Cette médaille qu’est-ce ?

[rolando]

Bonsoir à toutes et à tous,

J’ai trouvé cette médaille sur la tombe d’un soldat tué en 1915 à Somme-Suippes (Marne). Mes livres ne me permettent pas une détermination.
Je suis d’autant plus perplexe, qu’à côté de celle-ci, la Croix de Guerre est représentée avec la République le visage tourné vers la gauche, alors qu’un original a le visage tourné vers la droite !




Merci de votre aide,
Bien cordialement, Caballero.

[garnier jean pierre]

Bonjour

Cette médaille commémorative peut avoir été attribuée au titre de la campagne du Tonkin, du Dahomey, Soudan , Madagascar.
Fin du 19e siècle.

A rapprocher avec l'âge du défunt et sa fiche matricule pour validation.

Concernant la croix de guerre, probablement une erreur de casting.

Cordialement
JP

[TURPINITE]

Bonjour,
pour la croix de guerre, mauvais moule à l'envers peut-être, quand à cette commémorative, pour corroborer ce que disait Jean Pierre, voici les médailles en question :





Amicalement
Florian

[rolando]

Bonjour Jean-Pierre et Florian, bonjour à tous,
Merci pour les réponses avec images !
Mon homme s'appelle Maurice BIGNON né le 30 mars 1882, décédé le 3 octobre 1915 à Somme-Suippes (Marne). Enterré au cimetière communal de Villechauve (Loir-et-Cher).

Bien cordialement, Caballero.

[Le Crabe-Tambour]

Bonjour,

En effet, il s'agit incontestablement d'une des médailles commémoratives créées dans les décennies 1880-1890 en souvenir des expéditions de Tunisie (1881), de Madagascar (première du nom : 1883-86), du Tonkin de la Chine et de l'Annam (1883-1885), du Soudan français (1892) et du Dahomey (1892). Possédant toutes le même avers, seuls leur ruban et les inscriptions figurant au revers permettaient de les distinguer...

Mais comme le prouvent les dates ci-dessus, notre homme n'a jamais pu prendre part à ces actions, étant donné qu'il avait dix ans lors de la dernière d'entre elles... L'explication la plus probable est sans doute une erreur du marbrier, qui aurait confondu cette médaille commémorative coloniale avec la LA médaille Coloniale (avec un grand "C" ), créée en 1893 pour enrayer la prolifération des médailles commémorant isolément les campagnes coloniales, et attribuée sans discontinuer jusqu'en 1962 pour actions de guerre aux quatre coins de l'Empire...

Bien cordialement,

Laurent.

[Jean RIOTTE]

Bonjour Laurent,
Vous écrivez:"... la Médaille Coloniale, créée en 1893 [...] attribuée sans discontinuer jusqu'en 1962 pour actions de guerre...".
De mémoire, je n'ai pas de doc. en la matière, je crois que la MC pouvait s'obtenir de 2 façons: soit en participant effectivement à une intervention avec actions de guerre, soit en ayant servi 5 ou 6 années, avec distinction, dans des territoires donnant droit au port de la dite médaille.
Dans le premier cas la Médaille était attribuée avec agrafe au nom de la région ou du pays où se passait l'action.
Dans le second cas elle était attribuée sans agrafe.
QUI pourrait confirmer...ou corriger?
Cordialement.
Jean RIOTTE.

[Le Crabe-Tambour]

Bonsoir Jean,

C'est bien cela : outre la participation à des actions de guerre ou encore la simple présence sur un territoire dangereux (dont le nom figure sur une agrafe glissée sur le ruban), il était possible d'obtenir la médaille Coloniale sans agrafe après 6 ans de service distingué dans les colonies pour les officiers ayant au moins 15 ans d'ancienneté et les non-officiers ayant au moins 10 ans d'ancienneté.

Un décret de 1920 est venu préciser quels territoires étaient concernés par cette disposition qui remonte à 1914 : l'Algérie, la Tunisie, les régions sahariennes, ainsi que les colonies et pays de protectorat autres que la Réunion, l’Inde française, Saint-Pierre et Miquelon, les possessions françaises du Pacifique et les Antilles.

Bien cordialement,

Laurent.

[rolando]

Bonsoir et merci à tous,

Je m’étais interrogé sur cette médaille, que je sais maintenant commémorative et coloniale, mais la date de naissance du poilu permet de préciser -semble-t-il- qu’il n’a pu en être titulaire par son année de naissance.
La Croix de Guerre est représentée de manière inexacte : visage de Marianne tourné vers la gauche.
Ces informations inclinent à beaucoup de prudence, et à la nécessité de croiser et vérifier les informations...
Sur le “fichier SGA mémoire des hommes”, ses prénoms sont dans l’ordre : George (sans “s” à la fin), Fernand, Morisse. Canonnier-conducteur au 54 e régiment d’artillerie.
Son monument dans le cimetière de Villechauve (Loir-et-Cher) dont il est natif, n’indique pas qu’il y repose, le seul prénom inscrit est “Maurice”.

Bien cordialement, Caballero.

[TURPINITE]

Bonjour à tous, bonjour Caballero,
oui beaucoups d'interrogations, on peut également mettre en doute la crédibilité de ce sculpteur, qui a l'époque a dû se dire, ils n'y verront que du feu, résultat, gravure de la croix de guerre à l'envers, remplacement de la médaille coloniale par une commémorative, ceci n'est que mon avis, mais cela semble être le résultat d'un personnage peu scrupuleux ou peu informé, à méditer!
Cordialement
Florian

[rolando]

Bonjour Florian, bonjour à tous,

Les morts de la GG, tués, disparus, si nombreux ont constitués une sorte de deuil impossible pour les vivants... En parallèle s’est constitué un très grand marché des entrepreneurs en marbrerie et accessoires pour sépultures. Il semble parfois que rien n’ait été suffisant pour honorer et conserver la mémoire des soldats. Et il y a eu des profiteurs.
Des familles ont probablement consenti d’immenses sacrifices financiers, sans rapport avec leur fortune. Des gens ont cru des mercantis. L’hypothèse d’un coup de pouce à la gloire n’est pas à exclure.

C’est à nous curieux et passionnés de démêler tout çà, presque un siècle plus tard, et c’est difficile.

Bien cordialement, Caballero.