le masque dans la zone empoisonnée meurent tout de suite.
Aux petits postes, les occupants sont morts sur leurs fusils.
83 hommes sont atteints. 28 sont tués sur le coup, tous de la 5e compagnie.
C'est la première fois que les Allemands utilisent les " projectors " pour nous envoyer des gaz.
Un coup de main, le 16, échoue par suite d'une tempête de neige et le 24e est relevé dans la nuit.
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ANNÉE 1918
Dès le 27 décembre, par une neige épaisse, le 24e a relevé le 119e dans le sous-secteur Dallon; il barre la vallée marécageuse de la Somme avec un bataillon sur chacune des rives de la Somme.
Il occupe les villages d'Oestres, Gauchy en première ligne, Grugies, Dallon en deuxième ligne, tous les quatre détruits de fond en comble par l'ennemi avant son repli.
Le mode d'occupation s'est modifié avec les enseignements du Chemin-des-Dames; nos premières lignes sont vides d'hommes et pleines de réseaux. Les coups de main se multiplient pour déchiffrer l'énigme d’en face. Le camouflage est plus que jamais à l'ordre du jour.
Dès le 29 décembre, l'ennemi tente un coup de main sur Gauchy, énergiquement repoussé par la 3e compagnie.
Le sous-lieutenant Masson est blessé au cours de l'action.
Le 4 janvier au matin, l’aspirant Séret pénètre hardiment dans la position ennemie aux abords du canal, mais l'ennemi s'enfuit.
Le secteur reste calme en dépit des patrouilles fréquentes.
Ciel gris, gel et dégel. Enfin, le 12, après de laborieuses reconnaissances, la 12e brigade anglaise prend le secteur à son compte.
Le C.A. va se regrouper à Noyon.
Par Quesny, le 24e gagne Salency, où tout le régiment, depuis longtemps épars dans des postes et des missions divers, est enfin réuni.
Il embarque pour Mailly, à partir du 18. Le camp de Sainte-Tanche, où toute l'infanterie de la D.I. se trouve rassemblée, a été; muni d'un théâtre, d'un Foyer du soldat.
Le terrain est favorable aux manœuvres d'envergure et plusieurs thèmes évoquent les attaques de style que mènera l'ennemi dans quelques semaines.
Le temps est froid, les alternatives de gel et de dégel défoncent les routes et, le 25, le départ se fait péniblement à travers les champs.
Je regarde ce soir dans l'historique du 119e ce qu'il y a.
A priori, novembre 1917 fut le mois où l'état major demandait des coups de main aux régiments de la 6e Division d'infanterie (119e, 24e et 28e), ceci pour faire des prisonniers.
A priori, novembre 1917 fut le mois où l'état major demandait des coups de main aux régiments de la 6e Division d'infanterie (119e, 24e et 28e), ceci pour faire des prisonniers.
Idem à la 5e D.I. Très nombreux coups de main exécutés par le 74e lors de la présence dans le secteur, un peu plus au nord de celui occupé par la 6e D.I.
Amicalement,
Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme
Oui, c'est ça. Secteur très calme. De septembre 17 à janvier 18 : 11 tués, 32 blessés, 4 disparus.
Les allemands, en face, exécutèrent également de nombreux coups de main. Les quatres disparus sont justement des soldats capturés lors d'incursions allemandes dans les lignes françaises. Les coups de mains se faisaient la nuit, mais des reconnaissances (en vue de les préparer) étaient parfois organisées de jour...
Amicalement,
Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme
Merci pour l'info. C'est un peu le même chiffre pour le 28e RI. Difficile de dire calme avec une dizaines de tués mais comparés à l'enfer du Chemin des Dames en juillet 1917...
Un bleuet, François Roquet du 28e RI, raconte en 1979 le coup de main du 17 novembre 1917 :
"[…] appartenant à la 11è, je faisais partie de cette section, nous étions 42 ; dans un brouillard intense, nous partons à minuit de nos tranchées de départ pour nous allonger devant la tranchée ennemie.
A trois moins cinq, une mitrailleuse entre en action par tir indirect (trois cents mètres séparent les lignes) ; puis les 75 sifflent au dessus de nous ; au bout d'un instant le tir est allongé, nous sautons dans la tranchée allemande, c'est la bagarre, un boche est descendu la riposte est brutale, à la grenade.
Le sergent qui commande mon groupe est blessé, moi aussi à la cuisse et au bras dans la tranchée ; malgré cela, je charge le sergent sur mon épaule pour le ramener dans nos lignes ; il perd beaucoup de sang. De temps en temps je fais la pose entre les lignes.
Des patrouilles françaises et allemandes sont sorties ; une de ces dernières tombe sur moi et m'enlève, laissant mon blessé par terre, lequel, heureusement, est recueilli par une patrouille française, car le pauvre gars serait mort de ses blessures et il a pu dire au chef qui nous commandait que j'étais blessé et prisonnier.
De fait, par hasard, un camarade de la 11e, Alfred Dumais de Serqueux, aujourd'hui décédé, signalait à ma famille que j'étais blessé et prisonnier.
Je fus dirigé sur un hôpital situé au Cateau dans l'usine Seydoux aménagée pour recevoir les blessés ; pendant quatre mois je reçus les soins que comportait mon état et, en mars 18, j'étais envoyé en Allemagne à Cassel."
Oui, c'était le même genre de distraction un peu plus au nord, au 74e.
Bon, il s'en est sorti François Roquet !
Ci-dessous, le carnet du lieutenant Leplat (11e Cie), qui commandait les grenadiers d'élites du III/74e, et dans lequel il consignait les comptes-rendus de ses coups de main nocturnes. Je n'ai pas encore retranscrit ces notes. Il s'en est également sorti (mais pas son frère, Edmond, affecté à la même compagnie). Il fut aussi fait prisonnier, mais en 40. Il est décédé le 8 novembre 1973.
Amicalement,
Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme
Le terme employé au 74e était grenadiers d'élite, mais il existe certainement plusieurs dénominations pour désigner ces petits groupes constitués au sein de chaque bataillon, et qui avaient comme mission les reconnaissances et les coups de main dans les lignes ennemies.
Amicalement,
Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme