Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

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Maxlie
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par Maxlie »

Bonjour,

Hier je suis allée voir ma grand-mère dont je raffole littéralement des anecdotes de son père, il y en a deux qui m'ont tracassé l'esprit, voici la première, la 2e sera sur un autre post.

Mon arrière grand-père s'est marié en 1916, et sa femme est venue le voir lorsque sa compagnie était "au repos" à l'arrière. Elle a dû y aller plusieurs fois, et la dernière fois elle a eu tellement peur des bombardements qu'à son retour, ils ont dû lui " changer le sang" :pt1cable: (dixit ma grand-mère).

Je suppose que l'on autorisait ses femmes de soldats à venir lorsqu'ils étaient à l'arrière du front, certainement pour qu'ils gardent le moral, mais c'étai loin à l'arrière ? quand même pas là ou se trouver le ravitaillement du front ? De plus, elles devaient avoir une autorisation, un papier qui leur permettait d'aller là ou se trouvait la compagnie ?

Comment cela se passait-il ? :)
"Vous verrez, celle-ci durera aussi longtemps que celle de 14" : mon arrière grand-père à sa femme et sa fille, au moment du départ de sa mobilisation en 1939, il avait 57 ans et avait déjà passé 31 ans dans l'armée !!
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jiibe
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par jiibe »

Je n'ai pas de réponse à vous donner Maxlie mais figurez-vous que bien souvent je me pose cette question à savoir comment se passait la vie 'amoureuse' d'un poilu surtout lorsque celui ci est confronté tous les jours aux horreurs de la guerre.
J'ai particulièrement aimé dans le livre "un regard sur la grande guerre" la qualité des photos de Marcel Felser surtout quand d'un coup il passe des photos du front aux photos de femmes ;)
Ceci dit quand on parle de l'arrière du front il faut bien penser que les femmes étaient non pas dans les zones de combats mais bien dans les villes proches (quelques kilomètres hors de portée des obus ennemis) donc libres de circuler sans papier...
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machault
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par machault »

Bonsoir Maxlie
Beau sujet pour une St Valentin !
La réponse à vos interrogations est largement développée dans le livre de Jean Yves Le Naour " Misères et tourments de la chair pdt la GG" Aubier 2002 ( 405 pages denses).
"Rejoindre son homme aux armées" est une "division" de la 4ème partie allant de la page 360 à la page 371 mais le sujet est abordé antérieurement sur les conditions d'accès à la zone des armées.
Cela allait des épouses légitimes ( c'était plus facile pour les femmes d'officiers que de soldats ) en passant par les maitresses et pour finir par les prostituées professionnelles ou semi ( femmes réfugiées des zones occupées, sans ressources, devant nourrir leurs enfants ). Des laissez-passer pouvait difficilement être obtenus, des ruses ( déguisement en infirmière ) étaient utilisées, des complicités s'instauraient, des "faveurs" s'accordaient... L'accès était tout de même plus facile dans les cantonnements à l'arrière, en période de repos, que plus près du front. La prévoté veillait et tout particulièrement sur les prostituées qui étaient suspectées de pouvoir facilement devenir des espionnes !!! Des sanctions pénales étaient infligées aux contrevenantes ayant pénétré en fraude ds un secteur pour lequel elle n'avaient pas d'autorisation.
Le contrôle de l'Armée sur l'accès des femmes à la zone des armées allait de la tolérance à la complicité et jusqu'à l'organisation officielle des bordels ( une circulaire du Général Mordacq du 13 mars 1918 - le débat a tout de même duré presque quatre ans avant d'être tranché - donne le droit à l'armée d'organiser des maisons de tolérance ) mais ce ne fut pas réellement le cas, l'hypocrisie en la matière prévalant largement ( connivence avec les proxénètes patron(ne)s de bordel).
Le livre est passionnant et il décrit une grande variété de situations que je ne peux rendre en quelques lignes.
Alors bonne lecture.
Cordialement
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Maxlie
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par Maxlie »

Super merci, je vais essayer de me le dénicher illico presto

Encore merci :D
"Vous verrez, celle-ci durera aussi longtemps que celle de 14" : mon arrière grand-père à sa femme et sa fille, au moment du départ de sa mobilisation en 1939, il avait 57 ans et avait déjà passé 31 ans dans l'armée !!
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Annie
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par Annie »

Bonsoir à tous, bonsoir Maxlie,

Suite à une visite de Colette à son mari, Henri Jouvenel en février 1915 à Verdun, voici ce qu'écrit Louis Pergaud à sa femme le 24 février 1915 :
"Le Gouverneur a donné les ordres les plus sévères pour que ni officiers, ni soldats ne puissent recevoir leur femme. Colette, qui était venue voir son mari [...], officier d'ordonnance du gouverneur, a été expulsée et il s'en est fallu de peu qu'elle ne fût reconduite à la gare entre deux gendarmes."

Cordialement
Annie
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stcypre
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par stcypre »

Bonjour à toutes et tous,

Un autre livre récent traite de ce sujet: Des tranchées à l'alcove, editions Imago 2006. Il s'agit de la correspondance amoureuse du soldat Constant et de Gabrielle son épouse, révélée par la petite nièce de Constant. Dans ce courrier il est naturellement question de ces rendez vous (souvent utopistes) et quelquefois réussis.
Il faut savoir que ces relations étaient pour la plupart interdites, car les femmes pouvaient être soupçonnées d' espionnage.
Certaines armées pouvaient disposer de ce que l'on appelle BDC (bordel de campagne) officialisé par l'armée, les prostituées bien rémunérées ne s'amusaient pas à l'espionnage car elles ne voulaient pas perdre cet avantage très rémunérateur.
Maxlie, si ce livre vous interesse je peux vous le prêter.
A votre disposition. Jean Claude.
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
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Maxlie
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par Maxlie »

Je vous remercie de l'intention et reviendrais éventuellement vers vous dès que j'aurai fini les 2 livres que j'ai actuellement sous la main, merci :love:
"Vous verrez, celle-ci durera aussi longtemps que celle de 14" : mon arrière grand-père à sa femme et sa fille, au moment du départ de sa mobilisation en 1939, il avait 57 ans et avait déjà passé 31 ans dans l'armée !!
Vincent000
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par Vincent000 »

Bonjour,
Voir aussi dans La Main Coupée de Cendrars
Cordialement,
Vincent
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Jean RIOTTE
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par Jean RIOTTE »

Bonsoir à toutes et à tous,
Dans le livre dirigé par Evelyne Morin-Rotureau intitulé: 1914-1918: combats de femmes, Les femmes, pilier de l'effort de guerre, aux Editions Autrement, une intervention de Jean-Yves Le Naour traite de ce problème (Epouses, marraines, et prostituées: le repos du guerrier, entre service social et condamnation morale.)
Cordialement.
Jean RIOTTE.
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louis cazaubon
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Re: Les femmes qui venait voir leurs hommes au front

Message par louis cazaubon »

Bonsoir à tous et à toutes,

1) je vous signale un livre qui aborde ces sujets de manière sobre, au même titre que d'autres (l'information du soldat, la correspondance, les relations avec la hiérarchie, la peur, le courage, l'alcool, la folie, la foi, ...), tous liés à la condition humaine pendant la 1 GM. J'ai bien aimé, et je m'y replonge régulièrement.

Il s'agit de la "Guerre Censurée", de Frédéric ROUSSEAU (Seuil).

2) Pour revenir à la question première de Maxlie: dans une de ses lettres à ses parents, écrite à Liencourt, le 26 juillet 1915, mon grand oncle, capitaine au 90ème RI, raconte:

"Le 3 juillet, nous passions en réserve de la 10ème Armée aux environs de St Pol (Fruges). Sachant que nous étions pour les 15 jours au repos dans la 3ème zone des armées, je télégraphiais à Angèle [sa femme] de venir [de Chateauroux, ville de garnison]. Elle réussit [pour une femme d'officier, c'était donc difficile, mais pas impossible], et dans une superbe villa où deux bons vieux me soignaient[Il avait été enseveli par un gros noir, du côté d'Acq, au cours des combats des 1er et 2 juillet], j'ai pu passer 8 jours avec Angèle."

St Pol se trouvait à environ une trentaine de kms du front, et Fruges, une bonne quarantaine.

Je ne sais pas, en revanche, ce qu'était la 3ème zone des Armées, ni ce que cela comportait comme contrôle des accès pour les civils.

Bien amicalement,


Louis


"Et ils auront peur dans toute leur chair. Ils auront peur, c'est certain, c'est fatal; mais ayant peur, ils resteront." (Maurice Genevoix, Ceux de 14)
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